L'Etat-actionnaire en a fini de jouer les naïfs. En tout cas chez Renault. Oubliés les temps pas si lointains où l'administrateur dépêché par Bercy acquiescait béatement à tout ce que proposait le patron de Renault. L'Etat, à travers son ministre de l'Economie, de l'Industrie et du Numérique, Emmanuel Macron, a décidé de faire valoir ses droits d'actionnaire en utilisant tous les moyens qu'il a sa disposition. Et il le prouve : pour rejeter la résolution visant, lors de la prochaine assemblée générale, à bannir le droit de vote double pour les actionnaires de long terme, la puissance publique n'a pas hésité à acquérir 4,73% des actions (temporairement) pour constituer une minorité de blocage.
prendre temporairement une minorité de blocage
Ce réveil de l'Etat-actionnaire n'est vu d'un bon oeil ni par la communauté financière ni par les dirigeants de Renault, à commencer par Carlos Ghosn. Certains fustigent le fait que Bercy utilise des outils que ne renieraient pas certains fonds activistes mais Emmanuel Macron n'en a cure. Dans un courrier adressé au PDG cette semaine, le ministre rappelle clairement ses intentions : prendre temporairement une minorité de blocage pour rejeter une résolution (sur laquelle il avait déjà alerté le PDG en amont). La lettre, citée par Les Echos, met aussi le doigt là où cela fait mal en rappellent que l'Etat est actionnaire de Renault depuis 70 ans et qu'en pleine crise le PDG de Renault a su être à l'écoute de son actionnaire de référence pour bénéficier d'un prêt d'urgence.
Autrement dit : n'en déplaise au patron du Losange, la destinée de Renaut, ce n'est pas seulement son affaire mais aussi (et surtout ?) celle de l'Etat français qui détient -faut-il le rappeller ?- la plus grande part du capital. Qu'on se le dise : l'Etat reprend en main son destin d'actionnaire et est prêt à en faire valoir tous les droits afférents. Et c'est plutot une bonne nouvelle.
Thibaut de Jaegher
29/04/2015 - 13h54 - Hockloff
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