[Covid-19] Les citoyens hyper consultés pour construire le monde d’après
Et si l’on profitait de ce temps de confinement pour donner son avis sur les politiques de relance économique et en faveur du climat, si possible en liant les unes aux autres ? Bonne nouvelle, les consultations citoyennes en ligne fleurissent, jusqu’à Bruxelles. Au risque de les voir se télescoper entre elles.
Mis à jour
10 avril 2020
Ne pas gâcher une bonne crise, disent les Américains. Partout, en Europe du moins, des voix s’élèvent pour que les plans de relance post-Covid-19 n’oublient pas l’autre crise, bien plus durable, du réchauffement climatique. Les lobbies sont, bien sûr, les premiers à la manœuvre. À l’image de cet ancien député européen danois, Bendt Bendtsen, à la tête d’un groupe de pression pour l'efficacité énergétique, qui demande à la Commission européenne de conditionner son futur plan de relance post-pandémie à des engagements en faveur de la transition verte, comme des mesures d'efficacité énergétique et de rénovation des bâtiments.
Les lobbys plus seuls en piste
Le président du conseil d’administration du groupe énergétique français Engie, ne dit pas autre chose. Dans un entretien accordé à L’Usine Nouvelle à paraître le 14 avril, Jean-Pierre Clamadieu explique que "pour l’après crise, […] les pouvoirs publics vont mettre en place […] des plans d’investissement publics majeurs, nous rappellerons bien sur l’importance de la transition énergétique […]. Nous commençons à nous organiser pour préparer quelques propositions dans ce sens".
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A côté de la convention citoyenne pour le climat
Les citoyens sont, eux aussi, bien décidés à faire entendre leur voix. En France, la Convention citoyenne pour le climat, qui planche depuis six mois sur des propositions de mesures de rupture pour permettre à la France de réduire de 40 % ses émissions de CO2 d’ici à 2030, s’est réunie à distance les 3 et 4 avril pour intégrer dans ses travaux les conséquences économiques et sociales de la pandémie de Covid-19. En attendant les mesures, 50 propositions ont déjà été transmises au gouvernement.
Le gouvernement a assuré qu’il les prendrait en compte. Mais c’était avant que la France entre en dépression à cause du confinement. Et face à l’urgence de construire vite un plan de relance, il n’est pas sûr que l’Elysée ou Matignon prennent le temps d’intégrer les propositions. D’autant que "le problème de ces mini-publics, c’est que le grand public, qui n’y participe pas, ne va pas juger que ces personnes sont légitimes pour parler à sa place", a expliqué Chantal Jouanno, la présidente de la Commission nationale du débat public, à l’Usine Nouvelle.
participer à la consutlation #lejourdaprès
Et surtout, une autre initiative, la consultation "le jour d’après" lancée par une soixantaine de députés français, risque de brouiller les messages. Beaucoup plus (trop ?) large sur les sujets abordés. Ouverte du 4 avril au 3 mai 2020, elle demande sont avis aux Français sur le système de santé de demain, le travail, la consommation et la sobriété, l’Europe, la solidarité, l’éducation… Or, on l’a vu notamment avec la consultation du grand débat, dont on attend toujours les conclusions, qui trop embrasse mal étreint et il est très difficile d’exploiter ces propositions foisonnantes.
Répondre au six questions de Bruno Latour
Ramassé en six questions, le questionnaire sur "les gestes barrières contre le retour à la production d’avant-crise" du philosophe et sociologue Bruno Latour, rompu à l’exercice, sera sûrement plus utilisable. Il demande aux citoyens quelles sont "les activités que nous souhaiterions voir remises ou pas en marche après la crise". Tel qu’il est conçu, le questionnaire oblige à choisir - ce qui n’est pas si simple - et à argumenter - ce qui n’est pas plus facile. Mais, le temps scientifique étant difficilement compatible avec le temps politique et économique, il serait étonnant que nos réponses servent à autre chose qu’à l’analyse des décisions qui seront prises.
Aider la Commission européenne à préparer sa loi Climat
Cette avalanche de consultations françaises en cache notamment une autre, à l’échelle européenne cette fois, lancée le 31 mars. A priori déconnectée de la crise du coronavirus, elle appelle les Européens dans le cadre du pacte vert proposé par la Commission européenne, à donner leur avis jusqu’au 23 juin 2020, sur l'objectif de l'Union en réduire ses émissions de gaz à effet de serre à au moins -50 % et à environ -55 % d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 1990. L’objectif étant de pouvoir l’inscrire dans la loi climat qui doit, normalement, être votée à l’été 2020. Sauf que, là encore, il va être difficile de déconnecter cette loi des plans de relance économique. Dans tous les cas, la démocratie citoyenne aura progressé.
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