Comment le groupe Fives se prépare au Brexit

Le groupe d’ingénierie industrielle Fives, qui compte six filiales en Grande Bretagne, a mis en place depuis un an un groupe de travail interne et adopté des mesures pour limiter les conséquences du Brexit pour son activité.

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Comment le groupe Fives se prépare au Brexit
Le groupe d’ingénierie industrielle Fives compte six sites de production basés au Royaume-Uni.

Fives est prêt pour le scénario du pire. Alors que le Parlement britannique doit prendre une position cruciale cette semaine sur le Brexit, le groupe d’ingénierie industrielle, qui a réalisé près de 1,9 milliards d’euros de chiffre d’affaires, a pris ses dispositions en cas de sortie du Royaume-Uni sans accord.

Depuis un an, le Français a mis en place des groupes de travail sur le Brexit, réunissant les directeurs financiers de ses filiales. Objectif : établir un plan B pour limiter les conséquences sur l’activité de ses six sites de production basés au Royaume-Uni et la

centaine de filiales au total que compte le groupe au niveau mondial. "Nous avons eu un peu de mal à mobiliser en interne initialement car les incertitudes sont énormes", reconnaît Clément Bascoul, le responsable Douanes et logistique qui pilote le groupe de travail. Mais l’enjeu financier peut vite être important.

En cas d’absence d’accord, les flux entre l’Europe et le Royaume-Uni seront soumis à des droits de douanes, de l’ordre de 5 à 8%. Les exportations des filiales britanniques de Fives ne pourront plus profiter du jour au lendemain des droits de douanes plus faibles négociés dans le cadre des accords de libre-échange de l’Union européennes avec le Japon, le Canada ou la Corée du Sud notamment.

Mais le principal écueil concerne la logistique. Le Brexit va réintroduire des procédures supplémentaires lors du passage en douane. Les entreprises vont aussi devoir changer leurs modes de déclaration de TVA, remplir des déclarations en douane. De quoi ralentir les livraisons de part et d’autres de la Manche. "Or si nous ne respectons pas les délais de livraison à nos clients, nous risquons des pénalités de retard conséquentes", met en garde Claire Valette, la responsable fiscal groupe qui réalise 90 % de ses ventes à l’export.

Chercher des fournisseurs locaux

Pour limiter les difficultés, le groupe a passé au peigne fin en 2017 ses contrats. Et les a révisés pour inclure de nouvelles clauses prévoyant les droits de douane, le rallongement de délais de livraisons et les normes douanières Incoterms – qui déterminent qui s’acquitte des droits de douanes - qui s’appliqueront éventuellement après le Brexit. "Nous avons bombardé d’informations les filiales depuis un an", reconnaît Clément Bascoul.

Depuis novembre 2018, le groupe est passé à une autre étape. Pour éviter une désorganisation de la chaîne de fabrication le jour J, il a transmis aux filiales, qui conservent un fort degré d’autonomie, la liste des recommandations opérationnelles de son plan B. La task-force sur le Brexit incite ses filiales à constituer rapidement des stocks de produits stratégiques afin de limiter les conséquences de retards de livraison. Une précaution coûteuse, mais "mieux vaut le faire le plus tôt possible et pas le 25 mars lorsque toutes les entreprises chercheront à faire de même", souligne le responsable des douanes.

Fives a par ailleurs essayé au maximum d’accélérer les livraisons de commandes avant le 31 mars, date officielle de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, afin de limiter ses exportations trans-manche pendant les premiers mois post-Brexit. Autre recommandation : les usines britanniques et européennes ont été incitées à trouver une alternative locale à leurs fournisseurs de l’autre côté de la Manche quand cela était possible. "L’enjeu n’est pas pour l’instant de restructurer notre chaîne d’approvisionnement sur le long terme, mais de limiter les flux les premières semaines post Brexit", insiste Clément Bascoul.

D'autres risques n’ont toutefois pas encore pu être traités. Les modalités qui régiront la circulation des travailleurs restent difficiles à anticiper. "Or nos machines ne s’installent pas seules", remarque Claire Valette. Si des visas deviennent nécessaires, le risque serait de retarder encore un peu plus les livraisons et l’installation des machines des deux côtés de la Manche.

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