Adieu le diesel, ce tracteur roule à l'ammoniac!
Soutenue par Amazon, la start-up américaine Amogy a annoncé début juin avoir réussi à faire fonctionner un tracteur alimenté à l'ammoniac. Une première mondiale qui pourrait aider à réduire l'empreinte écologique du secteur agricole, même si de nombreux défis subsistent.
Dans la course à la transition écologique, l'agriculture est plutôt en queue de peloton. A l'échelle de la France, le secteur reste responsable d'environ un cinquième de l'ensemble des émissions de gaz à effet de serre générées. Un bilan peu reluisant au sein duquel les engins qu'utilisent les professionnels, encore majoritairement alimentés au gazole non routier (ou "diesel rouge"), ont un rôle non négligeable. Face à des normes anti-pollution de plus en plus contraignantes, certains veulent croire en l'avenir des tracteurs électriques, mais le manque d'infrastructures adaptées et la faible autonomie freinent leur développement.
Une densité énergétique intéressante pour l'ammoniac
Pour la start-up américaine Amogy, fondée en 2020 par des chercheurs du MIT, l'ammoniac pourrait être l'une des clés permettant de verdir l'agriculture. Bien connu des exploitants, ce composé chimique sert avant tout à produire des engrais. Mais il s'avère également une source d'énergie séduisante, puisque sa combustion de libère pas de dioxyde de carbone. Sous sa forme liquide (obtenue dès lors que la température descend en dessous des -33°C), il affiche une densité énergétique particulièrement intéressante, jusqu'à cinq fois supérieure à celle des cellules de batteries lithium-ion. Enfin, il dispose d’un réseau établi de transport et de stockage, contrairement à l’hydrogène par exemple.
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Bien décidée à démontrer la viabilité de cette solution, Amogy s'est associée avec l'université new-yorkaise de Stony Brook afin de mettre au point le tout premier tracteur alimenté à l'ammoniac. Ils ont ainsi remplacé le moteur diesel d'un modèle traditionnel de la marque John Deere par un réservoir à ammoniac liquide de 225 litres, puis l'ont équipé d'une pile à combustible hybride de 100 kW capable de convertir le carburant en hydrogène. Lors d'essais menés fin mai, l'engin a pu effectuer ses tâches habituelles pendant six heures avant de devoir passer par la case recharge, une étape réalisée en seulement cinq minutes.
Reste à verdir la production d'ammoniac
Si cette innovation constitue une avancée prometteuse, elle montre malgré tout plusieurs limites. L'ammoniac reste un produit écotoxique, acidifiant et eutrophisant et sa fabrication se révèle particulièrement polluante... Elle émet notamment d'importantes quantités de méthane et nécessite énormément de gaz naturel, ce qui explique par ailleurs que son cours flambe depuis quelques mois. Certains industriels, comme le norvégien Yara, réfléchissent aux pistes permettant de réduire l'empreinte environnementale du procédé, mais le chemin de la neutralité carbone semble encore bien sinueux.
La start-up ne compte pas pour autant baisser les bras et prévoit d'ores et déjà de passer à la vitesse supérieure. Après avoir utilisé l'ammoniac pour faire rouler un tracteur et voler un drone, elle veut désormais s'attaquer aux camions et aux navires, en préparant des expérimentations avant la fin de l'année. Pour tenter d'atteindre ses objectifs, elle pourra s'appuyer sur de prestigieux investisseurs, à l'image du géant Amazon.
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