[Chronique RH] Mais laissez le Président faire le pont
L’affaire de cette quasi-fin d’année, ce ne sont pas les déclarations du président de la République, Emmanuel Macron, à Ouest France. Pourtant, il y insiste sur les "nouvelles ambitions industrielles" de la France de l’Est et s’inquiète "des grands intérêts financiers et des marchés qui dépassent parfois la place que les États peuvent prendre". Visiblement rien qui ne mérite d’être analysé ou commenté. La grande affaire du moment est l’avancée d’un jour du Conseil des Ministres et le congé pour convenances personnelles du Président. Et la machine à commentaire de s’emballer, tournant à vide comme un poulet sans tête et les reporters de partir pour Honfleur (ça les change des Pyrénées l’été dernier), à l’affût d’une sortie du Président.
Outre le caractère ridicule de cette passion pour la vie d’un Président qui n’est pas monarque, on devrait s’interroger plutôt sur cette espèce d’angoisse à propos de quatre jours de congés, quand quasiment toute la France fait la même chose. Il suffit de prendre le RER B en Ile de France un 2 novembre pour s’en convaincre. S’il n’était la température pré-hivernale, on pourrait se croire en août tant la rame est désertée comme en plein été.
De quoi avons-nous peur ? Que Donald Trump déclare la guerre à la France et que le Président étant absent, nos armées soient submergées comme en 1940 ? Qu’une crise financière survienne et que le chef de l'Etat ne pouvant rejoindre Paris à temps, l’économie française soit emportée ? Dans les critiques qui s’expriment ici ou là, il y a quelque chose de très révélateur sur le rapport des Français au pouvoir. Sans être psychanalyste, on est frappé par le transfert réalisé de la figure paternelle sur l’occupant de l’Elysée. Si papa ne me regarde pas, s’il ne s’occupe pas de moi 24/7, comme on dit dans la start-up Nation, que vais-je devenir ? Qui me nourrira ? Qui s’occupera de moi ? Qui me protègera ? Voilà la grande angoisse de tous ceux qui trouvent à redire de ce qu’ils semblent considérer comme une quasi désertion en rase Normandie d’Emmanuel Macron.
On est aux antipodes des méthodes de management pratiquées par les meilleurs dirigeants. Certains d'entre-eux confient qu’ils considèrent bien faire leur travail, si leurs équipes travaillent bien même et surtout quand ils s'absentent. A l'inverse, les Français veulent que leur Président soit toujours là. Et si c’était pour l’accabler de tous les maux et ainsi mieux oublier la part de responsabilité de chacun…
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