Convalescence

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Finie la taxe carbone ! A l'heure où les maître-mots sont compétitivité et attractivité, l'abandon de cet écueil strictement français a de quoi soulager un secteur convalescent. D'autant que selon l'Union des industries chimiques (UIC), la chimie peine déjà suffisamment en France sous le poids des contraintes réglementaires. Qu'elles soient françaises, comme les prélèvements obligatoires jugés plus élevés que ceux des voisins européens, ou européennes comme Reach ou la directive ETS. Malgré tout, Bernard Chambon se dit « optimiste » et entretient « l'espoir de voir à l'avenir une régulation un peu plus intelligente ». Le président de l'UIC estime que les États généraux de l'Industrie ont souligné l'urgence de « redonner de l'attractivité à la France ». Car outre la réglementation, la chimie souffre aussi de difficultés structurelles, comme la dispersion des sites industriels et le manque de grandes plateformes intégrées. Sans parler de la crise, qui a exacerbé toutes les difficultés. En 2010, le secteur entrevoit pourtant un rayon de soleil avec une croissance de la production prévue à 5,5 %. C'est bien, mais encore peu après « une année 2009 de récession sans précédent », assène Bernard Chambon. Lequel estime qu'un retour à des niveaux de 2008 ne se ferait probablement « pas avant fin 2011 ». Car les cicatrices sont profondes. Avec l'effondrement de l'ensemble des marchés depuis fin 2008, la chimie en France a vu sa production reculer de 9,7 % l'an dernier. En valeur, le chiffre d'affaires a perdu 18 %, à 67,6 Mrds €. Les exportations ont, elles, un peu moins régressé que les importations (-16,2 % contre -16,7 %), ce qui a permis de protéger un solde positif (5,2 Mrds €). Côté produits, la chimie minérale a accusé un repli de 21,2 %, et la chimie organique de 8,7 %. Les spécialités affichent une baisse de 14,4 %, tandis que les savons, parfums et produits d'entretien limitent la casse avec seulement -5,9 %. Grâce aux plans de relance du gouvernement, comme la prime à la casse, à la reprise plus précoce des marchés émergents, à l'atténuation des déstockages ou encore au relatif maintien des prix, l'industrie chimique a su limiter les dégâts et est sortie du mouvement récessif. Côté social, grâce à plusieurs mesures et accords sociaux, notamment en faveur de la formation, le secteur a su aussi préserver ses effectifs. De 182 000 salariés début 2009, la chimie emploie aujourd'hui 178 000 personnes. Seulement, avec de nombreux plans sociaux qui restent à finaliser, les réels effets sur l'emploi sont encore flous.

Malgré la crise, et puisque personne n'y a échappé, la chimie en France peut se satisfaire du maintien de son statut sur l'échiquier mondial. Avec 4,4 % de la production en valeur, l'Hexagone reste le n°2 européen et le n°5 mondial. Sur le Vieux continent, le secteur a plus souffert avec un recul de 11,4 % de la production et une prévision de 4,7 % de croissance en 2010. En revanche, le changement d'équilibre entre les puissances historiques et émergentes s'affirme clairement. En dix ans, la production chimique mondiale a presque doublé quand celle de l'Asie a triplé. Depuis 1998, la seule Chine est passée d'une part de 5,2 % du marché à 17,3 %. À 0,5 points des États-Unis, champion dont la perte du titre est imminente. D'autres compétiteurs, en particulier le Brésil (3,8 % et n°6) sont en embuscade. A ce rythme, le seul abandon de la taxe carbone ne suffira pas à la France pour retrouver plus de couleurs. Il faudra bien trouver des solutions. Lesquelles passeront, selon le secteur, par les « marchés du futur » et une chimie plus durable.

« La production chimique mondiale a doublé quand celle de l'Asie a triplé »

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