L’automobile européenne bientôt fixée sur les menaces de taxes américaines
Le rapport du département du Commerce américain sur les importations automobiles doit être remis ce week-end à Donald Trump. S’il conclut à une menace pour la sécurité nationale, il pourrait aboutir à des droits de douanes de 25 % sur l’automobile européenne.
Les exportations automobiles vers les Etats-Unis seront-elles bientôt taxées à 25 % ? C’est une menace supplémentaire qui plane sur les constructeurs européens, déjà embarrassés sur un autre front par le Brexit. Ils vont être bientôt fixés. Le département du commerce américain doit rendre ce week-end son rapport sur les importations de véhicules sur le sol américain.
L’enquête avait été ouverte en mai dernier sur la "section 232" qui autorise la Maison Blanche à prendre des mesures de protection si la sécurité nationale est en jeu, sans avoir à demander l’aval du Congrès. La procédure avait déjà été utilisée au printemps dernier pour justifier la mise en place des taxes sur l’aluminium et l’acier. Les Européens en avaient été temporairement exonérés avant d’être soumis au même régime que la Chine en juin 2018.
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Les importations automobiles sont passées de 41 % à 48 % du marché total de véhicules légers depuis 2010. Mais l’essentiel provient du Mexique et du Canada, avec lesquels les Etats-Unis viennent de renégocier leur accord de libre-échange. Donald Trump a pointé à plusieurs reprises que l’Union européenne taxe les importations automobiles à 10 %, tandis que les voitures européennes peuvent entrer sur le marché américain avec des droits de douanes de 2,5 % seulement.
Le rapport du département du commerce ne présage pas à lui seul de la suite. Même celui-ci conclut à un besoin de protection, la décision est dans le camp de Donald Trump. Le président américain a trois mois pour mettre sa menace à exécution de taxer à 25 % l’ensemble des importations automobiles vers les Etats-Unis.
Discussions peu avancées
Ira-t-il jusqu'au bout ? En juillet, au pic des tensions commerciales entre Bruxelles et Washington, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et Donald Trump avaient enterré la hache de guerre, en trouvant un accord surprise. Les Européens ont accepté d’ouvrir des négociations pour supprimer les droits de douanes dans le secteur industriel et se sont engagés à gonfler leurs achats de soja américain. En contrepartie, l’automobile européenne aurait été épargnée par de possibles droits de douanes.
Depuis, les discussions ont fait du surplace, en partie à cause de l’agenda américain, paralysé par les élections des mid-terms. Début janvier, la commissaire européenne Cecilia Malmström et son homologue Robert Lighthizer se sont retrouvés à Washington pour un premier échange. Mais pour les Européens, "si le rapport du département du commerce menace l’automobile européenne, la base de négociation sera différente", estime-t-on à Bruxelles. Une liste de produits pouvant être ciblés en rétorsion par des taxes européennes a déjà été établie à l’été par les services de la Commission. Bruxelles assure être prêt à la ressortir.
Divergences américaines
Aux Etats-Unis, l’instauration de droits de douane ne fait pas l’unanimité. L’association des fabricants automobiles américains s’est inquiétée que "les droits de douanes pénalisent nos consommateurs". En juillet, 149 parlementaires américains avaient réclamé la suspension de l’enquête du département du Commerce. Les syndicats de salariés du secteur y sont en revanche favorables et espèrent relocaliser l’emploi sur le sol américain.
En difficulté sur la scène intérieure, Donald Trump pourrait opter pour un bras de fer avec les Européens, afin d’obtenir de nouvelles concessions. Les prochaines semaines devraient être décisives dans la guerre commerciale. Car les Américains ont ouvert un autre front, en Chine. Les négociations se poursuivent pour trouver un accord au 1er mars, un délai qui pourrait être prolongé de quelques semaines.
En cas d’échec, des taxes de 25 % s’appliqueraient à toutes les importations chinoises. Qu’un accord soit trouvé avec la Chine et l’Europe et la guerre commerciale resterait gérable pour les entreprises. Que la Maison Blanche choisisse la stratégie de la tension dans les deux cas, et les conséquences économiques se feraient sérieusement sentir.
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