Wall Street obsédée par la Fed
par Caroline Valetkevitch
NEW YORK (Reuters) - Les investisseurs auront cette semaine, peut-être plus que jamais auparavant, les yeux braqués sur la Réserve fédérale qui se réunit mardi et mercredi pour un Comité de politique monétaire qui pourrait s'avérer crucial.
Au centre de leurs préoccupations, figurent bien évidemment les intentions de la Fed quant aux suites qu'elle entend donner à son plan de rachat d'actifs: le maintenir ou le réduire.
L'annonce d'un début de dénouement de ce programme, qui prévoit le rachat chaque mois 85 milliards de dollars d'obligations, est "potentiellement le facteur le plus important pour le marché à court terme", souligne Robert McIver, gestionnaire de portefeuille chez Jensen Quality Growth Fund à Lake Oswego, dans l'Oregon.
"A cette seule pensée, le marché a eu des réactions très négatives", poursuit-il, ajoutant qu'une telle décision se traduirait sans doute par une période de consolidation.
De fait, les marchés d'actions, qui redoutent l'annonce d'une diminution des rachats d'actifs, ont enregistré la semaine dernière leur plus mauvaise performance en l'espace de près de quatre semaines.
La politique ultra-accommodante de la Réserve fédérale, entamée il y a 4 ans, a alimenté la hausse des indices boursiers, à Wall Street comme ailleurs. Depuis le 1er janvier, le S&P-500 affiche une hausse de 24%, contre 20% pour le Dow Jones et 32,5% pour le Nasdaq.
Le S&P-500 est pour l'heure en passe d'inscrire sa hausse annuelle la plus forte depuis 2003, mais ce qu'annoncera la Fed mercredi pourrait changer la donne.
Si la plupart des économistes interrogés par Reuters n'anticipent aucune annonce spectaculaire avant janvier ou mars, ceux qui prédisent une décision dès décembre sont de plus en plus nombreux, et la multiplication des indicateurs témoignant de l'embellie de l'économie américaine appuie leur hypothèse.
Un certain nombre d'analystes estiment toutefois que l'on surestime l'importance de la décision que prendra la Fed dans la mesure où il n'a jamais été question qu'elle cesse ses rachats d'actifs du jour au lendemain et que la diminution qu'elle annoncera, quelle que soit la date, sera forcément progressive.
"Je pense que certains sont trop fébriles avec la question du "tapering". Chaque jour ils cherchent une nouvelle information là dessus", souligne John Rutkedge, investisseur chez Safanad, un groupe d'investissement basé à New York. Je ne pense pas qu'ils annonceront quoi que ce soit la semaine prochaine, et lorsqu'ils le feront, ce sera une bonne chose d faite."
Nicolas Delame pour le service français