Bouleversements chez Total et Sanofi
En ce début d'automne, la gouvernance de plusieurs des plus grandes entreprises françaises a subi des changements soudains. D'EDF à Areva en passant par GDF Suez, cette loi des séries a aussi frappé les leaders de la chimie et de la pharmacie. Toutefois, si Sanofi a connu un revirement des plus politiques à sa tête, Total a vécu un drame.
Aux commandes du géant pétrolier, Christophe de Margerie a été tué dans la nuit du 20 octobre à l'aéroport russe de Vnoukovo, près de Moscou, dans la collision avec un chasse-neige de l'avion privé qui le ramenait à Paris. Un drame qui a également coûté la vie aux trois membres d'équipage. Le 22 octobre, Total faisait revenir à la tête du groupe Thierry Desmarets, le prédécesseur de Christophe de Margerie et président d'honneur. À ses côtés, le conseil d'administration a nommé Patrick Pouyanné directeur général et président du comité exécutif. Cette gouvernance bicéphale est prévue jusqu'à fin 2015. Le 29 octobre, Philippe Sauquet, directeur Gas et Power et membre du comité directeur, succédait officiellement à Patrick Pouyanné pour prendre les rênes de la division Raffinage-Chimie. De ce changement de gouvernance ne devrait pas survenir de changement de cap dans la stratégie du groupe, que ce soit pour ses activités amont ou aval. « La qualité de nos équipes, les structures de gouvernance en place et notre organisation sont plus que jamais garantes de continuité dans le processus de transformation du groupe auquel, au côté de Christophe de Margerie, nous travaillions depuis plusieurs années », assure d'ailleurs Patrick Pouyanné. Sur le plan des activités chimiques, on ne peut de toute manière imaginer un quelconque revirement d'orientation. Déjà car le nouveau directeur général de Total a lui-même amorcé l'intégration des activités raffinage et chimie ces deux dernières années, et poursuivi le recentrage vers la pétrochimie et les polymères à haute valeur ajoutée en privilégiant les bases industrielles intégrées, et en se séparant des actifs n'entrant pas ou plus dans le coeur de business du groupe, tels GPN ou Bostik. De plus, Philippe Sauquet ne découvre pas l'industrie chimique. En 1988, il avait pris en charge la direction commerciale de la division Matériaux acryliques d'Orkem, activités aujourd'hui dans le périmètre d'Arkema, avant d'entrer chez Total en 1990 comme directeur des Peintures anticorrosion (ex-SigmaKalon, aujourd'hui dans le giron de PPG), puis de devenir le directeur Stratégie chimie jusqu'en 1997. L'assurance de la stabilité de la stratégie de Total a d'ailleurs été renforcée par l'évolution du cours de Bourse qui a à peine vacillé après la catastrophe. Le groupe a même retrouvé la place de n°1 du CAC 40, aux dépens de Sanofi...
« Pas de changement de cap dans la stratégie »
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76.5 -14.72
Décembre 2022
Cours des matières premières importées - Pétrole brut Brent (Londres) en euros
€/baril
178 -1.93
Décembre 2022
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 20.1 − Produits chimiques de base, engrais, Produits azotés, plastiques, caoutchouc synthétique
Base 100 en 2015
161.7 +1.83
Décembre 2022
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 20.30 − Peintures Industries
Base 100 en 2015
L'histoire est tout autre du côté du laboratoire français. Le 29 octobre, Christopher Viehbacher, directeur général depuis 2008, a été sèchement contraint de démissionner suite à la décision du conseil d'administration, à « l'unanimité », de mettre fin à ses fonctions. Un coup de tonnerre inattendu, même si les tensions étaient palpables ces derniers mois. Style de management peu apprécié, tensions avec le conseil pas toujours averti en amont de certaines décisions, perspectives moins bonnes qu'attendues dans le domaine du diabète, déménagement familial à Boston et craintes d'un déplacement de la gouvernance du fleuron français en Amérique, les frictions se seraient multipliées. Si Serge Weinberg, président de Sanofi nommé depuis p-dg par intérim, a beau jurer que cette éviction ne traduit « aucune inflexion stratégique » du groupe, il subsiste, a contrario du cas Total, plus de doutes sur la véritable continuité stratégique.