Cataclysmique Harvey
L'ouragan avait finalement été déclassé en tempête tropicale. Mais les trillions de litres de pluie déversés sur le seul Texas vont faire d'Harvey l'une - sinon la - des plus grandes catastrophes naturelles enregistrées aux États-Unis. Au soir du 31 août, le gros de la tempête semblait en avoir fini avec le Texas, et attaquait la Louisiane. Les calculettes des assureurs n'ont pas fini de chauffer. Les estimations des dégâts oscillent déjà entre 30 et 100 milliards de dollars. Mais avec l'eau parfois encore présente, l'étendue du désastre prendra des semaines à se dévoiler. Sans parler du bilan humain déjà dramatique et qui risque de s'alourdir fortement.
« Les regards tournés vers l'usine d'Arkema à Crosby »
Dans cette tourmente, tous les regards se sont tournés vers Arkema. L'histoire de l'usine de peroxydes organiques de Crosby, au Texas, aura fait le tour du monde. Mis à l'arrêt et sécurisé dès le 25 août, ce site de 57 salariés a fait l'objet de grandes inquiétudes en raison des risques d'incendies et d'explosions liés à l'instabilité de ces produits en l'absence de réfrigération. Arkema n'a cessé de prévenir et d'oeuvrer avec les autorités locales pour alerter et prémunir les riverains des risques. Le groupe français avait pris soin de stocker les lots de peroxydes organiques dans des containers à température dirigée sur huit remorques sur le site, à l'extérieur de l'usine, pour diminuer les risques sur les installations de production, tandis que la population a été évacuée dans un rayon de 2,4 km autour. Avec la perte de l'électricité puis de tous les dispositifs d'alimentation de secours, en raison d'une effroyable hauteur de près de 2 m d'eau sur le site au plus fort de la crise, le risque d'incendie s'est concrétisé. Le 31 août, une des huit remorques avait ainsi subi la dégradation des produits jusqu'à l'embrasement. Pour les autres, il n'y avait guère d'espoir d'échapper à un sort similaire tant que le site restait inondé et interdit d'accès par les autorités.
VOS INDICES
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79.27 +1.26
30 Mars 2023
Pétrole Brent contrat à terme échéance rapprochée
$ USD/baril
156.7 -5.26
Février 2023
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 20.1 − Produits chimiques de base, engrais, Produits azotés, plastiques, caoutchouc synthétique
Base 100 en 2015
160.4 -1.78
Février 2023
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 20.30 − Peintures Industries
Base 100 en 2015
Aux États-Unis, le groupe français dispose de deux autres usines de peroxyde organiques, en Virginie et dans le New Jersey. Dans le monde, une dizaine d'autres tournent, en Allemagne, en Italie, au Mexique, ou encore en Asie. Au Texas, les sites d'Arkema à Bayport (acide acrylique), Beaumont (thiochimie) et Clear Lake (acryliques) avaient tous mis en place des mesures de sécurité mais aucun incident particulier n'a été déclaré.
Au-delà d'Arkema, l'industrie chimique dans tout le Golfe du Mexique connaît déjà de sérieuses difficultés et la décrue sera pénible. Ces derniers jours, des dizaines de déclarations de situation de force majeure ont été enregistrées. Une multitude d'acteurs du secteur, de Celanese à Covestro, de Dow à Sekisui, est concernée. Une vingtaine de vapocraqueurs et des dizaines d'unités avaient été arrêtés ou avaient vu leurs cadences de production sérieusement réduites. Selon un décompte de Chemical Week, la capacité de production d'éthylène de l'ensemble des États-Unis en arrêt dépassait les 40 %. Le taux atteignait 30 % pour les chaînes de polymères et propylène, tout comme pour la capacité américaine de butadiène. L'AFP indiquait par ailleurs que près de 21 % des capacités totales de raffinage aux États-Unis étaient hors circuit dès le 30 août, avec de sérieux coups de frein pour les productions d'aromatiques. Les crues engendrent aussi des dégâts matériels, impossibles encore à déterminer. Des tensions sur les prix seront inéluctables. Ont aussi été répertoriés des cas de containers ou des cuves de stockage emportés, ce qui entraîne forcément des pollutions. Les conséquences économiques risquent d'être douloureuses. Que ce soit pour l'industrie chimique et l'économie américaines, mais aussi peut-être, par ricochet, pour tout ou partie de la planète.