[L'industrie c'est fou] Cette start-up transforme le CO2... en diamants
Fondée en 2018, la start-up américaine Aether fabrique des diamants à partir de CO2 capté dans l'air. Un procédé novateur et durable qui lui a permis de décrocher la certification B-Corp et de lever 18 millions de dollars pour accélérer son développement.
Eternels, ces joyaux ne connaissent pas la crise. Les ventes de diamants bruts ont explosé de 66% en 2021 et la valeur du marché des bijoux sublimant ces pierres précieuses a atteint 84 milliards de dollars (76,5 milliards d'euros). Cette progression fulgurante pourrait cependant être enrayée par la guerre en Ukraine, car le premier producteur mondial de ce minerai n'est autre que la Russie, sous le coup de lourdes sanctions économiques.
Les tensions d'approvisionnement futures pourraient bénéficier aux diamants de synthèse, qui n'ont représenté que 6 des 117 millions de carats produits l'année dernière. Aether croit dur comme fer dans l'essor du secteur, et entend se démarquer grâce à ses gemmes aussi éthiques qu'écologiques. Contrairement à la plupart des entreprises spécialisées dans le synthétique, la start-up américaine n'a recours à aucune substance pétrochimique pour fabriquer ses diamants. Fondée en 2018, elle s'est fait connaître en mettant au point un processus complètement novateur, par lequel elle transforme le CO2 en diamants.
20 tonnes de CO2 captées par carat
Pour obtenir sa matière première, l'entreprise se fournit auprès de Climeworks, le constructeur suisse qui vient d'inaugurer en Islande sa première usine de captage de carbone directement dans l’air. Le CO2 est ensuite converti en méthane, puis injecté dans des réacteurs qui appliquent la méthode du dépôt chimique en phase vapeur, utilisée pour produire des matériaux solides de haute performance et de grande pureté. Ce process nécessite d'importantes quantités d'énergie pour faire chauffer des gaz dans des conditions proches de celles du vide, mais Aether indique avoir pris en compte cet aspect, en optant pour des usines alimentées uniquement à l'énergie solaire ou au nucléaire. « Cultivés » en quelques semaines, les diamants bruts sont envoyés en Inde pour être taillés et polis, puis renvoyés à New York, prêts à être vendus.
Grâce à ce dispositif, l'entreprise affirme économiser 480 litres d'eau et capter environ 20 tonnes de CO2 pour chaque carat produit, ce qui correspond globalement au bilan carbone annuel de deux Français. En comparaison, les diamants naturels génèrent, selon Aether, 65 kilos d'émissions de gaz à effet de serre par carat et nécessitent deux fois plus d'énergie. Ces résultats prometteurs lui ont permis de devenir en février le premier fabricant de diamants de la planète à décrocher la certification B-Corp, octroyée aux sociétés les plus exemplaires en termes de normes sociales et environnementales. De quoi attiser les convoitises des investisseurs, qui ont mis 18 millions de dollars sur la table début mars afin d'accélérer son développement et de l'aider à dessiner les contours d'un luxe plus durable.
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