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Comment les maillots Castelli de l'équipe Sky grappillent des secondes sur les étapes du Tour de France
Lors de la première étape du Tour de France, Chris Froome et trois de ses partenaires portaient un maillot pour le moins atypique. Sur les bras, une bande rugueuse leur a permis d'améliorer leur pénétration dans l'air. Une technologie qui fait scandale pourtant issue d'un an de travail avec l'équipementier italien Castelli.
An unfair advantage. Le slogan de Castelli (un avantage injuste) était pourtant un signe. Lors de la première étape du Tour de France, l'équipe Sky a dévoilé son nouveau maillot, conçu avec l'équipementier italien. Mais ce n'est pas sa couleur inédite, blanche alors que les Sky roulent habituellement en noir, qui a retenu l'attention. Deux équipes adverses, l'américaine BMC et la française FDJ, se sont indignées contre les bandes rugueuses placées sur les bras et les épaules de quatre coureurs Sky, dont Christopher Froome, double vainqueur du Tour de France. Elles estiment qu'avec ces ajouts, utilisés uniquement sur les étapes de contre-la-montre, les cyclistes auraient gagné entre 18 et 24 secondes, en seulement 14 kilomètres, dans les rues de Dusseldorf, en Allemagne.
Thierry Marchal connait bien le sujet. Le directeur monde sport et santé d'Ansys, spécialisée dans la simulation numérique, avait déjà étudié la position de Christopher Froome d'un point de vue aérodynamique. Selon lui, les bandes rugueuses placées sur les manches des maillots agissent comme les cavités d'une balle de golf. "Ces cavités créent une recirculation de l'air, explique-t-il. Avec ces mini vortex, le point de détachement de l'air se déplacent vers l'arrière de l'objet. Cela implique moins de perturbation de l'air et donc moins de traînée." Comparée à une balle de ping-pong lisse, la pénétration dans l'air d'une balle de golf est plus favorable. Il en est de même pour un cycliste équipé de ce maillot.
C'est d'ailleurs cette amélioration de pénétration dans l'air qui a permis à Geraint Thomas, membre de l'équipe Sky, de remporter la première étape du Tour et de s'emparer du maillot jaune, nous explique Bert Blocken, professeur d'aérodynamique à l'université des sciences et technologies d'Eindhoven, au Pays-Bas. "Le gain d'environ 18 secondes me semble une bonne estimation. Cela signifie qu'avec un maillot identique aux autres coureurs, il n'aurait pas remporté l'étape."
La technologie, membre à part entière des équipes sportives
Contacté par L'Usine Nouvelle, Castelli avoue avoir développé ce maillot avec l'université des sciences et technologies de Norvège et Luca Oggiano, l'un des experts mondiaux de l'aérodynamisme des vêtements. Il a fallu une année entière à Castelli pour parvenir à fabriquer le maillot idéal. L'équipementier italien a pu parfaire sa combinaison en soufflerie durant des centaines d'heures grâce à un mannequin taille réelle de Christopher Froome, le leader de l'équipe Sky. "La grande question était de connaître les endroits où installer ces bandes rugueuses, indique Thierry Marchal, le directeur monde sport et santé d'Ansys. Les recherches ont démontré que les membres supérieurs affichaient le plus de résistance à l'air."
Comme en natation avec les maillots Speedo, qui amélioraient le glissement de l'eau sur les nageurs, la technologie des équipements portés devient de plus en plus cruciale. Thierry Marchal assure d'ailleurs que "le Tour de France se gagne dans les onze mois qui précède la course". Pour lui, ce n'est pas une surprise que les réclamations sur la combinaison utilisée par les coureurs Sky proviennent de la BMC et de la FDJ. "Ce sont les équipes qui comprennent le mieux ces technologies." Frédéric Grappe, le directeur performance de la FDJ, est d'ailleurs chercheur en sciences du sport et s'intéresse particulièrement à l'amélioration des performances sportives.
Des circuits de Formule 1 aux bassins de natation, l'aérodynamisme est scruté de toute part. "Si pour un même effort un cycliste est capable d'aller légèrement plus vite", le professeur Bert Blocken ne serait "pas surpris que le règlement soit modifié dès l'année prochaine". C'est d'ailleurs ce qui s'est passé en natation avec l'interdiction des maillots Speedo après les JO de Pékin en 2008. En Formule 1, un nombre d'opérations maximum par année de recherche en aérodynamisme a été instauré. Mais si certains sports s'en préoccupent, l'UCI (l'union cycliste internationale) n'aurait pas pris en compte les travaux présentés par Thierry Marchal et Bert Blocken. Cette polémique pourrait lancer le débat. Reste à savoir si les fameux maillots de l'équipe Sky feront de nouveau leur apparition lors du prochain contre la montre du Tour de France, prévu le 22 juillet à Marseille.
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