Un pangolin, à l’autre bout de la planète. Voilà sans doute la source de la pandémie de Covid-19, à l’origine du confinement de plus de deux milliards d’êtres humains sur Terre. Un animal, braconné, dont le milieu naturel a été détruit au fil des années sous l’effet des activités humaines, devenu le réservoir d’un coronavirus dont la diffusion provoque l’arrêt brutal de l’économie mondiale. Une crise sanitaire qui souligne l’étroitesse des liens entre économie et écologie, qui nous rappelle l’existence des interconnexions entre la nature et ce que notre société produit. Ce qui, en retour, doit nous obliger à tenir compte de sa protection, notamment au niveau des entreprises. Il est en effet grand temps que la biodiversité s’invite dans nos usines…
La biodiversité s’érode et les maladies infectieuses progressent
On recense aujourd’hui environ 2 000 maladies infectieuses et parasitaires affectant l’homme. Pour 60 % d’entre elles, leur origine est animale. Une forte proportion, notamment lorsqu’on analyse les maladies émergentes les plus récentes. Cela s’explique par la pression qu’exerce l’humanité sur les écosystèmes. La croissance démographique mondiale affectant directement l’environnement, par exemple lorsque des forêts sont détruites pour l’agriculture ou l’exploitation minière.
Concernant le Covid-19, le virus proviendrait du pangolin, braconné massivement en Chine. Des animaux vendus vivants, stressés, ce qui accroît l’excrétion d’un plus grand nombre d’agents pathogènes. Cette traque décime les populations de pangolins et provoquerait un « goulot d’étranglement génétique ». Moins d’individus hébergeant de fait une variété plus réduite de virus, ce qui augmente statistiquement la probabilité d’héberger des agents pathogènes de plus en plus virulents. Des précédents existent, comme la fièvre hémorragique de Lassa, décrite pour la première fois en 1969 et qui sévit encore en Afrique. Dans cette région, des réfugiés avaient fui des zones de guerre - le Sierra Leone et le Libéria - pour rejoindre la Guinée. Pour se nourrir, ils ont déforesté et chassé un rat particulier, « Mastomys natalensis ». La diminution de cette population de rats a conduit à la sélection de formes très pathogènes du virus de Lassa, qui a circulé massivement chez ce rat et contaminé les chasseurs. Une maladie désormais endémique, qui tue environ 5 000 personnes chaque année en Afrique de l’Ouest selon l’Organisation mondiale de la santé.
Inclure la biodiversité dans la responsabilité sociétale des entreprises (RSE)
Des enjeux qui peuvent sembler bien éloignés des acteurs économiques français. Pourtant, dans une économie très largement mondialisée, où les matières premières et les produits manufacturés traversent les continents, les entreprises françaises ont un impact direct sur la biodiversité mondiale. Et peuvent de fait en limiter la destruction, comme l’a souligné la plateforme RSE dans un récent avis.
Un rapport collectif qui souligne la nécessité d’un accompagnement de l’Etat pour favoriser l’engagement des entreprises, en proposant des indicateurs communs d’impacts sur la biodiversité. La plateforme RSE appelle également les entreprises à intégrer plus fortement l>es enjeux de biodiversité dans leur stratégie, en s’engageant au plus haut niveau et en analysant l’impact de leurs activités sur les principaux facteurs d’érosion de la biodiversité. Mais également en intégrant mieux la biodiversité dans le reporting extra-financier et en mettant en œuvre des politiques ambitieuses de lutte contre la déforestation importée. Enfin, pour les investisseurs et agences de notation, la plate-forme appelle à mieux prendre en compte les enjeux relatifs à la biodiversité dans leurs analyses extra-financières et mieux communiquer sur leurs attentes.
L’érosion de la biodiversité et la destruction des écosystèmes a des effets sur nos vies quotidiennes, comme nous le rappelle la pandémie actuelle. Face à cette crise sanitaire, chacun d’entre nous détient une part des solutions pour penser un monde plus soutenable et résilient. Dont les entreprises, face à la destruction de la diversité du vivant. Un défi immédiat.
