Kem One à une audience de la reprise
Théoriquement, Kem One est sauvé. Le fonds OpenGate Capital et Alain de Krassny ont confirmé leurs offres, le 12 décembre, devant le Tribunal de Commerce de Lyon, lesquelles sont désormais définitives.
Toutefois, le Tribunal a reporté sa décision d'une petite semaine, en l'occurrence au 18 décembre, pour statuer définitivement et choisir un repreneur. La possibilité de rejeter les deux offres existe aussi, mais semble peu probable tant les acteurs du dossier se sont battus pour arriver jusque-là, avec le soutien des pouvoirs publics, et tant le Tribunal n'a pas hésité jusqu'à présent à reporter plusieurs fois ses décisions pour permettre d'améliorer les solutions. Ce report a été accordé pour la finalisation par écrit des accords entre les créanciers de Kem One SAS, la partie amont en redressement judiciaire, et les potentiels repreneurs, ainsi que pour la présentation des deux offres définitives en Comité central d'entreprise (CCE). Celle-ci aurait dû être faite en début de semaine dernière, mais elle avait été reportée suite à la fronde des syndicats quand l'administrateur judiciaire avait annoncé que les conditions suspensives n'étaient pas encore toutes levées. Tous les sites de Kem One SAS ont, en réaction, été bloqués mercredi et jeudi derniers. Le 12 décembre toutefois, l'ensemble des conditions suspensives, comme l'apurement des dettes, a été levé, et au cours de l'audience, la cession pour 1 € de Kem One Innovative Vinyls (activités aval) par le groupe Klesch au futur repreneur a bien été confirmée.
« Tous les feux semblent au vert »
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Base 100 en 2015
Aujourd'hui donc, tous les feux semblent au vert pour une reprise effective et rapide de Kem One. Reste à savoir par qui ? Les deux offres prévoient potentiellement 96 suppressions de postes, dont 48 CDI, les autres étant en CDD ou vacants. En cas de coupes, Arkema, l'ancienne maison mère, s'est engagé à proposer des solutions de reclassement en son sein. Du côté du ministère du Redressement productif, il a été affirmé que les deux offres comportaient une « proposition d'accompagnement financier de l'État », sans plus de précision.
Le volet financier des deux offres inquiète toutefois les partenaires sociaux. L'apport en fonds propres des deux repreneurs (5 M€ par Alain de Krassny et 20 M€ par OpenGate Capital, de source syndicale), est jugé très faible. D'autres points ne rassurent pas les syndicats, comme l'âge et le possible manque de capacités financières d'Alain de Krassny. Ou comme le fait qu'OpenGate Capital soit un fonds d'investissements, et qu'il ait précisé en CCE qu'il projetait de céder Kem One à un horizon maximum de sept ans. Mais les deux dossiers ont des points forts aux yeux des partenaires sociaux. D'un côté, l'expérience industrielle d'Alain de Krassny, notamment dans la chimie et la chlorochimie, en fait un candidat idéal. De l'autre, la capacité d'OpenGate à lever des fonds, et la présence dans son portefeuille de Profialis, ex-profilés PVC de Tessenderlo, qui laisse imaginer une certaine intégration pour Kem One, sont des éléments qui séduisent les salariés.
En attendant la prochaine audience, les syndicats ressentent toutefois une certaine amertume suite au retrait début décembre de Phoenix, le projet de reprise porté par la CGT. Malgré le soutien de plusieurs personnalités politiques d'envergure et des salariés, Phoenix n'a pu se concrétiser, l'ensemble des partenaires publics et privés qui étaient sollicités n'ayant pas tous répondu positivement. La CGT a d'ailleurs déploré le fait que Jean-Marc Ayrault, ne soit pas intervenu dans ce dossier, persuadée que le Premier ministre aurait pu permettre de débloquer les derniers obstacles.