L'Île-de-France se veut capitale européenne de l’intelligence artificielle
En présence des représentants d’entreprises ayant une activité dans le secteur de l'intelligence artificielle (IA), comme Thales, Atos, ou encore Qwant, ainsi que d’organismes de recherche tel que l’Inria, la région île de France vient de présenter son ambitieux « Plan IA 2021 », avant de couronner les lauréats de son premier challenge international « AI Paris Région 2018 ».
Si l’Île-de-France regroupe 40% des startups tricolores et 30% de la richesse économique du pays, le besoin d'agrandir les entreprises moyennes et de taille intermédiaire et de les soutenir afin de les doter d'un véritable potentiel d'exportation est bien réel. L'intelligence artificielle serait la solution. A travers son "Plan IA 2021", qui consiste à mettre en place 15 mesures pour démocratiser l'intelligence artificielle, la région Ile-de-France lance un "pack intelligence artificielle" destiné aux entreprises. « C’est un parcours exhaustif et personnalisé d’accompagnement des PME et des ETI, explique Valérie Pécresse. Le pack IA consistera en un kit de conseil personnalisé dans lequel l’IA est expliquée et débroussaillée. L’objectif consiste à aller jusqu’au soutien de la mise en production pérenne de la solution IA. Nous comptons ainsi aider 100 entreprises par an, qui accroîtront très rapidement leur productivité grâce à l’IA ».
De plus, la région va mettre en place des plateformes - en collaboration avec des partenaires comme la SNCF - où la puissance de l'IA sera sollicitée en vue de mutualiser les données industrielles. Une base de données rassemblant différentes informations, comme la consommation gazière dans les bâtiments ou les inondations, pourra être utilisée par les entreprises. En ce sens également, la région compte accélérer ses échanges internationaux au travers de coopérations avec le Québec, la Bavière, la Corée du Sud, mais également la technopole de Pékin, en Chine. La pédagogie est privilégiée : un projet inédit qui débutera en 2019, co-piloté par l’Éducation nationale, vise à créer le premier lycée d'intelligence artificielle de France qui formera près de 200 étudiants par promotion. Il aura pour vocation de les sensibiliser aux métiers du secteur et à ses enjeux dès la classe de seconde.
L’IA française est encore lente
Pourquoi vouloir ainsi stimuler le développement de l’IA ? La France n’est pas encore au bon niveau en terme de puissance de calcul, estime Bertrand Braunschweig, directeur du centre de recherche Inria de Saclay et l’un des pilotes du plan IA 2021 : « Il y a deux grands types d’intelligence artificielle. D’abord, les modèles de connaissance faits à la main, traditionnels, et qui n’ont pas une grande puissance de calcul. Ensuite, le modèle actuel qui est en train de gagner du terrain – sans pouvoir, à mon avis, se passer du modèle précédent – et utilise énormément de données et donc une grande puissance de calcul pour initier l’apprentissage à partir de ces données. Comme par exemple le dernier modèle de traitement de la parole de Google, qui emploie 8,7 milliards de paramètres optimisés. En France nous ne disposons pas de tels opérateurs ». Et même si des systèmes sont en cours de développement dans l’Hexagone, poursuit l’ingénieur, ils sont à destination des chercheurs et non des entreprises.
Les vainqueurs de l’ « AI Paris Région 2018 »
Travaillant sur des thématiques distinctes, quatre lauréats, dont les trois premiers sont basés en France, ont été récompensés de 1,350 millions d’euros qui seront investis à leurs capitaux : c’est Therapanacea, spécialisé en cancérologie, qui a raflé le premier prix (700 000 euros) avec sa nouvelle génération de logiciels dont l’intelligence artificielle facilite le déroulement de la radio-oncologie. En seconde position vient LightOn (350 000 euros), développeur de hardware pour l'IA à moindre consommation énergétique grâce à des co-processeurs optiques qui permettent un traitement algorithmique plus rapide de grandes masses de données. Un troisième gagnant et un quatrième (« Coup de cœur »), PandaGuide et Smartify (à Londres et Amsterdam), ont reçu 150 000 euros chacun pour avoir, respectivement, mis au point un casque-guide de réalité augmentée pour personnes malvoyantes et un guide d’art virtuel capable de reconnaitre les œuvres d’art.
Intissar El Hajj Mohamed