[Brexit] Le Royaume-Uni plonge Airbus au centre d'un nouveau contentieux commercial
À quelques semaines du Brexit, prévu le 1er janvier 2021, le Royaume-Uni soigne ses relations avec les États-Unis... Quitte à perturber ses relations avec l'Union européenne dans le secteur aérospatial.
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Mis à jour
10 décembre 2020
Le Royaume-Uni a décidé de suspendre dès le 1er janvier 2021 les surtaxes douanières sur les produits américains imposées dans le cadre du litige sur les subventions accordées à Boeing et Airbus. Avec cette annonce, faite mardi 8 décembre, le gouvernement britannique prend de court l'avionneur européen et met en lumière le fossé grandissant entre le Royaume-Uni et l'Union européenne (UE) dans le secteur aérospatial. La date du 1er janvier coïncide avec l'entrée en application du Brexit.
Le Royaume-Uni plaide l'apaisement
Selon le gouvernement britannique, qui négocie actuellement les termes de son divorce avec l'Union européenne, ce choix ambitionne d'apaiser le conflit commercial entre les États-Unis et l'Europe qui a entraîné une série de mesures et de contre-mesures. La décision signale aussi la volonté du Royaume-Uni de renforcer ses liens avec les États-Unis, alors que les deux pays ont entamé des discussions sur un accord commercial bilatéral post-Brexit.
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Les États-Unis se sont félicités de cette nouvelle. Selon le Bureau du représentant américain au commerce (USTR), le Royaume-Uni n'a pas autorité pour continuer à imposer ces surtaxes puisque seule l'Union européenne avait reçu l'autorisation de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC) pour taxer 4 milliards de dollars de produits américains (environ 3,3 milliards d'euros).
"Le Royaume-Uni peut dire adieu à de nouveaux investissements"
Airbus a tempéré l'ampleur de l'annonce. Le constructeur aéronautique affirme n'avoir d'autre objectif que celui de trouver une solution négociée à ce conflit qui dure depuis plus de quinze ans.
En privé, plusieurs sources européennes proches des négociations commerciales conduites avec les États-Unis estiment toutefois que la décision britannique pourrait provoquer de sérieuses tensions entre le Royaume-Uni et l'UE. Deux de ces sources affirment que plusieurs capitales européennes ont perçu la décision britannique comme une trahison alors qu'Airbus emploie environ 14 000 personnes au Royaume-Uni. "Il y a toujours eu des désaccords, mais c'est la première fois que l'aspect politique a aussi clairement pris le dessus", a commenté une source industrielle britannique.
Les principaux actionnaires d'Airbus sont la France, l'Allemagne et l'Espagne. Le Royaume-Uni n'en est pas actionnaire mais il abrite presque la totalité de la production des ailes et fait entendre sa voix de manière indirecte. Selon plusieurs sources, la décision risque d'inciter Airbus à réexaminer sa politique industrielle et à se poser la question de la localisation de la production des ailes de ses appareils. "Cela fait beaucoup de tort et cela signifie que le Royaume-Uni peut dire adieu à de nouveaux investissements", a estimé l'une des sources de Reuters.
Avec Reuters (par Tim Hepher et William James ; version française Nicolas Delame)
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