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Villes-entreprises : Détroit, royaume de l'américain Ford
Cette semaine, nos séries d’été nous emmènent à la découverte de ces métropoles dont le destin est lié à une entreprise industrielle... pour le meilleur ou pour le pire. Aujourd’hui, cap sur Détroit, la capitale américaine de l'automobile, où Henry Ford a bâti son empire.
Le grognement nerveux du moteur de la Mustang ne se fait pas souvent entendre dans les rues de Detroit. Elles accueillent plutôt le miaulement discret de la Ford Fiesta, un modèle plus économique. La capitale américaine de l'automobile, où Ford a installé sa première usine, a été fortement touchée par la crise qui secoue le secteur depuis 2008. Le cœur de "Motor City" bat au même rythme que celui des usines qui l'habitent, en particulier celles de Ford, qui a profondément marqué l'histoire de la ville.
Cet empire industriel a été créé par Henry Ford. Ce fils d'agriculteur a galopé pendant son enfance dans la ferme familiale de Dearborn, au cœur de la banlieue actuelle de Détroit qu'il a contribué à développer. Il quitte la ferme à 16 ans pour s'installer dans la métropole naissante, où il monte successivement deux entreprises. La première fait faillite et la seconde est rachetée au bout d'une année d'existence.
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Première ligne de montage
La troisième fois sera la bonne pour ce serial entrepreneur : le 16 juin 1903, il fonde la Ford Motor Company, avec le soutien de 12 investisseurs. Il loue un atelier rue Mack, à Détroit, qu'il quitte rapidement pour un bâtiment plus grand, rue Piquette. C'est là qu'il imagine en août 1908, la voiture qui va faire sa fortune, la Ford T. Elle sera vendue à plus de 15 millions d'exemplaires.
Il crée en 1913 sa première usine de grande taille, à Highland Park (à la frontière de la ville). Dans ce gros parallélépipède de briques rouges, aujourd'hui condamné, il met en place une méthode production en vigueur dans les abattoirs de Chicago : le travail à la chaine, qui sera par la suite appelé fordisme. Le 7 octobre, les ingénieurs de l'entreprise installent dans le bâtiment la première ligne de montage, où les Ford T sont tirées par un treuil. Les 140 premiers ouvriers n'ont plus besoin de se déplacer, leurs tâches sont simplifiées au maximum.
Prime au mérite
Résultat : il ne faut plus 12 heures 30 mais seulement 93 minutes pour fabriquer la voiture. Son prix passe de 850 à 260 dollars. Ford embauche pour répondre au succès croissant que rencontre son véhicule star : en 1914, l'entreprise compte plus de 13 000 ouvriers. Les tâches étaient pénibles dans les usines et le rythme de travail soutenu. Pour éviter un turn-over trop important, Henry Ford décide de payer ses salariés 2,34 dollars par jour, plus une prime de 2,66 dollars, une somme importante à l'époque.
Mais cette prime était attribuée au mérite : les ouvriers devaient être des hommes mariés, entretenir parfaitement leur logement et leur jardin. Ils ne devaient ni fumer, ni boire... Ces exigences ont eu une influence forte sur la vie des habitants de Détroit et sur la culture locale. Les employés, mieux payés, ont pu s'installer dans de petits pavillons, avec un carré de pelouse soigneusement tondu à l'avant.
Une ville fantôme
Les automobiles siglées Ford ont régné sans partage sur les rues de la ville pendant plusieurs décennies, car les ouvriers du groupe étaient suffisamment bien payés pour s'offrir (après plusieurs années d'économies tout de même), le véhicule roi de l'entreprise, la fameuse Ford T. Les infrastructures routières de Detroit ont été adaptées en conséquence.
Mais Ford n'a pas été qu'une corne d'abondance pour Motor city : lorsque le groupe commence à délocaliser massivement ses usines à l'étranger, dans les années 80, le chômage s'installe. Ce mouvement s'est accéléré avec la crise financière de 2008, qui a entraîné dans une quasi faillite les principaux groupes automobiles américains. La ville comptait en 1950 1,9 millions d'habitants. En 2014, ils n'étaient plus que 700 000. Les ouvriers au chômage ont quitté leurs logements, dont ils ne pouvaient plus payer les traites, faute de salaire. Dans le quartier résidentiel de East of Hamtramck, les ronces ont envahi les terrains des maisons délaissées.
Mais Ford avait senti venir la tempête : le groupe a emprunté en 2005, deux ans avant la crise, 20 milliards de dollars aux banques pour relancer son activité. Portée par des investissements lourds de l'Etat, l'activité repart à Détroit et dans les alentours. Aujourd'hui, 500 personnes travaillent à la chaine dans l'usine Ford du Michigan, d'où sortent chaque jour plusieurs centaines de Focus et de C-Max.
Lélia de Matharel
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