Après IBM, Amazon suspend l'accès de la police américaine à son outil de reconnaissance faciale
Devant la pression des associations, Amazon décide finalement de ne plus fournir son outil de reconnaissance faciale à la police américaine. Le groupe américain a annoncé le 10 juin un moratoire d'un an sur l'utilisation du logiciel Rekognition par les forces de l'ordre.
Avec
Mis à jour
11 juin 2020
Le mouvement Black Lives Matter va-t-il inspirer une remise en cause des technologies de reconnaissance faciale ? Mercredi 10 juin, Amazon a annoncé un moratoire d'un an sur l'utilisation par la police américaine de Rekognition, son logiciel de reconnaissance faciale. Cette décision intervient alors que des manifestations de masse ont lieu aux États-Unis pour dénoncer les violences policières contre les personnes de couleur après la mort de George Floyd.
"Nous continuerons à permettre à des organisations [...] d'utiliser Amazon Rekognition pour aider à sauver les victimes de la traite des êtres humains et à réunir les enfants disparus avec leurs familles", indique Amazon dans un communiqué en citant plusieurs associations américaines. Mercredi 3 juin, le groupe avait également annoncé un don de 10 millions de dollars à plusieurs organisations qui oeuvrent pour l'éducation et la défense des communautés noires aux États-Unis.
VOS INDICES
source
Le logiciel soulève des craintes pour les libertés civiles
La mort de George Floyd aux mains de la police lors d'une interpellation brutale a alimenté les inquiétudes sur un possible recours inéquitable de la reconnaissance faciale contre des manifestants. L'annonce d'Amazon arrive également après deux ans de conflit entre le géant du numérique, qui a longtemps défendu son outil, et des activistes défendant les libertés civiles qui ont dit craindre que des reconnaissances faciales inexactes puissent entraîner des arrestations injustes.
Les détracteurs de cet outil ont par le passé mis en avant une étude montrant que le logiciel Rekognition peinait à identifier le sexe des individus ayant une peau foncée, une étude contestée par Amazon. Un collectif dénonce également l'utilisation des caméras de surveillance Ring d'Amazon par la police américaine.
Vers une réglementation des technologies de reconnaissance faciale ?
Dans un communiqué, l'entreprise, qui vend des outils d'informatique dématérialisée ("cloud") via sa division Amazon Web Services (AWS), dit avoir poussé pour qu'une réglementation garantisse une utilisation étique de son logiciel. "Nous espérons que ce moratoire d'un an donnera au Congrès suffisamment de temps pour instaurer des règles appropriées, et nous nous tenons prêts à aider si nécessaire", déclare-t-elle.
Le Congrès américain envisage depuis des mois une réglementation des technologies de reconnaissance faciale. IBM a écrit lundi 8 juin aux parlementaires pour les informer qu'il ne proposait plus de technologie de reconnaissance faciale, tandis qu'un autre rival, Microsoft, a refusé certains contrats et soutenu le principe d'une réglementation, sans aller jusqu'à un moratoire.
Avec Reuters (Jeffrey Dastin à San Francisco et Ayanti Bera à Bangalore ; version française Jean Terzian)
SUR LE MÊME SUJET
Après IBM, Amazon suspend l'accès de la police américaine à son outil de reconnaissance faciale
Tous les champs sont obligatoires
0Commentaire
Réagir