Viva Tech : comment Cybe veut "réapprendre à construire" avec l'impression 3D du béton
La société hollandaise a présenté sa technologie d’impression 3D de béton lors du salon Viva Technology, qui se tient jusqu'au 17 juin à Paris. A l’occasion de cet évènement, la start-up affiche un partenariat avec Bouygues Construction. Objectif ? « Réapprendre à construire ».
C’est une première dans un salon : la société Cybe a fait la démonstration lors du salon Viva Technology de sa capacité à imprimer des formes complexes en béton. La start-up hollandaise, créée il y a quatre ans, a imprimé son premier bâtiment d’envergure – 168 m2 - à Dubaï il y a un mois. Particularité de ce bâtiment dédié aux drones – le R&Drone Laboratory - : ses formes complexes. « L’impression de béton a débuté il y a déjà un peu moins d’une dizaine d’années » rappelle Bart Vaessen, responsable du développement économique de Cybe, « mais il s’agit du premier bâtiment imprimé directement sur place, et non pas par morceaux dans une usine ».
Le bâtiment R&Drones :
VOS INDICES
source
142 -0.14
Février 2023
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 23.51 − Ciment (prix de marché)
Base 100 en 2015
143.9 +1.2
Février 2023
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 23.20 − Produits réfractaires
Base 100 en 2015
0 -100
Juin 2021
Polychlorure de vinyle - 03-1-31 PVC issus de démantèlement de BTP
Variation en €/tonne
Les avantages par rapport aux méthodes de construction classiques : imprimer pour pas cher, rapidement, des formes impossibles à réaliser avec du béton et les méthodes classiques, pour un béton que Bart Vaessen affirme « plus fort et plus dur que le béton normal. »
Un béton qui sèche en une minute !
Côté matériaux, Cybe a dû travailler sur les additifs chimiques qui entrent dans la composition du béton pour maîtriser la rhéologie du matériau, son temps de prise, et sa visquosité. La rhéologie est la tenue du béton sous l’effet des contraintes. Une première couche, notamment, doit pouvoir supporter une seconde couche. Le temps de prise du béton doit également être extrêmement rapide, de l’ordre de la minute. Ce qui n’est pas sans poser problème quant à la gestion de la fabrication du béton au pied du robot, mais permet de diminuer drastiquement le temps de séchage ! Enfin, la visquosité du béton doit être telle qu’il puisse être pompé par le robot et « imprimé » sans être ni trop solide, ni trop liquide !
Côté hardware, Cybe s’est servi parmi les robots industriels existants sur le marché (ici ABB) mais a conçu une tête d’impression sur mesure pour ces applications. Par ailleurs, le robot peut ensuite s’intégrer sur différents supports, comme des chenilles, pour se déplacer sur tous types de terrains.
Côté logiciel, enfin, l’impression 3D de béton se déroule comme les autres procédés d’impression 3D, basé sur le même format de fichiers. « On part du BIM pour faire une maquette 3D, à partir de laquelle il est simple de faire une petite maquette à présenter au client, puis d’imprimer le bâtiment lui-même, » explique Bart Vaessen.
Réapprendre à construire
S’il considère que sa technologie d’impression de béton est l’une des meilleures sur le marché, en particulier quant à la tenue du matériau, Bart Vaessen explique que la société, composée aujourd’hui de dix personnes, voit plus loin. « Nous voulons réapprendre à construire, explique Bart Vaessen. Grâce à cette technique, les différents pans de la construction, de la conception jusqu’à la finalisation, sont bien plus intégrés, et doivent l’être pour que cela fonctionne. Tout le monde travaille ensemble. »
C’est dans cette optique, « réapprendre à construire », que Bouygues Construction a annoncé qu’il collaborait avec Cybe, témoigne Roland Le Roux, responsable de l’Open Innovation et de la Réalité Virtuelle chez Bouygues Construction. « Ce qui nous intéresse dans cette technique, c’est la souplesse », explique Roland Le Roux. « Souplesse que la forme mais aussi sur les coûts et la rapidité. Nous n’aurions pu construire le bâtiment à Dubaï avec des matériaux classiques. On aurait dû faire faire des moules par des sous-traitants, ce qui aurait pu prendre un mois, puis une fois le béton coulé, il aurait fallu attendre trois semaines pour que cela sèche ! »
Outre la construction de bâtiments, dont un bâtiment qui devrait être « imprimé » à côté du siège de Bouygues Construction, Cybe prévoit d’utiliser sa technologie pour la construction de puits non standards, et, à terme, croit possible la construction de tunnels de la même manière.
Démonstration à voir en vidéo :