Wall Street sous le signe de l'entrée en Bourse de Twitter
par Angela Moon
NEW YORK (Reuters) - Twitter sera la vedette de la semaine à venir à Wall Street, l'entrée en Bourse, programmée pour jeudi, du site de micro-blogging étant la plus attendue depuis celle de Facebook, intervenue en mai 2012.
Le prix de l'opération sera connu le 6 novembre après la clôture de Wall Street et le titre devrait être échangé dès le 7 novembre sous le symbole.
Le 24 octobre dernier, Twitter a dit viser une valorisation maximale de 10,9 milliards de dollars (8,1 milliards d'euros) à l'occasion de sa mise sur le marché, montant moins important que celui de 15 milliards que certains analystes avaient évoqué.
Le site de micro-blogging entend en effet vendre 70 millions d'actions à un prix compris entre 17 et 20 dollars, ce qui lui permettrait de lever entre 1,25 et 1,44 milliard de dollars. L'exercice d'une option de surallocation portant sur 10,5 millions de titres permettrait de porter ce total à 1,6 milliard de dollars en haut de fourchette.
"Il ne s'agit pas seulement de l'opération en tant que telle. L'entrée en Bourse permettra de mesurer le degré de liquidités sur le marché", note John Rutledge, chargé des investissements chez SAFANAD.
Les intervenants de marché seront également curieux de voir si l'entrée en Bourse de Twitter permettra d'éviter les ratés de celle de Facebook.
Dans le cas du premier site communautaire mondial, l'énorme volume d'ordres le premier jour de cotation - plus de 500 millions d'actions avaient changé de mains sur la séance - avait révélé un problème dans le système de transactions du Nasdaq.
Au final, de nombreux traders n'avaient pu avoir confirmation de l'exécution de leurs ordres, restant dans l'incertitude pendant plusieurs heures, voire plusieurs jours dans certains cas.
Pour éviter que se reproduise ce scénario, le New York Stock Exchange a procédé il y a une semaine à une simulation grandeur nature de l'entrée en Bourse de Twitter.
Selon des analystes financiers spécialisés dans le secteur technologique, l'appétit des investisseurs institutionnels pour le titre Twitter à la fourchette de prix retenue devrait être important.
Vendredi, Morningstar a été le quatrième courtier à fixer un objectif de cours bien au-delà de cette fourchette, laissant entrevoir un potentiel de hausse d'au moins 30% de la valeur.
IMPACT DU "SHUTDOWN"
L'autre événement important de la semaine sera la publication, le 8 novembre, des chiffres de l'emploi du mois d'octobre, une des statistiques les plus attendues par les intervenants de marché.
La publication de cette donnée a été retardée de plus d'une semaine par la fermeture partielle des services de l'Etat fédérale pendant les 16 premiers jours d'octobre pour cause de blocage budgétaire au Congrès.
Certains économistes pensent d'ailleurs que les chiffres de l'emploi pourraient être biaisés par l'impact du "shutdown".
"Nous sommes à un moment où nous devons prendre les indicateurs avec des pincettes. Certains des chiffres ont pu ne pas encore être affectés par le "shutdown", a déclaré Art Hogan, directeur général chez Lazard Capital Markets.
La croissance de l'activité manufacturière aux Etats-Unis a connu en octobre son rythme le plus fort en deux ans et demi, mais le rythme des embauches a ralenti par rapport au mois de septembre, montrent les résultats de l'enquête mensuelle de l'Institute for Supply Management (ISM) publiés vendredi.
"Cette statistique aurait dû porter l'empreinte de la fermeture des services fédéraux et nous n'en avons rien vu", a ajouté Art Hogan.
En revanche, ce "shutdown" a pesé sur la croissance des ventes de voitures aux Etats-Unis en octobre, montrent les chiffres publiés vendredi par les constructeurs, cinq des six principaux ayant réalisé des performances inférieures aux attentes.
Sur l'ensemble de la semaine dernière, le Dow a gagné 0,29% et le S&P 500 0,11% mais le Nasdaq a perdu 0,54%.
La fin de la saison des résultats va également tenir en haleine les acteurs du marché. Environ 74% des sociétés du S&P 500 ont publié leurs résultats trimestriels et 68,5% d'entre elles ont dépassé les attentes en terme de bénéfices, une proportion plus importante que la moyenne de long terme de 63% selon les données Thomson Reuters.
Mais 53,3% seulement ont battu le consensus de chiffre d'affaires, contre 61% en moyenne depuis 2002.
Benoit Van Overstraeten pour le service français