Comment Emmanuel Macron veut transformer "en profondeur" le modèle social français
Pour son deuxième meeting au Mans, le patron du mouvement En marche a dévoilé un peu plus ses solutions dans le domaine de l'emploi principalement. Pour lutter contre le chômage, il veut transformer le modèle social français.
Il n’est pas là pour faire des propositions, mais pour partager son diagnostic. "Nous ne manquons pas de propositions politiques. A la fin plus personne ne sait qui a proposé quoi. Nous sommes dans une cacophonie de propositions", ironise Emmanuel Macron. Après Strasbourg où il avait parlé de la "vie engagée" et de la réforme des institutions la semaine dernière, l’ancien ministre de l’Economie Emmanuel Macron a tenu son deuxième meeting au Mans, cette fois consacré à la "vie quotidienne".
Une société du choix
La scénographie est désormais bien rodée. Micro-cravate et se déplaçant sur une estrade sans pupitre installé au milieu des militants, le dirigeant du mouvement "En Marche" a esquissé malgré tout le début d'un programme dans le domaine économique, le logement et la santé. Pour dépasser les "nouvelles formes d’injustice entre ceux pour qui tout est possible et ceux pour qui tout semble joué d’avance", Emmanuel Macron se revendique "contre le système". Puisque le modèle social "construit une économie de statut et ne permet pas la mobilité, il faut le transformer en profondeur. Et créer une société où "chacun a le choix".
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"Le modèle français dont on se glorifie souvent est en retard sur les Français, juge Emmanuel Macron. Notre modèle a été conçu de façon uniforme. La même chose pour tout le monde. Mais il est aujourd’hui épuisé. Il sert aux plus aisés, aux plus protégés. Mais il en exclut beaucoup d’autres".
Des négociations au niveau de l'entreprise
Sur le fond, les pistes esquissées sont pour certaines déjà dans le débat public. Et furieusement libérales. Emmanuel Macron ne croit pas à la nécessité d’un "débat idéologique sur le travail", ni de la nécessité de s’attaquer aux 35 heures comme tous les candidats de droite,un combat qu'il juge dépassé à l’ère du numérique. Il ne croit pas davantage aux plans de sauvetage à grands coups de commande publique ni aux plans de relance qui ne se situeraient pas à l’échelle européenne.
Pour lutter contre le chômage, Emmanuel Macron entend d’abord "libérer les choix". L’ancien ministre, qui a libéralisé le transport par autocar, veut poursuivre le travail entamé par sa loi Macron en poursuivant la réduction des normes "trop rigides, trop nombreuses, trop instables" et qui "créent une nouvelle forme de ségrégation". Décrivant une "économie de rigidité" qui protège les insiders du marché du travail au détriment des outsiders, c’est sur le droit du travail qu’Emmanuel Macron veut porter l’effort. L’ancien ministre de l’Economie avait milité au gouvernement pour instaurer un barème pour les indemnités prud’homales. "Je continuerai, assure-t-il. La visibilité est ce qui rend le système plus efficace et plus juste". Emmanuel Macron défend aussi la négociation au sein des entreprises ou de la branche, y compris en matière de temps de travail. Contrairement aux candidats de la primaire de droite, le dirigeant d'En Marche y voit un moyen d’avoir des syndicats plus forts, plaidant que "si vous montrez une efficacité du fait syndical, ce sont les meilleurs qui auront le plus d'adhérents"
Des droits au chômage pour se reconvertir
Autre proposition : Emmanuel Macron veut revoir le financement de la protection sociale, assis principalement sur le travail. Un thème qu'il devrait détailler lors de son dernier meeting de Montpellier. De façon plus iconoclaste, il propose aussi d’ouvrir les droits à l’assurance chômage pour tous, y compris en dehors de tout licenciement. " Dans une société du choix, il doit y avoir la possibilité pour les individus qui veulent changer d’entreprises ou de secteurs d’avoir ces droits pour eux aussi choisir et se réorienter", argumente Emmanuel Macron.
Pour renforcer la mobilité, il estime aussi nécessaire une réforme complète de la formation professionnelle avec la fin de la gestion paritaire du système, en "recentrant les partenaires sociaux moins sur la gestion du système que sur le conseil aux travailleurs". Il milite aussi pour un système d’évaluation de l’efficacité du dispositif de formation continue, qui engloutit chaque année 30 milliards d’euros.
En dehors de l’emploi, le programme déroulé par Emmanuel Macron a des accents de la "big society" théorisée par David Cameron. "Nous devons cesser de traiter le citoyen en administré" , affirme l’énarque, qui estime que l’Etat n’est plus l’ultime acteur de la sécurité et appelle à de nouvelles politiques publiques à construire où chacun a un rôle à jouer sur l'emploi ou la santé. Pour changer le modèle, il veut aussi laisser davantage de place à l’innovation. En matière de santé notamment, les innovations en matière de nouveaux traitements coûtent chères et le pilotage budgétaires serré des dépenses de la sécurité sociale leur laisse souvent peu de place. " Nous devons avoir une gestion sur plusieurs années de notre stratégie de dépenses de santé. Sur deux à trois ans, ces innovations comme la télémédecine peuvent générer des économies", estime l’ancien ministre.
Solène Davesne
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