[Edito] La mission de Mars, "petit Bill Gates" français
Mis à jour
31 janvier 2018
Vous avez beau le connaître depuis deux décennies, il vous étonne toujours. À 24 ans, au tournant du siècle, Alexandre Mars en était déjà à sa deuxième start-up, l’agence de marketing sur téléphone mobile Phonevalley ; la première, qu’il avait créée à 17 ans, bien avant son entrée à HEC, était spécialisée dans la promotion de concerts. Après avoir revendu Phonevalley à Publicis en 2007, il a créé Scroon, une plate-forme de messagerie instantanée qu’il a cédée à BlackBerry en 2013. Malgré sa réussite de météorite et son allure de golden boy, il est tout sauf cynique. « J’ai toujours eu conscience d’être né au bon moment pour réussir dans l’internet », s’amuse-t-il. Aujourd’hui, il met sa fortune au service de jeunes qui, eux, ne sont pas nés du bon côté de la barrière… ou de la frontière. Avec la Fondation Epic, c’est le charity business qu’il « disrupte » depuis trois ans afin de changer la vie des moins de 25 ans. « Ce n’est pas parce que j’ai bien gagné ma vie que je suis une ordure », a-t-il rétorqué au magazine « GQ ».
Qu’est-ce qui nous empêche aujourd’hui de donner davantage ? L’absence de confiance sur la destination de l’argent, le trop-plein de solliciteurs et le manque de temps. Alexandre Mars a résolu tous ces problèmes d’« ergonomie du don ». Comme sa fondation ne prélève pas de frais de gestion – sa fortune personnelle y pourvoit –, 100 % des dons vont aux actions caritatives. La sélection des associations est faite sur le terrain. Sur 1 900 dossiers reçus, Epic en a gardé 1 %. Enfin, le don est simple et rapide, car automatique. Comme Dior ou Derichebourg, les entreprises proposent à leurs employés d’abandonner les centimes qui apparaissent en bas de leur bulletin de salaire, après avoir choisi, collectivement, les associations qu’ils ont envie de financer. Un outil de tracking permet de suivre, sur le site, la manière dont l’argent est utilisé et des vidéos rendent les actions, en Inde ou au Brésil, plus concrètes.
Les ligues françaises de football s’impliquent d’une autre manière. À chaque but marqué, 100 euros vont, via Epic, à la Fondation Simplon, qui propose des formations gratuites aux métiers du numérique à de jeunes Français éloignés de l’emploi. Sept fonds de capital-risque ont obtenu le label « sharing pledge » en offrant 1 % de la plus-value à venir sur leurs investissements. Les entrepreneurs, eux, peuvent faire une promesse de partage : décider, par exemple, que 1 % de leur plus-value lors de la revente de leur société ira à Epic.
Alexandre Mars dépense l’argent avec le même professionnalisme qu’il l’a gagné. Les investissements de la fondation, qu’il s’agisse de vaccinations ou de formations, sont choisis pour avoir le rendement le plus élevé possible. Longtemps avant de se lancer, le serial start-upper avait fait son étude de marché auprès des meilleures sources, comme Bill et Melinda Gates. Aujourd’hui, il a ouvert cinq bureaux, à Paris, New York, Londres, Bangkok et San Francisco. Le « petit Bill Gates français », dixit un confrère américain, consacre personnellement 2 millions de dollars par an pour financer le train de vie de la fondation. « C’est le prix à payer pour avoir un modèle “pur”, explique-t-il. Son projet en cours : une plate-forme Epic Generation, qui permettra au grand public de donner aussi, tout en vérifiant la traçabilité de son don.
[Edito] La mission de Mars, "petit Bill Gates" français
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