Crue de la Seine, votre entreprise est-elle vraiment prête au pire ?
La Seine est montée à plus de cinq mètres et un pic de six mètres est attendu entre vendredi 26 et samedi 27 janvier. La situation est aussi inquiétante dans 23 départements placés sous vigilance orange. L’usine de l’équipementier automobile Faurecia dans la commune de Mandeure a notamment été sous l’eau. En 2016, l’opération Sequana, développée par la préfecture de Paris avait voulu tester la résilience des entreprises en Ile-de-France dans la crainte d’une crue centennale de la Seine. Retour sur les conclusions de l’opération.
Mis à jour
23 janvier 2018
Un pic de six mètres est attendu à Paris entre vendredi 26 et samedi 27 janvier, de nombreuses routes sont barrées dans les régions françaises et surtout les salariés de l’usine de PSA Sochaux sont au chômage technique car l'un des sites de Faurecia, leur fournisseur, est sous l’eau. Cet arrêt représente une perte de production de 900 véhicules selon France 3 Franche-Comté.
La dernière grande crue de la Seine date de 1910 ; la probabilité qu’elle se reproduise est de une sur cent tous les ans. Une probabilité que les pouvoirs publics ne prennent pas à la légère. Du 7 au 18 mars 2016, la préfecture de police de Paris organisait l’opération Sequana visant à tester la capacité de résilience des infrastructures de l’Ile-de-France en cas de grande crue.
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Pour donner un aperçu du résultat de la crue, la préfecture a cartographié les risques d'innondation, de coupure d'électricité et d'eau potable, et réalisé une vidéo de simulation de la montée des eaux.
Les entreprises aussi se mobilisent. L’Association pour le management des risques et des assurances dans l’entreprise (Amrae) propose ainsi à ses adhérents des formations pour faire face à la crue de la Seine. "Nous essayons de sensibiliser les professionnels à ce risque, explique Benoit Vraie, risk manager d’une grande entreprise et maître de conférence à l’université Paris 1 sur la gestion des risques. Nous fournissons la méthode pour mettre en place un plan de continuité de l’activité en la déclinant sur la crue de la Seine."
Des plans de continuité plus complexes
Ces plans de continuité d’activité n’ont en effet rien à voir avec ceux mis en place habituellement. La multiplicité des critères à prendre en compte les rend beaucoup plus complexes à élaborer. Ils doivent prendre en compte à la fois l’impact potentiel de la montée des eaux, des coupures de courant et d’eau potable sur leurs locaux, sur leur chaîne d’approvisionnement et plus globalement sur leur activité. Mais aussi l’impact sur tout l’environnement proche de l’entreprise.
Par exemple, une entreprise peut s’assurer que ses data centers soient hors de l’eau, ses plates-formes d’utilisateurs des données également. Mais comment faire pour les câbles les reliant ? "Aucun provider ne peut donner à ses clients le chemin emprunté par les câbles, souligne Benoit Vraie. On ne sait pas s’ils seront opérationnels."
Les mesures à mettre en place dans le plan peuvent par ailleurs sortir du périmètre de l’entreprise. En cas de catastrophe naturelle, une entreprise mettra en place une équipe chargée de gérer la crise. Ces équipes risquent d’avoir elles-mêmes leur maison touchée par la crue, avec leur famille les pieds dans l’eau.
"Rien ne sert d’avoir un collaborateur en phase de continuité d’activité, si cette personne n’est pas disponible intellectuellement", soutient Benoit Vraie. Certaines entreprises prévoient ainsi de prendre en charge les billets de train ou d’avion pour mettre la famille de ces personnes clé en sécurité.
Coordination avec les autorités publiques
Les entreprises commencent par ailleurs à coordonner leurs plans d’activité avec les autorités. "C’est la première fois que l’on coproduit de la continuité d’activité, déclare Benoît Vraie. Nous dialoguons avec la préfecture de Paris, notamment pour des travaux de recherche auxquels je participe pour tenter d’exprimer les besoins des entreprises et les ressources disponibles dans la région." Avec pour objectif de raccourcir au maximum le temps de redémarrage de l’économie.
Car l’effet de la crue centennale pourrait être dévastateur pour l’économie. Selon une étude de l’OCDE, le montant des dommages matériels pourrait atteindre entre 3 et 30 milliards d’euros en fonction des scénarios et coûter entre 0,1 % et 3 % de points de PIB cumulés sur cinq ans. Près de 400 000 emplois pourraient par ailleurs être affectés.
Les entreprises sont-elles suffisamment préparées à la crue ? "Difficile à dire, estime Benoit Vraie. J’ai l’impression que tout le monde a établi une feuille de route, mais le niveau d’avancement est hétérogène. Cela tient souvent à la capacité du responsable du plan de continuité d’activité à faire prendre conscience, au plus haut niveau de son entreprise, de l’importance de la problématique."
Arnaud Dumas
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