Des managers de plus en plus confrontés à des manifestations perturbantes de la religion
En entreprise, la religion est désormais un fait social visible. C’est le principal enseignement de la dernière étude de Randstad et de l’Observatoire du fait religieux en entreprise animé par l’universitaire Lionel Honoré. De nombreux managers doivent répondre à des demandes qui transgressent des règles légales ou perturbent l’organisation du travail. Des situations qui après discussions débouchent toutefois très rarement sur des conflits.
Une majorité des 1500 professionnels interrogés par Randstat dans son baromètre 2016 observe (régulièrement ou occasionnellement) des faits religieux dans leur situation de travail. Ils sont désormais 65 % contre 44 % il y a deux ans.
Ces manifestations sont principalement des ports de signes religieux, des demandes d’absence, des demandes d’aménagement du temps de travail. Les refus de réaliser certaines tâches ou de travailler sous les ordres d’une femme ou encore le prosélytisme sont en revanche très minoritaire (moins de 10 % des répondants rapportent ce type d’observation).
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Pour Laurent Morestain, secrétaire général de l’institut Randstad, la visibilité du fait religieux est lié à "une évolution des organisations et une plus grande perméabilité entre la sphère privée et professionnelle. Les salariés viennent désormais dans les entreprises avec ce qu’ils sont, leur richesse et leur entièreté. La religion n’est plus un tabou. Et les managers comme les salariés l’abordent de manière décomplexée."
Du coup, les salariés n’hésitent plus à formuler des demandes individuelles qui sont liées à leur religion : "une demande de journée de vacances pour une fête religieuse, comme un collaborateur en demanderait une pour l’ouverture de la chasse s’il est chasseur", décrypte Laurent Morestain. Selon lui les demandes individuelles se gèrent plutôt bien et l’enquête montre en effet que les situations menant à des conflits restent rares à 9 % même si ces dernières sont en légère augmentation depuis l’an dernier (6 % en 2015).
Des managers en première ligne
En revanche, l’intervention des managers est de plus en plus fréquente. C’est l’autre enseignement de cette enquête. 41 % des salariés font face à des "faits transgressifs ou perturbants" pour l’organisation du travail (contre 38 % l’an dernier), dont 18 % de manière très fréquente. L’étude les qualifie de "managers débordés par la question religieuse". Les situations sont très hétérogènes, pas tant en fonction des secteurs, que des territoires. "Dans les ZUS (zones urbaines sensibles), les managers confrontés à des situations complexes et fréquentes montent à 45 % alors qu’ils ne sont quasiment pas concernés en zone rurale".
Pas de quoi s’affoler pour autant, selon l’expérience de Laurent Morestain qui constate "une maturité progressive des organisations pour traiter le phénomène. Beaucoup d’efforts de formation et de pédagogie ont été faits dans les entreprises pour aborder de manière sereine la question." En effet, les comportements admis et les proscrits font consensus dans l’étude. Si 83 % considèrent qu’il est légitime "de demander des aménagements ponctuels du temps de travail ", 90,3 % estiment qu’il ne l’est pas de "refuser de réaliser des tâches pour motifs religieux".
En conséquence de quoi, une large majorité (62 %) pense que la question de la religion en entreprise ne doit pas faire l’objet d’une loi. Un rejet clair par rapport à la proposition du candidat à la primaire de droite, Nicolas Sarkozy, qui propose d’interdire le voile jusque dans les entreprises. La montée du phénomène et sa gestion au niveau de l’entreprise implique en revanche que les directions des ressources humaines ne relâchent pas leur effort pour assister sur le terrain leurs managers confrontés plus largement au sujet. Enfin, note d’espoir de l’enquête si les discriminations pour motif religieux existent, elles sont en baisse de 5 % par rapport à l’an dernier.
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