Ce Canada, terre d’élection de l’intelligence artificielle, qui attire Thales
"Thales choisit le Canada pour son hub mondial en intelligence artificielle", a annoncé le français le 10 octobre. Un mouvement qui souligne la spectaculaire montée en puissance de Montréal dans l’IA au cours de 2017, année que la France aura consacrée à écrire des rapports.
"Thales choisit le Canada pour son hub mondial en intelligence artificielle", a annoncé le français le 10 octobre. Baptisé cortAIx et installé à Montréal, ce centre de recherches vise un effectif de 50 chercheurs d’ici à deux ans. Bigre ! Thales délaisserait-il l’Hexagone au moment où la France ambitionne d’être championne de l’IA ?
Pas du tout, répond en substance du Canada Marko Erman, directeur Recherche et Technologies du groupe : "La France est et restera notre principale force en IA, avec plus de 100 chercheurs en Ile-de-France. Le hub de Montréal est mondial au sens où il servira l’ensemble du groupe, mais la recherche en IA, comme toute la R&T, sera pilotée de Paris." Et d’expliquer l’implantation à Montréal : "L’idée est d’accroître la masse de nos talents, Montréal représente un vivier exceptionnel. " Pas d’abandon de la France, donc, mais une louable extension du périmètre de l’IA chez Thales.
Des centaines de millions alloués à l'IA
Il n’empêche, le mouvement de Thales souligne la dynamique canadienne. Alors que la France aura passé l’année 2017 à réaliser des rapports devant permettre l’élaboration d’une stratégie nationale, le Canada aura, lui, annoncé des centaines de millions de dollars pour l’IA et attiré les plus grandes entreprises du secteur. En 2017, 100 millions de dollars ont ainsi été alloués à l’IA par Québec, 125 millions par Ottawa, 96 millions par le Fonds d'excellence en recherche Apogée Canada. L’IA captera aussi probablement une bonne partie de 950 millions de fonds fédéraux annoncés en mai pour financer jusqu’à 5 supergrappes, les super-clusters de nos cousins d’Outre-Atlantique.
Google, Facebook, Deepmind et Microsoft s'installent
Côté entreprises, Google, Facebook, Deepmind et Microsoft ont lancé cette année leurs centres de recherche en IA à Montréal, qui brandit pour étendard le chercheur Yoshua Bengio, l’un des trois pionniers du deep learning - avec le Français Yann LeCun, parti, lui, chez Facebook. La France regorge de talents en IA, mais pour les retenir, les faire fructifier et en attirer d’autres, financements et visibilité s’imposent. En juillet dernier, Patrice Caine, le patron de Thales, ne disait pas autre chose à L’Usine Nouvelle : "Dans cinq ans, il sera trop tard. J’appelle les pouvoirs publics à mettre 5 milliards d’euros sur cinq ans pour que l’industrie de l’intelligence artificielle puisse émerger en France."
Un hub IA de Thales en Ile-de-France ?
"Les propos de Patrice Caine soulignent l’importance de mettre rapidement des moyens importants dans l’IA. Si le Canada et la France sont deux pays qui ont une vraie vision stratégique sur le sujet, dans les deux cas, le financement de la recherche dédiée est insuffisant", pointe Marko Erman. Montréal a tout de même pris cette année une longueur d’avance sur Paris, tant en termes de financement que de visibilité. Le hub de Thales y participe, alors que les chercheurs franciliens en IA du groupe sont dispersés dans plusieurs unités. Pourquoi Thales ne créerait-il pas un hub IA dûment estampillé en Ile-de-France ? "C’est pour nous plus une question de présentation que de fond, mais nous y réfléchissons, révèle Marko Erman. Nous sommes en train de faire un bilan de nos partenariats académiques sur le sujet."
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