Peu doutent de la réalité, mais il est plus difficile d’imaginer la solution permettant de réduire nos émissions. Ainsi la crise Covid – la plus forte récession en temps de paix, n’aura permis de réduire les émissions que de 7%. Et ce au prix d’efforts majoritairement payés à crédit : notre dette augmentera de 40%, soit plus de 800 milliards d'euros.
Le numérique a un rôle à jouer dans la réduction des émissions.
D’abord, en réduisant son propre impact carbone - les datacenters et les réseaux génèrent chaque année environ un milliard de tonnes de CO2, soit 2% du total mondial.
Ce niveau est comparable à celui de l’éclairage public et privé. La comparaison avec l’éclairage peut d’ailleurs être poussée plus loin : l’électrification a mis fin aux lampes à pétrole et le développement des LEDs a divisé par dix la consommation des ampoules. Il en va de même pour le numérique : la puissance des équipements double tous les 33 mois à consommation constante. La 5G apportera par rapport à la 4G la même amélioration que les LEDs par rapport aux ampoules à incandescence.
La chaleur générée par les datacenters (le refroidissement utilise un tiers de leur consommation) peut encore être optimisée, notamment comme source de chauffage. Le fonctionnement des serveurs sera plus efficace et mieux adapté à la teneur en carbone de l’énergie disponible à un moment donné. L’architecture d’internet n’a pas été conçue pour optimiser sa consommation. Elle sera améliorée dans les années à venir. Les datacenters vont continuer à se tourner vers des énergies décarbonées. Toutes ces améliorations se feront d’autant plus vite que les clients le demanderont et que le prix du carbone y poussera. Pour aller plus loin, on pourrait aller mieux répercuter les émissions de carbone des usages dans leur facturation pour donner un bonus à la frugalité – en veillant cependant de ne pas créer une atteinte à la neutralité d’internet. Ces solutions réduiront les émissions d’une façon beaucoup plus certaine que la diète numérique.
Au-delà de son impact propre, le numérique aidera à réduire les émissions d’autres secteurs.
Les transports domicile-travail génèrent autant d’émissions que l’ensemble du numérique. Le télétravail peut les réduire massivement tout en réduisant le temps et les accidents de transport. Mais pour cela, il faut que les infrastructures permettent le travail à domicile. Un smartphone consomme vingt fois moins d’énergie qu’une télévision et un SMS deux mille fois moins qu’une conversation téléphonique.
Le digital permet enfin de nombreuses avancées favorables au climat, telles que les moteurs électriques sans balais (plus puissants et plus efficaces), les aides à la navigation (qui permettent de réduire les distances et de réduire les embouteillages), les réseaux électriques intelligents ou le pilotage du chauffage (qui évite de chauffer des locaux vides), entre autres.
Et à ceux qui veulent bannir le téléphone portable, conseillons de bannir avant le café, les infusions et le tabac : une machine à café consomme en 6 minutes autant d’énergie qu’une télévision en une heure ou un téléphone en un jour. Regarder une heure de vidéo ne génère que quelques grammes de CO2, bien moins qu’une cigarette. Stocker des centaines de photos dans le cloud consommera une quarantaine de grammes de CO2, autant que 200 mètres parcourus en voiture, un tiers de tomate ou 2 grammes de viande.