En Algérie, les entreprises mettent (très) timidement le cap sur l'export

Lourdement impactée par la chute des prix du pétrole, l'Algérie cherche à diversifier son économie. Et commence à se tourner vers les marchés africains.

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En Algérie, les entreprises mettent (très) timidement le cap sur l'export

Serfiane Hasnaoui préfère rester modeste. Le vice-président du groupe familial Hasnaoui, un petit conglomérat algérien qui fabrique des cuisines pour la restauration collective et aussi sous-traitant de l’automobile, espère développer ses ventes au-delà des frontières algériennes. Son groupe qui vient de créer une JV avec un partenaire turc pour approvisionner en composants l’usine Renault Algérie exporte déjà des autoradios dans la zone sahélienne. "Pour l’instant, l’exportation est résiduelle", assure le patron du groupe d’environ 500 millions d’euros de chiffre d’affaires, "mais d’ici 2020, nous envisageons d’atteindre les 10 % ". Pour cela, il compte sur son projet de création d’une usine d’assemblage en Algérie pour Nissan.

Le groupe Hasnaoui est à l’image de la plupart des entreprises privées algériennes. Très peu étendent leurs activités à l’international. A lui seul le secteur pétrolier pèse 95 % des exportations algériennes. La faute à l’atrophie du tissu industriel local. En 2015, le secteur manufacturier ne représentait que 5 % du PIB. L’économie a aussi longtemps été dominée par de grandes entreprises publiques et sa diversification reste embryonnaire. "En dehors des hydrocarbures, le secteur privé pèse désormais plus que les entreprises publiques", se félicite Sefiane Hasnaoui, " il y a une volonté affirmée de la part des pouvoirs publics de sortir du tout pétrole".

Après deux ans de chute des cours, la fonte de la rente pétrolière qui assure 60 % des recettes fiscales de l’Etat a forcé les autorités à faire un premier pas pour aider les entreprises à s’internationaliser pour rapatrier des devises. Début décembre, Alger a organisé un premier forum d’affaires réunissant plusieurs centaines d’entreprises africaines, dans le centre de conférence flambant neuf de la capitale. Contrairement au Maroc qui déploie depuis plusieurs années sa diplomatie économique dans toute l’Afrique, les débuts sont encore timides. Peu de grands groupes du continent ont fait le déplacement.

Des réglementations à revoir

L’attractivité du pays reste handicapée par les restrictions imposées aux investisseurs étrangers, qui ne peuvent pas être majoritaires dans des entreprises algériennes. Celles qui veulent exporter doivent surtout surmonter des obstacles structurels. La législation contraint les entreprises à rapatrier leurs devises dans le pays, au bout de 12 mois. Malgré un assouplissement – le délai de rapatriement était de 3 mois auparavant –, la mesure freine la capacité des entreprises algériennes à investir en dehors de leurs frontières. "On ne voit pas encore de changement mais les autorités sont devenues plus réceptives", espère Abderrahim Nadir Zohir, le directeur général de IMC, un fabricant de dispositifs médicaux contre l’insuffisance rénale, qui fournit déjà une quinzaine de pays africains.

« Les lois algériennes ne sont pas faites pour exporter. Le protectionnisme a permis de faire émerger des entreprises. Mais il faut adapter les réglementations pour pouvoir aller à la conquête des autres pays notamment africains », assure-t-il. Impossible par exemple de payer une prestation de service – comme une étude de marché – à l’étranger.

Pour s’internationaliser, IMC a trouvé son crédo. "Nous voulons nous démarquer en proposant des transferts de technologie et de la formation. Très peu d’entreprises européennes acceptent de le faire", assure Abderrahim Nadir Zohir, qui développe des projets au Sénégal. Produire sur place permet aussi de limiter les coûts logistiques rédhibitoires. "On parle beaucoup de la transsaharienne qui relie Alger à Lagos. Mais en pratique les frontières sont fermées . Un transport routier vers Dakar prendrait une semaine. Actuellement, cela prend un mois et demi par bateau", se plaint Fares Bachtarzi, le responsable commercial d’IMC, pour qui les " entreprises algériennes se sont développées car elles étaient les seules à savoir naviguer dans l'environnement bureaucratique".

Des freins qui n’arrêtent pas Faderco. Le groupe familial doit ouvrir l’an prochain sa quatrième usine, spécialisée dans les produits d’hygiène. En 2015, il s’est doté d’un site de production de pâte à bois, une intégration verticale qui lui permet de maitriser 40 % de ses approvisionnements. "Pour nous, l’Algérie commence à être trop petite", souligne Amor Habes, le directeur général de Faderco, qui a démarré cette année une démarche structurée pour porter ses exportations à 10 % du chiffre d’affaires. L’entreprise a commencé à envoyer ses bobines mères de cellulose vers l’Europe du sud. "Nous avons des coûts d'énergie très peu chers. Il faut en tirer parti", estime l’industriel, qui emploie 1700 personnes.

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