Wall Street pourrait passer outre aux "profit warnings"
par Caroline Valetkevitch
NEW YORK (Reuters) - Wall Street est bien partie pour réaliser sa meilleure année depuis 1998 mais dans le même temps les entreprises américaines se font du souci pour leurs résultats du quatrième trimestre.
Le rapport des avertissements sur résultats ("profit warnings") aux prévisions positives du trimestre en cours est bien parti pour être le pire depuis 1996 au moins, selon des données de Thomson Reuters.
De nouveaux avertissements pourraient secouer le marché la semaine prochaine mais les professionnels y voient surtout un ajustement à la baisse de prévisions d'analystes jusqu'alors un peu trop optimistes.
Wall Street a tiré parti vendredi d'une solide statistique de l'emploi de novembre mais elle n'en a pas moins mis un terme à huit semaines de hausse d'affilée. L'indice Standard & Poor's 500 a gagné 26,6% depuis le début de l'année et est bien parti pour signer sa meilleure performance annuelle en 15 ans.
"Wall Street a naturellement tendance, telle ou telle année, à être par trop optimiste en se référant au semestre écoulé de l'année ... Ce ne sont pas tant les entreprises qui ne sont pas à la hauteur que la hauteur où Wall Street place la barre", dit Matthew Kaufler, gérant de Clover Value Fund chez Federated Investors.
Il se peut donc que toute mauvaise nouvelle d'entreprise soit "déjà intégrée dans les cours", ajoute-t-il.
Les dernières statistiques économiques, dont celle de l'emploi de novembre, laissent penser que la reprise gagne en puissance au point que certains investisseurs redoutent que la Réserve fédérale amorce la réduction de ses rachats d'actifs mensuels plus tôt que prévu.
Ces deux éléments - reprise raffermie et incertitude sur le moment où se dénouera le programme d'assouplissement quantitatif de la Fed - sont davantage à l'esprit des boursiers que les nouvelles d'entreprises ces derniers temps et ça devrait durer.
IMPACT PONCTUEL
La Réserve fédérale entamera le dénouement de sa politique d'achats obligataires massifs au plus tard en mars, selon une enquête Reuters publiée vendredi.
Il reste que les prévisions de résultats du quatrième trimestre des sociétés composant l'indice S&P-500 ont sensiblement diminué depuis le début de l'année, lorsque les analystes anticipaient des comptes bien plus étoffés pour le second semestre.
Les bénéfices de ce trimestre sont à présent attendus en hausse de 7,8% au lieu des 17,6% anticipés en début d'année et des 10,9% projetés au début du quatrième trimestre.
Pour l'heure, 120 sociétés du S&P ont émis des prévisions. Elles sont habituellement 130 à 150 à le faire pour un trimestre donné. Pour le moment, c'est le secteur high tech qui a le plus de "profit warnings" négatifs, suivi par le secteur des dépenses de consommation courante.
Ce dernier a perdu 0,7% cette semaine, en raison d'un démarrage jugé décevant de la période des achats des fêtes de fin d'année.
Pour ce secteur, la statistique des ventes au détail de novembre, publiée jeudi et sans doute la plus suivie de la semaine, sera d'une importance d'autant plus grande.
"Même si le pourcentage (de profit warnings) est élevé il ne se diffuse pas réellement dans tous les secteurs", tempère Peter Cardillo, économiste de marché en chef de Rockwell Global Capital. "Evidemment, il a de l'effet sur telle ou telle valeur prise individuellement mais peut-être pas sur la tendance d'ensemble du marché".
Wilfrid Exbrayat pour le service français