L'industrie au féminin

Le blog de Magali Anderson

Conversation entre une mère et sa fille – Conseils à ma fille

Publié le

Conversation entre une mère et sa fille – Conseils à ma fille
© Freepick

Tu viens de finir ta période d’essai et tu as enfin décroché ton premier CDI – Le fameux Graal. Je te sais soulagée, extatique suite à cette petite victoire. Mais malgré tout, je vois que tu es aussi tout à fait consciente que la vraie vie commence maintenant  et que les épreuves à venir sont au moins aussi ardues que celles passées. Aussi, une fois que tu as célébré sur les réseaux sociaux, appelé ta meilleure amie, et enfin allée sabler le champagne avec ta famille (dans cet ordre), il est temps de se préparer à l’étape suivante.

Prête ?

Tes collègues t’apprécient, ils te considèrent comme une jeune "qui en veut" et qui  donne un souffle de fraîcheur à ce service qui commençait à s’empoussiérer. Quelques-uns t’ont même accompagnée au bar d’à côté pour célébrer ton nouveau contrat.

Maintenant que tu as réussi à t’intégrer, il est enfin temps de lâcher les chevaux et de te faire une place au sein du service. Si jusqu’ici, tu cherchais surtout à apprendre, il est important désormais de prouver que tu as une valeur ajoutée à apporter.

Normalement, tu es déjà parvenue à identifier tes alliés. Celles et ceux qui prennent ta défense quand tu sors une bourde, qui font preuve d’une patience infinie lorsque tu poses ton million de questions (je suis bien placée pur savoir comment tu peux être pénible dans ces moments-là) et qui libèrent toujours du temps afin de t’accompagner dans ta formation. Ce premier groupe est comme un petit cocon où tu te sens bien, où tu es bien accueillie en toute circonstance. Cependant, il  y a aussi d’autres types de collègues.

Un deuxième groupe composé de celles et ceux qui sont neutres, qui t’ignorent, parce que : "Vous comprenez, madame, on en a vu défiler des jeunes. Nous, nous sommes toujours là et nous avons mieux à faire que perdre notre temps avec cette nouvelle recrue qui risque de ne pas passer le printemps".

Pourtant, ce ne sont pas les pires. Il existe un troisième groupe de collègues, plus négatifs, qui ont décidé de te faire la vie dure, car pour eux, accueillir une novice, c’est synonyme de bizutage : "Elle doit en baver autant que nous, à nos débuts, suivant cette magnifique tradition qui est la nôtre".

Le voilà ton nouveau défi. Partir à la conquête des récalcitrants.

Pourquoi ? Parce que les trois premiers mois, tu as appris tout ce qu’il y avait à apprendre du premier groupe. Désormais, tu dois faire connaissance avec le deuxième, et même le troisième groupe. Cela va requérir plus de patience et certainement d’être légèrement plus stratège, mais c’est une condition sine qua none pour élargir ton socle de connaissances et ainsi, réellement prouver que tu as l’étoffe d’une cheffe. Avec le premier groupe, ce fut facile, s’y faire des amis est à la portée de presque tout le monde, à toi maintenant de mettre en avant tes qualités de leader et ainsi prouver que tu peux t’intégrer à tout type d’équipe.

Il y a plusieurs méthodes qui ont fait leurs preuves, comme aller à la pause-café du matin, s’intéresser aux activités de jardinage du dimanche, connaître les prénoms des enfants, et même des petits enfants au besoin, et progressivement montrer un intérêt grandissant pour leurs projets et y participer. Je ne dis pas que cela doit être forcé, ou que tu dois être hypocrite ! Non, juste, rappelle toi que nous sommes tous humains et que finalement si une personne est un peu froide, c’est peut-être tout simplement, car elle ne te connaît pas.

Est-ce tout ? Non bien sûr, tu t’en doutes bien, cela serait bien trop facile !

Tu as été modeste au cours de ta formation et tu as ainsi évité d’être vu comme la pédante petite jeune qui pense tout savoir. Cela est une grande qualité, qui a parfois tendance à se perdre et je suis fière de toi. Mais maintenant, il est temps de montrer ce que tu vaux. Si tu ne veux pas être éternellement vue comme "la petite sympathique", avec qui il est agréable de travailler, qui est toujours prête à rendre service, mais qu’on n’imagine absolument pas dans un rôle, même futur, même lointain, de leader,  alors il faut dès maintenant agir, avant que tu sois enfermée dans cette case. Et crois-moi, il est très difficile de se défaire d’une étiquette tellement difficile qu’on finit par s’y identifier soi-même et par agir comme cela est attendu de nous, entrant ainsi dans un cercle vicieux !

Tu as un œil neuf sur l’entreprise. Tu sors d’une super école d’ingénieurs. Clairement, depuis ton arrivée, tu as dû voir plein de choses qui t’ont choquée ou au moins étonnée et ta tête doit fourmiller d’idées pour améliorer les processus en place, aussi bien dans la vie de bureau que dans les projets que tu as pu étudier. Non ?

Mais tu as peur. Peur que tes idées soient idiotes, ou pire, qu’à cause d’elles, tu sois tournée en ridicule devant tes collègues. Peur d’être celle qui va remettre en question l’ordre établi et surtout peur d’aller affronter Rober, le gardien des traditions. Tu sais que ta marge de manœuvre est faible, Robert t’as acceptée, mais te garde a l’œil et a été très clair sur le fait que le charme de ta jeunesse ne ramollira pas son jugement sévère sur tes compétences.

Donc il est maintenant temps de sortir de ta zone de confort. Tu peux continuer à utiliser ton air angélique pour poser des questions de plus en plus précises et inquisitrices sur les processus. Et puis mine de rien, tu vas commencer à proposer des idées d’amélioration.
Et pour m’assurer que tu le fasses, que tu ne passes pas les dix prochaines années à te complaire dans ton cocon tout en regrettant au fond de toi de ne pas avoir réussi à faire bouger les choses, et bien, je te propose un défi. Tu choisis le projet de ton choix, tu te donnes un délai de trois mois, par exemple (ou moins, mais pas plus) et tu reviens vers moi. Quand je dis, tu reviens vers “moi”, je ne me vexe pas si tu préfères plutôt faire ce pari avec une amie…

Et dans trois mois, on se revoit. Si tu as réussi, je te paye un dîner au restaurant,  sinon, tu Me payes un dîner au restaurant de Mon choix. Ce projet est le tien, cela pourrait être, par exemple, de supprimer toutes les bouteilles en plastique du bureau, ou autre chose plus dans le sens des processus industriels… Cela n’a pas vraiment d’importance.

Ce qui est important, c’est de démarrer un projet "disruptif", avec un objectif mesurable, dans un délai raisonnable afin de te prouver que tu as le pouvoir de changer les choses quand tu le veux !

Bonne chance (à ce moment-là, se serrer la main est de bon ton) et à dans trois mois.

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