Ces ingénieurs qui changent de cap
La pandémie a bouleversé nos vies et incite de nombreux cadres à revoir leurs priorités et à réorienter leur carrière. Témoignages d’ingénieurs qui ont déjà franchi le pas.
«J'ai préféré arrêter avant de finir écartelé entre ma conscience et mon travail. » Le propos est net, sans bavure, mais dénué de toute agressivité. À 46 ans, Jérôme Boisneau est à la tête d’une ferme maraîchère en permaculture de 6 hectares à Vic-Fezensac dans le Gers, « certifiée bio et Ecocert », précise-t-il. Après dix années passées dans l’industrie, cet ingénieur diplômé de l’École nationale supérieure des technologies et industries du bois (Enstib), située à Épinal (Vosges), a décidé de franchir le Rubicon en 2007. « J’ai voulu changer de voie pour nourrir les gens, et surtout bien les nourrir, mais également pour me retrouver en phase avec mes valeurs écologiques », revendique ce brun affable originaire d’Angers et père de trois enfants.
Au « stress inutile » qui le minait lorsqu’il évoluait dans son précédent job, entre pression des clients, « management infantilisant », et bruit « infernal » des machines, Jérôme a préféré affronter les incertitudes météorologiques, l’amoncellement des normes sanitaires et les aléas des récoltes. « Je vis en pleine campagne, dans un environnement paradisiaque. Même si je ne compte pas mes heures et que je n’ai pas pris un seul jour de vacances au cours des cinq années suivant mon installation, je suis heureux et épanoui. Je gère mon destin », sourit-il.
Jérôme Boisneau, Ingénieur dans le bois devenu maraîcher dans le Gers
« Ma nouvelle activité a du sens. Je nourris les gens. Je jouis d’une liberté totale et je travaille quand je le souhaite. Ma formation d’ingénieur me permet d’être véritablement efficace dans mon job, car j’ai eu l’habitude de gérer des process complexes, d’anticiper, de planifier. Cela me sert quand j’irrigue mes terres, par exemple. Mes capacités d’abstraction et de réflexion me sont très utiles. En termes de reconnaissance, je suis gâté : je tiens un blog, je donne des conférences et je suis en train d’écrire un livre sur la permaculture. »
Qu’ils deviennent skippers professionnels, brasseurs, entrepreneurs ou professeurs de yoga, de nombreux cadres quittent chaque année, de manière définitive ou provisoire, leur statut ou leur identité professionnelle d’ingénieurs et de salariés pour tenter une autre aventure.
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