Emmanuel Macron souhaite l'entrée en vigueur de la réforme des retraites d'ici à la fin de l'année
Lors d'un entretien télévisé, Emmanuel Macron a fait état de sa volonté que la réforme des retraites soit mise en oeuvre d'ici à la fin de l'année 2023. Une nouvelle journée de manifestations est prévue jeudi 23 mars.
Avec
Mis à jour
22 mars 2023
Pas de recul sur la réforme des retraites. Dans un entretien télévisé accordé à TF1 et France 2, Emmanuel Macron a dit mercredi 22 mars souhaiter que la réforme des retraites «poursuive son chemin démocratique» et entre en vigueur en France d'ici à la fin de l'année 2023, excluant tout recul de sa part sur le sujet tout en disant comprendre la colère des Français.
Cette réforme, qui reporte notamment l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans, n'est «pas un plaisir ni un luxe», mais une «nécessité», a insisté le chef de l'Etat. «Est-ce que ça me fait plaisir de faire cette réforme? Non», a-t-il déclaré, avant d'ajouter : «Nous devons avancer car c'est l'intérêt supérieur de la nation (...) S'il faut endosser l'impopularité dans le pays, je l'endosserai», tout en condamnant les violences qui ont pu émailler certaines manifestations.
VOS INDICES
source
La décision d'Emmanuel Macron de recourir à l'article 49.3 pour faire passer coûte que coûte la réforme des retraites a provoqué la colère de l'opposition, qui a manifesté bruyamment sa désapprobation dans les travées de l'Assemblée nationale, des organisations syndicales, qui ont appelé à une neuvième journée de mobilisation massive jeudi 23 mars et à durcir les grèves, et de certains protestataires qui ont basculé dans la violence.
Une "contribution exceptionnelle" visant les profits des grandes entreprises
Défendant la «légitimité démocratique» de sa réforme après le rejet par les députés des deux motions de censure déposées contre le gouvernement d'Elisabeth Borne, dont l'une par seulement neuf voix, l'exécutif oscille entre fermeté affichée face aux grévistes et répression des manifestations «sauvages», et promesse de «nouvelle méthode et nouvel agenda de réformes avec un grand 'R' pour les prochaines années». Disant entendre la «colère légitime» des Français et souhaitant «l'apaisement», le chef de l'Etat juge que «beaucoup des colères qui se sont exprimées ne portent pas sur les retraites». «Il faut entendre ce besoin de justice». Pour y répondre, le chef de l'Etat annonce un projet de "contribution exceptionnelle" visant les grandes entreprises qui ont utilisé leurs profits exceptionnels pour racheter leurs propres actions. «Ces entreprises doivent distribuer davantage à leurs salariés», tranche-t-il. Emmanuel Macron veut aussi que le sujet de l'usure professionnelle et de la gestion des fins de carrière soit «pris à bras le corps», en lien avec les partenaires sociaux. Il remet aussi sur la table la question des branches professionnelles dont les salaires minimum sont en dessous du Smic.
Nouvelle journée d'action le 23 mars
Comme à l'époque du mouvement des Gilets jaunes, le chef de l'Etat semble distinguer la "colère légitime" d'une forme de dérive violente. Mardi soir, lors d'une réunion avec les élus de la majorité, il a ainsi déclaré que la «foule» qui conteste violemment sa réforme n'est pas légitime pour le faire. «L'émeute ne l'emporte pas sur les représentants du peuple et la foule, quelle qu'elle soit, n'a pas de légitimité face au peuple qui s'exprime souverain à travers ses élus», a Emmanuel Macron pendant cette réunion à l'Elysée, selon un enregistrement entendu par Reuters. Interrogé sur cette formulation lors de l'entretien télévisé, Emmanuel Macron a précisé qu'il ne parlait pas des Français qui ont manifesté à l'appel des syndicats, mais des «factieux» qui recourent à la violence, notamment contre les élus de sa majorité. «On ne peut accepter ni les factions ni les factieux, a-t-il déclaré. On ne tolérera aucun débordement.»
«Ce n'est pas la foule qui s'oppose à Emmanuel Macron, c'est le pays tout entier, ou presque», avait répliqué un peu plus tôt le député La France Insoumise (LFI, extrême gauche) François Ruffin sur le plateau de la chaîne LCI, alors que les enquêtes d'opinion montrent qu'une très large majorité de Français sont opposés à la réforme des retraites. «On a à la tête de l'État un pompier-pyromane qui vient mettre le feu en posant cette réforme, en interdisant les portes de sortie, empêchant des discussions avec l'intersyndicale. Il bouche toutes les portes de sortie et vient dire : "c'est le chaos dans le pays".»
Signe du malaise qui gagne jusqu'à la majorité, un député Renaissance, le parti présidentiel, Patrick Vignal a demandé mardi à Emmanuel Macron de «suspendre» la réforme et de ne pas promulguer le projet de loi. Pour l'heure, l'intersyndicale n'est pas disposée à tourner la page de la réforme des retraites, avec une neuvième journée de mobilisation prévue jeudi pendant laquelle les transports seront à nouveau perturbés, tandis que la grève a été reconduite voire durcie dans les secteurs des raffineries ou du ramassage des ordures, pesant de plus en plus lourdement sur la vie quotidienne des Français.
Emmanuel Macron a regretté à ce sujet sur France 2 et TF1 qu'«aucune force syndicale n'ait proposé de compromis» sur la réforme des retraites, au risque de s'aliéner un peu plus les syndicats réformateurs avec lesquels il a pourtant dit vouloir «réengager le dialogue».
Avec Reuters (Rédigé par Jean-Stéphane Brosse et Tangi Salaün, édité par Blandine Hénault et Kate Entringer)
SUR LE MÊME SUJET
Emmanuel Macron souhaite l'entrée en vigueur de la réforme des retraites d'ici à la fin de l'année
Tous les champs sont obligatoires
0Commentaire
Réagir