[Entretien ] "La peur s'alimente d'une incompréhension des enjeux, de l'accélération qui empêche de les penser" estime Mondher Abdennhader

C'est déjà la septième édition des Napoléons, la communauté de professionnels de l'innovation qui se rassemble deux fois par an. Pour la session à venir qui aura lieu en janvier 2018, le thème retenu est celui de la peur et des moyens à mettre en oeuvre pour la dépasser. Pour Mondher Abdennhader, un des deux co-fondateurs qui a répondu à nos questions, il faudrait pouvoir passer d'une peur qui paralyse à une peur qui pousse à agir, à innover.

Pour fêter ce septennat, l'équipe des Napoléons offre à ses membres une pré-conférence parisienne avec l'ancien président des Etats-Unis, Barack Obama. Mondher Abdennhader nous dit pourquoi ce dernier a toute sa place parmi les Napoléons.

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[Entretien ]

Après l’engagement l’été dernier, pourquoi avez-vous choisi de consacrer la prochaine session des Napoléons à la peur ?

Mondher Abdennhader : C’est un choix que nous avons fait dès le début : nous nous réunissons deux fois par an pendant trois jours autour d’un thème. Ce qui nous a intéressé, c’est de constater que l’impact des technologies, des innovations sur nos vies et sur nos valeurs a une forte dimension dont on parle finalement assez peu : elles font peur. C’est quelque chose qui nous semble important de comprendre avant d’aller plus loin. Les Napoléons est une communauté de personnes qui ont un rôle moteur en matière d’innovations. D’où le titre de la session de janvier prochain : « fear less, innovate more » (ayons moins peur, innovons plus NDLR). Ainsi, nous souhaitons nous poser les questions suivantes : avons-nous les bonnes peurs ? Les peurs actuelles sont elles fondées ou viennent-elles d’une mauvaise compréhension, d’une mauvaise perception des innovations ?

Sans vouloir répondre trop tôt, il nous semble que la peur de l’intelligence artificielle ou du transhumanisme se nourrit très largement d’une incompréhension des enjeux. Ce dont on a peur, c'est des enjeux sous-jacents à ces questions : la mort, la finitude de l’Homme.

La peur peut être paralysante, empêcher l’innovation. Mais elle peut aussi avoir l’effet contraire : la peur peut être un moteur pour créer. Aimeriez-vous qu’on passe de l’un à l’autre ?

La peur dans certains cas est très utile. Elle prévient du danger, elle nous signale d’être vigilant. En effet, elle peut alors être un levier pour trouver une solution originale à la situation qui initialement nous fait peur. C’est vrai que nous aimerions globalement trouver les moyens de passer d’une peur qui paralyse à une peur qui donne envie d’agir, de changer le monde. Nous allons par exemple revenir sur cette angoisse provoqué par la prévision d’un remplacement des hommes par des robots.

Pour comprendre tous ces phénomènes souvent irrationnels, qui ont plus à voir avec l’émotivité que la réflexion, nous allons lancé une étude internationale sur les peurs car nous n’avons rien trouvé de satisfaisant sur le sujet. Ensuite, nous allons suivant notre « méthode » proposer de faire des pas de côté avec des intervenants venus de divers horizons, avec des sociologues ou des philosophes qui apporteront leur éclairage de la question. Cela nous semble important car au-delà de leur aspect technique, pratique, prosaïque, toutes les technologies dont on parle actuellement renvoient assez rapidement au fondement de l’Humanité. Le transhumanisme renvoie évidemment à la vie et à la mort. L’intelligence artificielle met en cause le fonctionnement du cerveau et ce qui fait que l’Homme est Homme. Avec la robotisation, c’est le travail qui est questionné et donc un des éléments fondateurs de ce qui fait la société, soit le ciment entre les Hommes.

Il y a quelques années, on parlait beaucoup de la peur de l’an 2000 en faisant référence à la peur de l’an 1000. Ne vivons-nous pas la fin de cette peur millénariste ?

Ces 50 dernières années, l’Humanité a fait 90 % des découvertes scientifiques et techniques dont nous disposons aujourd’hui. C’est dire la vitesse des changements. Il y a une accélération qui peut expliquer bien des peurs. Les phénomènes sont tellement rapides qu’on n’a pas le temps de les penser. Les personnes craignent que les technologies n’entravent les relations entre les personnes.

N’a-t-on pas peur parce que finalement on ne croît plus aussi inconditionnellement au progrès qu’il y a un siècle ?

La question que nous poserons lors des Napoléons est la suivante : quelle vision du progrès souhaite-t-on défendre quand on innove ? Pour cela, nous allons avoir des sessions sur des thèmes très concrets sur lesquels interviendrons des experts. Quid de la peur de la déconnexion, de la peur du déclassement, ou de la peur au travail. C’est notre raison d’être : proposer des des sessions de réflexion prospective mais être aussi dans les usages concrets.

Que vient faire le président Obama dans cette histoire. Quand vous l’avez invité, n’aviez-vous pas peur qu’il refuse ?

Pour tout dire, je crois que sur ce coup là, on a surtout été inconscient. On a cherché à l’inviter depuis longtemps : il était encore président des Etats-Unis. Pour qu’il vienne cela a pris du temps, mais il viendra et cela nous rend fou de joie, car nous partageons la vision du progrès qu’il incarne si bien. Il ne sera pas à Val d’Isère mais à paris le 2 décembre lors de ce que nous avons appelé pour l’occasion une session introductive. Evidemment quand on reçoit Barack Obama, on ne sait pas à l’avance de quoi il va parler, mais les membres de son équipe nous ont assuré qu’il avait beaucoup de choses à dire sur notre sujet.

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