Vol MH370 disparu : pour le patron du BEA "il y a clairement eu une volonté de rendre l'appareil invisible"
L'enquête sur la disparition, en mars dernier, du Boeing 777 de la Malaysia Airlines poursuit son cours. Pour Rémi Jouty, le directeur du Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), il est impossible d'imaginer "une simple défaillance technique" qui aurait provoqué la désactivation de l'ensemble des systèmes de transmission de l'appareil.
La disparition du Boeing 777 de la Malaysian Airlines avec 239 personnes à bord le 8 mars 2014 reste auréolée de mystères. Le directeur du Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), Rémi Jouty, est revenu ce mardi 13 mai sur cinq points de l'enquête. De la participation de la France aux conséquences réglementaires de cet accident, qui s'impose déjà comme l'un des évènements les plus énigmatiques de l'histoire de l'aéronautique.
1. Sur la participation de la France aux recherches
"Trois experts du BEA, dont l'ancien directeur Jean-Paul Troadec, ont été envoyés en Malaisie pour une mission d'une semaine, du 16 au 24 mars. Ils ont rejoints leurs homologues américains et britanniques pour conseiller les autorités locales sur les moyens à mobiliser pour effectuer des recherches sous-marines."
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"Grâce à l'expérience acquise lors des recherches de l'épave de l'avion du vol AF447 Rio-Paris entre 2009 et 2011, nous avons pu apporter des réponses complètes aux autorités malaisiennes. Mais notre rôle n'a pas été au delà de cette consultation, nous n'avons pas été impliqué dans les recherches et donc dans la rédaction du premier rapport d'enquête."
2. Sur les différences avec les recherches du vol Rio-paris
"Je suis impressionné par le travail réalisé à partir des données collectées par le satellite de l'opérateur britannique Inmarsat. Extraire autant d'informations provenant d'un signal aussi faible et en se basant notamment sur les hypothèses de vols c'est assez incroyable."
"Ce travail a permis de définir une zone de recherche de 60 000 kilomètres carrés alors que celle pour retrouver l'épave du vol Rio-Paris représentait une surface de 17 000 kilomètres carrés."
3. Sur la thèse de l'accident
"Il y a clairement eu une volonté de rendre l'appareil invisible. Le transpondeur et les autres émetteurs de l'avion ont été coupés ce qui implique une intervention des pilotes, du personnel naviguant ou des passagers."
"Nous n'arrivons pas à imaginer une simple défaillance technique. On ne peut pas construire de scénario qui coïncide avec les éléments communiqués par les autorités malaisiennes".
"Il a été évoqué que l'avion transportait un chargement de batteries au lithium. Certes il s'agit d'une marchandises jugée dangeureuse mais même en cas de départ de feu on ne peut pas imaginer un scénario qui aurait conduit à une rupture des communications."
4. Sur l'incapacité à retrouver les débris
"Le vol Rio-Paris s'était complètement disloqué ce qui a favorisé la formation de débris. Pour le vol MH370, on ne connaît pas les circonstances du crash et il est possible qu'il ait subi moins de dégâts lors de son contact avec l'eau."
"La zone de recherche, plus vaste que pour le Rio-Paris, est une zone de mer agitée ce qui peut également compliquer les opérations en cours".
5 .Sur l'évolution de la réglementation
"ll est certain que cette catastrophe va donner du poids à l'effort de réforme qui vise à imposer des normes plus sévères pour la sécurité aérienne, notamment en matière de transmission des données pour les vols long-courrier".
"Malgré cette catastrophe, la tendance reste à la baisse du nombre de victimes dans des accidents d'avion. Nous continuons d'insister sur le fait que la plupart des problèmes sont dus à des erreurs humaines : les pilotes confrontés à des conditions de vol qui dépassent leurs capacités."
Julien Bonnet
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