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Contrairement à ce qu’on pouvait croire, le Covid-19 n’a pas tué le bureau en généralisant le travail à distance. Mais il va l’obliger à se réinventer.
Alors qu’on lui remettait les clés du nouveau siège social d’Orange à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) à la mi-mars, Stéphane Richard, le PDG du groupe, a été formel : « Nous devrons faire en sorte que le salarié se sente mieux ici qu’à la maison. » Et de faire la liste des caractéristiques de ce bâtiment qui devrait accueillir près de 3 000 personnes au début de l’été : confort acoustique et thermique, espaces flexibles, nature, impression de « dedans dehors » et 5G dans tous les bureaux.
Pendant le confinement, les salariés ont pris de nouvelles habitudes et, surtout, ils ont pu comparer. Retrouver le chemin du siège ne sera pas toujours une partie de plaisir. Les directions générales « ne pourront pas l’ignorer et devront proposer un espace qui soit perçu comme supérieur à celui des salariés qui travaillent à distance », prévient Philippe Paré, un architecte de l’agence Gensler.
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base 100 en décembre 2008
L’étude réalisée par L’Usine Nouvelle pour Bodet Software confirme cette tendance : 53 % des décideurs de l’industrie considèrent que l’aménagement de l’espace sera l’une des composantes du travail les plus durablement transformées et 91 % souhaitent continuer à télétravailler. C’est le triomphe du travail hybride et flexible. Pour l’après-Covid-19, les salariés veulent pouvoir exercer de l’endroit qui leur semble le mieux adapté aux tâches demandées : 94 % d’entre eux considèrent que le bureau est le bon endroit pour maintenir le lien social et échanger avec les collègues, 83 % pour travailler avec les collègues et 78 % pour passer des entretiens d’évaluation.
Un bureau « camp de base »
Pour près de six personnes interrogées sur dix (58 %), c’est aussi un lieu pour se motiver. Le bureau de l’avenir, c’est le « camp de base » évoqué par Luc Dammann, le vice-président pour l’Europe de l’Ouest d’Adobe, soit « un espace où tout le monde se sent bien [...], qui favorise l’expérience collaborative et où les gens éprouvent du plaisir à se retrouver ».
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Le travail solitaire se faisant plutôt à distance, depuis le domicile, par exemple, il n’y aura plus de bureaux individuels.
Pour sa part, Dropbox a commencé à réfléchir à l’avenir de son parc immobilier dès le début de la pandémie et proposera des bureaux new-look à ses salariés dès le moins de juin. Fini le bureau personnel. « Le travail solitaire se faisant plutôt à distance, depuis le domicile, par exemple, il n’y aura plus de bureaux individuels. Les Dropbox studios – le nouveau nom de nos espaces de travail – seront consacrés aux réunions, aux rendez-vous avec les clients et les partenaires », explique Thibaut Champey, le directeur général de Dropbox France.
Le meilleur moyen de faire revenir les salariés, c’est peut-être de les consulter, comme l’a fait Technip Energies en multipliant les enquêtes et les ateliers depuis 2018. L’entreprise a même réalisé de nouveaux aménagements sur un étage de son futur ancien siège, dans la tour Adria à la Défense (Hauts-de-Seine), afin de les faire tester par ses salariés. « Nous avions prévu d’aménager des amphithéâtres avec des coussins pour s’asseoir. L’expérience a montré que la réalité était moins séduisante que le concept. De même, on mettra moins de bureaux réglables en hauteur qu’envisagé initialement », explique Frédérique Le Moigne, la directrice du projet Moove de Technip Energies.
Moins de mètres carrés
L’autre question qui se pose est celle des mètres carrés utilisés. Le calcul est simple : un jour de télétravail se traduit par 20 % de bureaux vides. À deux jours, on est à 40 %. La tentation sera forte de louer des surfaces moins grandes. Moins grandes, et peut-être mieux placées ou organisées différemment. Cela ne signifie pas nécessairement une ruée vers les centres-villes, mais les entreprises vont chercher à se rapprocher des plates-formes de transport. Le télétravail a révélé ce que les experts savaient déjà : le temps de trajet est devenu la bête noire des salariés. Sa suppression est citée comme le premier avantage du télétravail dans huit pays sur dix où le fabricant américain de meubles de bureau Steelcase a mené une étude.
Au moment de renouveler les baux, certaines entreprises vont réfléchir. Beaucoup préféreront « louer un espace un peu moins grand, qu’elles compléteront peut-être avec des abonnements dans des centres de coworking », analyse Alexandre Fontaine, le directeur du département bureaux de CBRE France, spécialiste du conseil en immobilier d’entreprise, à Paris. En outre, l’évolution des pratiques de travail complique l’organisation des espaces. Aujourd’hui, les entreprises accueillent dans leurs locaux leurs salariés, mais aussi des consultants, des clients. Il faudra bien calculer.
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Une évolution à long terme
Où que se trouvent les nouveaux espaces de travail, ils seront davantage high-tech et connectés. On peut prédire sans risque qu’à court terme, toutes les réunions se dérouleront avec au moins un intervenant à distance. Et le salarié travaillant alternativement dans les locaux de l’entreprise, chez lui ou dans un tiers-lieu (voire dans un café, le jour où ceux-ci rouvriront) voudra avoir les mêmes outils partout. Les spécialistes de la « digital workplace » sont au taquet. À l’image d’Éric Murat, expert de l’éditeur de solutions numériques VMWare, pour qui les outils « offrent le même mode de fonctionnement au bureau et au domicile, avec un haut niveau de sécurité ». Au cours des douze derniers mois, la France a rattrapé une grande part de son retard sur les États-Unis, assure-t-il.
Il faut quatre à cinq ans pour revoir un schéma directeur immobilier.
Plus connecté, hybride, modulable, tel sera le bureau du futur. Le grand déménagement ne fait que commencer. Car, pour une grande entreprise, « il faut quatre à cinq ans pour revoir un schéma directeur immobilier », rappelle Cécile de Guillebon, ex-directrice immobilière de Renault. L’idée de déménager est apparue en 2015 chez Technip Energies, rappelle Frédérique Le Moigne. C’est dire que ces interrogations n’en sont qu’à leurs débuts et vont mobiliser pour de nombreux mois les ressources humaines, les directions des systèmes d’information, celles de l’immobilier et les directions générales.
« Il faut trouver un nouvel équilibre »
Philippe Paré, architecte et directeur général du bureau parisien de Gensler
Le bureau va-t-il vivre sa révolution ?
Le confinement et ses suites ont montré qu’il était possible de travailler à distance, mais on a aussi perçu les avantages du travail en présentiel, le rôle du bureau. Nous ne considérons plus, comme certains à l’issue du premier confinement, que le télétravail va tout remplacer. Le regard est désormais plus équilibré, nuancé. Les entreprises et les salariés vont chercher à trouver un équilibre qui offrira à ces derniers davantage de flexibilité, comme ils le demandent, sans que cela nuise au besoin de collaborer dans l’entreprise. Nous sommes davantage face à une évolution qu’à une révolution.
L’open space, c’est fini ?
Passer du temps à la maison a amené beaucoup de salariés à prendre conscience que leur espace de travail à domicile était de meilleure qualité qu’au bureau, en raison de la vue sur l’extérieur, de la propreté, de l’acoustique... Pour le retour sur site, les entreprises vont devoir faire avec des attentes renouvelées. Elles devront proposer un espace qui soit perçu comme supérieur à celui du télétravail. C’est un défi. Il faudra repenser l’approche de l’open space, privilégier des espaces plus structurés, séparés, davantage pensés pour une équipe, plutôt que ces déserts infinis de tables de travail alignées.
À quoi pourrait ressembler le bureau du futur ?
Les entreprises vont devoir chercher des manières plus flexibles d’aménager leurs locaux, avec des cloisonnements plus agiles dans des espaces plus ouverts. Elles devront définir un environnement qui s’ajustera aux besoins des collaborateurs, au fil de la journée et selon les tâches qu’ils exécutent. Le temps où les salariés devaient s’adapter à l’environnement est révolu. Le rôle de l’entreprise sera de leur donner les outils pour qu’ils puissent définir leur environnement de travail.
Le coworking, espace d’avenir
La reine d’Angleterre parlerait d’annus horribilis. En 2020, la demande placée des opérateurs de coworking était d’environ 30 000 m2, six fois moins qu’un an plus tôt, selon l’estimation de CBRE, cabinet de conseil en immobilier d’entreprise. La nécessité de respecter la distanciation sociale n’a rien arrangé. L’équilibre financier de ces entreprises est difficile à atteindre quand une place sur deux doit rester inoccupée pour des raisons sanitaires.
Pourtant les professionnels restent confiants : « Un cercle vertueux s’enclenche. De grands espaces vont arriver sur le marché, qui vont relancer la demande », assure Alexandre Fontaine, de CBRE. C’est dans les espaces de coworking que l’on trouvera la flexibilité voulue par les entreprises et les salariés. « À l’issue de la pandémie, l’activité repartira parce que le coworking apparaîtra pour ce qu’il est, une solution évidente », assure Clément Alteresco, le fondateur de Morning, gestionnaire d’espaces de coworking. Les pouvoirs publics donneront-ils un coup de pouce à ce secteur innovant ? Une proposition de loi a été déposée pour créer des « titres-bureaux », sur le modèle des titres-restaurant. Ainsi, l’employeur cofinancerait le recours à ces espaces de travail nouvelle formule.
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