Le brexit est un échec de l’Europe au moins autant que du Royaume Uni. Cette sortie porteuse de tant de risques, dont une menace létale sur l’Union européenne, cette sortie qui provoque déjà tant de regrets et de larmes au moins de l’autre côté de la Manche, provient d’une triple erreur de management, d’une triple erreur historique.
La première erreur, c’est l’égoisme électoral de David Cameron. Le chef du parti conservateur britannique restera dans l’Histoire comme celui qui aura probablement provoqué le détricotage du Royaume qui n’est plus Uni : l’Ecosse veut partir pour mieux rester dans l’Europe, l’Irlande du Nord veut se rapprocher de celle du Sud… Or c’est un petit calcul électoral du premier ministre qui est à l’origine de tout ce chambardement : pour contrer la montée de Ukip, le parti nationaliste et populiste qui voulait affaiblir les conservateurs en prônant la sortie de l’Union, il a repris à son compte la principale revendication de Ukip afin se faire élire lors des élections de 2013, à savoir : la tenue de ce référendum sur le leave ou remain en 2017… Et voilà comment le pays qui était la passerelle stratégique entre les Etats Unis et l’Europe est entré dans ce processus qui risque de faire de lui la petite Angleterre. Voilà comment le Brexit est la punition qu’une démocratie s’inflige à elle-même…
Deuxième erreur stratégique, là aussi liée au court-termisme, à l’absence de vision et d’abnégation personnelle des dirigeants politiques : personne ne porte plus le rêve européen. Depuis les pères fondateurs, les Jean Monnet ou, plus tard, Jacques Delors, depuis François Mitterrand et Helmut Kohl, personne ne propose plus de grand dessein. Les hommes politiques s’empressent tous au contraire de mettre sur le compte de l’Europe toutes les évolutions négatives qui affectent notre vie quotidienne et de s’attribuer les réussites ou les avancées positives. Le Brexit est une bonne occasion de proposer une union plus modeste géographiquement mais plus efficace économiquement, et surtout plus attrayante, plus sympathique. Il n’y a pas que les Anglais qui ne veulent plus d’une entité qui apparait exclusivement bureaucratique et presque anti-démocratique. L’Europe était à l’origine une ambition française : qu’elle le redevienne ! Que l’Europe de la Défense, de l’Energie, que l’Europe fiscale et sociale, que les Etats-Unis d’Europe se fassent enfin !
Troisième erreur stratégique : le mépris en lequel l’Europe dans son ensemble tient sa jeunesse. Regardez les résultats du référendum : les moins de 25 ont voté à 73% pour rester dans L’Union, et les moins de 35 ans à 62%. Ce sont les jeunes qui croient en l’Europe, qui comprennent tout son intérêt et l’avenir qu’elle représente pour eux. Pourtant l’Europe les a toujours mal traités. Dernier camouflet en date, ce grand plan initié par Bruxelles et dont l’idée était défendue par François Hollande afin de lutter contre le chômage des Jeunes. Vous rappelez-vous de combien il était doté ? De 6 milliards pour tous les Etats membres, soit 600 millions pour la France… Sur un budget européen de 145 milliards annuels. Ce sont les vieux qui ont voté, c’est aux Jeunes qu’il faut penser. Ce sont eux qui incarnent, avec le programme Erasmus et leur perpétuelle bougeotte, la fraternité européenne. C’est pour eux qu’il faut réformer l’Union afin qu’elle se fasse aimer. C’est pour eux qu’il faut réinventer l’Europe.
29/06/2016 - 16h42 - Marco
Répondre au commentaire