En 2019, Facebook (Meta) annonce son projet de cryptomonnaie : pour la première fois, une entreprise semble vouloir rivaliser avec les États sur le terrain de la souveraineté monétaire. Le projet n’est pourtant qu’un mirage destiné à détourner le regard des régulateurs. L’objectif réel de Facebook n’est pas la création d’une monnaie mais bien d’un portefeuille numérique (wallet). Un outil bien plus puissant dont les caractéristiques échappent encore au grand public.
Les wallets, clefs de voûtes du Web 3.0
Pourquoi les wallets sont-ils aussi stratégiques ? Pas uniquement parce qu’ils peuvent permettre de stocker et d’échanger des monnaies virtuelles (cryptomonnaies). Mais également parce que leur infrastructure permet également d’échanger et de stocker des jetons numériques (tokens), qu’il s’agisse de «utilities» (des jetons permettant d’accéder à des services, à l’image du ticket de métro), de «securities» (des jetons représentants des parts ou des actions financières – positives ou négatives, à l’image de la dette) ou encore, de NFTs (jetons numériques non fongibles).
Par définition, un métavers est un monde virtuel ou augmenté dans lequel les objets virtuels disposent de valeurs réelles. En termes plus technologiques : tous les objets virtuels sont des NFTs. Par conséquent, les NFTs sont les clefs du métavers et les wallets en sont, d’une certaine manière, leurs porte-clefs. Les wallets sont ainsi les clefs de voûtes du Web 3.0 en ce qu’ils en constituent l’infrastructure de base.
Les banques de nouveau au cœur du système ?
Les wallets sont stratégiques parce qu’ils permettent de stocker des valeurs numériques. Mais aussi parce qu’ils constitueront de véritables hébergeurs de données sensibles et stratégiques. Protéger la valeur et protéger les data : d’une certaine manière, il s’agit du métier originel et historique des banques. Celles-là même qui se sentent pourtant en danger quand il est question des crypto-monnaies. Pourquoi ce contresens ? Sans doute parce qu‘historiquement les cryptomonnaies étaient teintées idéologiquement, à l’image de Bitcoin, d’un sentiment anti-banques. Mais paradoxalement, dix ans plus tard : les cryptomonnaies sont devenues une opportunité unique et historique pour les banques puisque la technologie leur ouvre la possibilité de se replacer au cœur du système financier de demain…mais également comme acteur privilégié du Web3.0 et du métavers.
Les wallets déplacent la valeur
Au-delà des banques, les wallets sont une opportunité pour toutes les marques qui disposent de programmes de fidélité. Mais aussi plus largement pour celles qui impliquent ou peuvent impliquer la création de comptes clients. Chaque entreprise a donc grande urgence à se positionner et à développer sa politique en matière de wallet. Et chaque État sera amené à très court terme à renforcer sa régulation pour garder au maximum un contrôle sur ces outils si stratégiques. Voir à développer le leur et à en étendre les possibles…à quand un wallet européen ?
Car c’est sans doute la dernière chose à avoir en tête : les wallets, contrairement aux banques, permettent à chaque porteur d’avoir réellement la main sur ses valeurs et ses datas. Il s’agit donc par définition de l’outil le plus RGPD compliant, sur le principe. Et cela quelque soit le créateur du wallet. Mais protéger les utilisateurs contre les risques cybers, contre les mauvais usages, etc : tels seront les défis à relever dans les prochaines années. Protéger les utilisateurs pour favoriser l’adoption…c’est d’ailleurs plus largement le grand défi à venir du web 3.0.
