[Budget 2018] Où l'Etat a-t-il choisi de faire des économies?
Le projet de loi de Finances pour 2018 prévoit une baisse de 7 milliards d'euros des impôts et 15 milliards d'euros de réduction des dépenses. Les économies doivent surtout venir de la politique du logement et des contrats aidés.
Pour son premier budget, dévoilé mercredi 27 septembre lors du Conseil des ministres, le gouvernement avait promis à la fois d’alléger les impôts l’an prochain et de réduire le déficit public. Et donc de réaliser un effort douloureux en matière d’économies budgétaires. " C’est parce que la conjoncture est favorable qu’il faut accélérer la transformation économique du pays", a défendu Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie, lors de la présentation du projet de loi de Finances à Bercy.
C'est sur ce volet que le gouvernement est le plus attendu. L'équation est difficile, même si le maintien de la croissance à 1,7 % l'an prochain, comme en 2017, a donné un peu d'oxygène au gouvernement. Pour ramener à 2,6 % son déficit public l’an prochain, la baisse des impôts devrait toutefois être un peu moindre que prévue. Pour 2018, la fiscalité devrait être allégée de 7 milliards d’euros sur l’année, compte tenu de la baisse en deux temps de la CSG décidée par Bercy, contre 10 milliards d’euros de réduction d'impôts initialement annoncés.
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En contrepartie, l’effort d’économie est un peu moindre qu’annoncé. Mais la dépense publique devrait toutefois être freinée à 0,5 % de croissance en volume en 2018, contre 0,8 % l’an dernier. Un effort significatif. Au total, ce sont 15 milliards d’euros d’économies qui doivent être réalisées par rapport à l’évolution tendancielle de la dépense, dont 7 milliards d’euros à la charge de l’Etat.
Des gagnants et des perdants parmi les ministères
Sur quoi vont porter les coupes budgétaires ? Bien décidé à mettre fin aux "coups de rabot", le gouvernement cible principalement ses mesures d'économie sur deux ministères : La réduction du nombre de nouveaux contrats aidés à 200 000 l’an prochain doit contribuer pour une grande part des 1,5 milliard d’euros d’économies demandées au ministère du Travail. Les aides au logement devraient être réduites de 1,7 milliard d’euros en 2018, dont 1,5 milliard sur le parc social. Pour faire passer la pilule, le gouvernement table sur une réforme de la politique du logement et de la formation professionnelle et la mobilisation du grand plan d’investissement.
Tous les ministères ne sont pas au régime sec. L’éducation nationale profite d’une hausse de 1,3 milliard d’euros de son budget pour 2018. Celui de l’agriculture enregistre une hausse de 400 millions d’euros, celui de la transition écologique 500 millions, tandis que la recherche profite de 700 millions d’euros de crédits supplémentaires. L’agence nationale pour la recherche devrait bénéficier d’une enveloppe supplémentaire de 134 millions d’euros en 2018, soit une hausse de 5 % de son budget, tandis que les crédits budgétaires pour la filière aéronautique vont être doublés, pour atteindre 135 millions d’euros. Autre gagnant déjà largement annoncé, la défense voit son budget augmenter de 1,8 milliard d’euros cette année et devrait voir ses effectifs croitre de 518 postes, principalement en faveur du renseignement et de la cyberdéfense.
Une pause des grands projets
Pour freiner ses dépenses, l'Etat prévoit aussi de réduire ses effectifs. l’Etat prévoit de supprimer 295 postes, après en avoir créé 13 915 l'an dernier. Seuls trois ministères, ceux de la justice (+1000 postes), de l’intérieur (+1400) et de la défense sont épargnés. Le ministère de la transition écologique concentre lui une grande partie des efforts à 828 postes en moins. L’effort demandé aux opérateurs de l’Etat est plus soutenu encore, avec une réduction de 1276 postes, principalement à Pôle emploi et dans les agences relevant du ministère de l’environnement. Le gouvernement table aussi sur le gel du point d’indice de la fonction publique, déjà annoncé cet été, pour contenir l’évolution de la masse salariale.
Dernière piste d'économie, le gouvernement confirme pour l’an prochain une pause dans les grands projets d’infrastructures. Les agences de l’eau devraient aussi être mises à contribution pour financer l’agence de la biodiversité. Les chambres de commerce et d’industrie vont de leur côté à nouveau assumer une réduction de 150 millions d’euros de leur taxe affectée.Suffisant pour tenir les engagements budgétaires ? " Il n’y a pas d' économies qui ne soient pas documentées", jure Bruno Le Maire.
L’Etat n’est pas non plus le seul mis à contribution. 4,2 milliards d’euros d’économies sont attendus sur le budget de la sécurité sociale et 3 milliards d’euros sur celui des collectivités locales et de la Société du grand Paris. Même si les dotations aux collectivités ne sont pas modifiées cette année, le gouvernement table sur un ralentissement des dépenses des collectivités de 1,8 % en 2017 à 1,2 % dans le cadre des contrats en cours de signature. La grogne des régions, furieuses de la volonté de l'Etat de ne pas reconduire le fonds de compensation de leurs nouvelles compétences montre que ce sera loin d'être aisé.
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