[Vinexpo] de la vigne au vin, comment le numérique se distille
Vinexpo ouvre ses portes le 18 juin à Bordeaux. Capteurs, drones, robots… Dans les vignes comme dans les cuves, l’innovation et les outils numériques se démocratisent. Même si cela prend plus de temps dans le monde du vin.
A Vinexpo, le salon mondial des vins et spiritueux qui se tient du 18 au 21 juin à Bordeaux, il devrait être un sujet incontournable. Comment ce secteur aux coulisses méconnues prend-il le virage digital ? Dans la vinification, la demande d’innovation est grande, pour supprimer les tâches répétitives et peu gratifiantes, comme de passer la journée sur un tracteur, ou optimiser le traitement des sols. Ainsi, 90% du vignoble bordelais s’est converti au tri automatique des vidanges sur la parcelle et aux GPS embarqués.
Mais si les drones et robots ne sont pas encore légions dans les vignobles, c’est parce que la France compte plus de 100 000 viticulteurs, qui ne disposent pas forcément des moyens ou de la taille de parcelles adéquate pour accueillir Wall-YE, le célèbre robot vendangeur. Ou Vitirover, une tondeuse intelligente conçue par un vigneron de Saint-Émilion pour se passer des machines onéreuses ou désherbants chimiques.
D’ailleurs, les grands fabricants eux-mêmes, qu’ils conçoivent des machines agricoles ou des pesticides, préfèrent s’attaquer en priorité à d’autres marchés plus homogènes, comme les grandes cultures.
Les grands crus montrent l'exemple
Conséquence, "le mouvement d’innovation vient par le haut : soit par les grands crus qui disposent de plus de moyens financiers, et la volonté d’être à la pointe en multipliant les expérimentations, ou par les grandes caves coopératives qui ont la surface et les moyens pour utiliser ces technologies", estime Gilles Brianceau, directeur d’Inno'Vin, le cluster de la filière vitivinicole en Aquitaine. Propriétaire d'une quarantaine de domaines viticoles, Bernard Magrez avait ainsi été l’un des premiers à acquérir son propre drone pour survoler les vignes du château Pape Clément, à Pessac-Léognan. Objectif, mesurer le nombre de ceps manquants, la corrélation entre la vigueur des feuilles et des raisins.
Des tonneux bourrés de capteurs
Les plateformes web se développent pour visualiser d’un coup d’œil ses parcelles et la synthèse des informations acquises par satellite, drone, avion, ou capteurs qui se multiplient sur le terrain pour surveiller l’évolution de la vigne ou celle du vin dans les cuves. "En témoigne la récente digitalisation du secteur de la tonnellerie : Seguin Moreau commence à introduire des bondes pour mesurer le niveau de ses barriques, tandis que Chêne & Cie (Taransaud) installe des capteurs de température, couleur, teneur en oxygène", raconte Manon Garcia, chargée d'animation et communication chez Inno'Vin.
Place à la protection de l'environnement
De nombreuses innovations émergent aussi pour répondre aux enjeux de la protection de l’environnement, thème évoqué cette année à Vinexpo, auquel les producteurs de vins sont de plus en plus confrontés. Comment maintenir les rendements tout en protégeant les vignes, mais en utilisant moins de pesticides ?
Des start-up multiplient les solutions permettant d’anticiper des risques météos, comme le gel, ou conseiller sur le meilleur moment pour traiter. "La Cave de Buzet, en collaboration avec Ertus Group et Telespazio, mène actuellement le projet collaboratif Oiseau, ayant pour objectif de mettre en place une solution permettant de pulvériser moins de produit en fonction de la vigueur de la vigne cartographiée", observe Manon Garcia. Mais il reste encore des progrès à faire pour diffuser cette « viticulture-oenologie de précision ».
Même si ces outils d’aide à la décision se multiplient. Comme l’application Vintel d’ITK pour mesurer le stress hydrique de la vigne en temps réel et d’alerter lorsqu’il faut irriguer. Reste à trouver l’outil miracle qui permettrait de centraliser toutes les données et de piloter toutes les opérations du vignoble. Dans les petits vignobles, comme ceux du Cher, de l’Indre et du Loiret d’où naissent le Sancerre Blanc et le Pouilly Fumé, on préfère, outre les investissements pour convertir les caves à la thermorégulation par exemple, mutualiser les moyens pour innover. En misant notamment sur le laboratoire d’analyses de la Sicavac, "disposant de techniciens en caves et dans les vignes, au service des professionnels pour les aider à rendre les expressions les plus intéressantes, choisir les meilleures maturités…", témoigne Benoit Roumet, directeur du BIVC, le Bureau Interprofessionnel des Vins du Centre. Des vins représentant 220 millions d’euros de chiffre d’affaires, exportés pour moitié.
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