[L'appel d'une députée] L’impression 3D ne doit pas rester un bien de niche

En près de 40 ans, l’impression 3D, aussi appelée fabrication additive, a été largement adoptée par nos chercheurs académiques, nos centres de recherche et développement, constate la député du Lot Huguette Tiegna mais trop peu dans nos usines, et services publics selon elle. Elle regrette aussi qu'elle ne soit qu’un bruit de fond dans les couloirs des stratèges de l'État et appelle avec un collectif de signataires à en déployer l'usage.

 

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[L'appel d'une députée] L’impression 3D ne doit pas rester un bien de niche
Huguette Tiegna, députée de la 2e circonscription du Lot est aussi ingénieure de formation.

La fabrication additive est une construction par addition de couches successives de matière pilotée par un ordinateur. Chaque semaine, des innovations voient le jour, de la recherche et développement à l’industrialisation de produits à haute valeur ajoutée, et divers secteurs industriels s’emparent de ces technologies futuristes. Les commissions normatives internationales qui en établissent les standards ont fait le choix d’harmoniser leurs travaux pour mieux encadrer ce marché mondial naissant.

Qu’en est-il en France ?

Les revenus liés à l’impression 3D placent la France en 4ème position mondiale, or elle n’est que 7ème en termes d’équipement. Sur le plan national, si les choses bougent avec un soutien politique appuyé aux startups et le développement de technologies de rupture, l’impression 3D ne bénéficie pas d’un fléchage à part entière par les pouvoirs publics. Par conséquent, elle fait rarement l’objet de projets R&D ou d’investissement de la part des PME (3,8% contre 60% pour les machines à commandes numériques selon l’Agence de service et de paiement pour le dispositif 2020). La montée en gamme, soutenue par les dispositifs du plan France Relance, préfigure un simple rattrapage technologique pour s’aligner sur les compétiteurs industriels européens en automatisation et digitalisation. Or iI ne s’agit pas seulement de rester dans la course, mais d’en prendre la tête en développant de nouveaux atouts concurrentiels.

Comment et où se déploie l’impression 3D ?

L’essor de l’impression 3D repose sur le collectif et la pédagogie. Car il s’agit souvent, au-delà d’implémenter une nouvelle machine, d’un vrai changement culturel et organisationnel. Le lancement de la filière Solutions Industrielles du Futur labellisée le 9 avril 2021 par le Premier ministre ou encore l’union de Symop et France Additive pour développer un programme commun autour de l’impression 3D témoignent de l’engouement qui existe. L’écosystème, élargi aux centres de recherche et d’enseignement, poursuit d’ailleurs sa structuration. D’aucuns appellent même à étendre les actions au-delà du champ industriel en créant un institut français de l’impression 3D, pour s’inscrire dans de nouveaux domaines, des services publics de santé aux filières de recyclage en passant par la défense.

De nouveaux usages qui questionnent nos habitudes, nos modèles, nos réglementations

L’impression 3D rend possible la fabrication et la réparation d’équipements, à la demande, et au plus près du lieu d’usage tout en limitant la matière première au juste nécessaire. Elle ouvre de nouvelles possibilités de valorisation des ressources naturelles locales et des filières de recyclage. Les enjeux sont multiples : propriété intellectuelle et industrielle, sécurité et traçabilité des données numériques, écologie. Le législateur a bien pris en compte les bouleversements liés au virage numérique de notre économie.

La récente loi AGEC anti-gaspillage pour une économie circulaire introduit, avec l’amendement CD1308, le principe d’une mise à disposition par les fabricants des plans de fabrication de pièces détachées pour l’impression 3D, dès lors que c’est techniquement faisable. La digitalisation des inventaires de pièces détachées et de rechange et leur libre accès pour l’impression 3D devient donc déterminante. Elle fait l’objet d’un nouvel amendement n°4965 déposé dans le cadre du projet de loi climat et résilience.

Développer l’impression 3D ne nécessite pas de lourds investissements structurels en soi mais une politique volontariste. Osons décloisonner l’impression 3D et faire de cette niche une chance pour notre pays.

Par Huguette Tiegna. Députée de la 2e circonscription du Lot, diplômée de l’École des mines, de l'industrie et de la géologie (EMIG) du Niger et d'un doctorat de l'université du Havre (conception et innovation dans le domaine de l’éolien).

Cosignataires: Huguette Tiegna, Stéphanie Kerbarh, Olivier Damaisin, Pascale Boyer, Jean-Michel Mis, Laurent Garcia, Sira Sylla, Valéria Faure-Muntian, Jacqueline Dubois, Jean-Marc Zulesi, Caroline Janvier, Aude Bono-Vandorme, Mansour Kamardine, Corinne Vignon, Philippe Chalumeau, Moetai Brotherson, Nadia Essayan, Philippe Latombe, Bruno Questel, Pierre-Alain Raphan, Frédérique Dumas, François Jolivet, Frédéric Barbier, David Corceiro, Souad Zitouni, Maud Petit, Anne-Laurence Petel

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