Veolia inaugure à Hong-Kong la plus grande usine au monde de traitement de boues
Veolia traite désormais les boues d’épuration des 7 millions d’habitants de Hong-Kong grâce à une usine géante entièrement autonome en eau et en électricité. Une première mondiale qui dessine une partie de la ville durable de demain.
Elle est gigantesque. 360 mètres de long pour près de 75 mètres de haut. Pourtant, ses délicates courbes en forme de double vague, imaginées par le cabinet d’architectes français Claude Vasconi, s’intègrent parfaitement au milieu des collines de Hong-Kong et surplombent plaisamment la Deep Bay, juste en vis-à-vis de Shenzen. Ce monument, c’est le T-Park, la plus grande usine de traitement de boues d’épuration au monde.
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Avec une capacité de 2 000 tonnes par jour, elle est cinq fois plus grande que la deuxième unité du genre, située aux Etats-Unis. Aux manettes de ce site, entré en fonction fin 2015 et inauguré par les autorités Hongkongaises en mai 2016, on retrouve le géant français Veolia, qui a conçu, construit et exploite cette installation de 600 millions d’euros, financée entièrement par la ville.
90 % de déchets en moins
Cette usine répond à la volonté croissante de Hong-Kong d’assainir le traitement de ses déchets depuis deux décennies. Jusqu’à maintenant, les boues d’épurations, provenant des 7 millions d’habitants de la région, étaient au mieux enfouies, le plus souvent rejetées directement à la mer. Pour des raisons d’empreinte environnementale mais aussi d’emprise territoriale, les autorités ont décidé de se doter de ce centre d’incinération qui permet de diminuer de 90 % les volumes de déchets mis en décharge.
Pour remporter cet appel d’offre en 2010, Veolia a dû s’employer à résoudre de nombreux défis technologiques. Hong-Kong a imposé un emplacement au bout de l’île sur un ancien Polder, ce qui a forcé à construire toute l’installation sur pieux. Ensuite, l’usine reçoit les boues des onze stations d’épuration de l’Etat, qui ont des qualités différentes. Certaines sont même chargées d’eau de mer (utilisée pour des systèmes sanitaires) et donc très agressives pour les équipements. Veolia a du dimensionner ses outils pour accepter tous ces intrants.
Pour des raisons d’intégration au paysage, les quatre cheminées de 70 mètres ont été dissimulées au sein du bâtiment administratif situé au cœur de l’usine. Il ne faut pas non plus oublier la mise en place de quatre fours d’incinération d’une capacité de 500 tonnes par jour chacun, les plus gros jamais mis en service et qui ont permis de diminuer le coût global du projet.
Une usine 100 % autonome en eau et en énergie
Le plus grand défi a été celui de l’isolement. Complétement excentrée par rapport à la ville, l’usine a été bâtie dans une zone reliée ni à l’eau, ni à l’électricité. Aussi, pour satisfaire ses besoins, le site est doté d’une unité de désalinisation par osmose inverse qui peut fournir jusqu’à 600 mètres cubes d’eau par jour. Elle est équipée de deux turbines de 14 MW qui fonctionnent grâce à de la vapeur produite lors de l’incinération des boues. Ces turbines exportent même leur surproduction sur le réseau de l’île. L’usine est donc 100 % autonome.
Au-delà de ces défis industriels, le site compte aussi 70 % d’espace verts et un centre pédagogique sur la biodiversité et l’environnement. Antoine Frérot, le PDG de Veolia, ne cache pas son désir d'en faire un lieu d’éducation et de balades. Les bancs, les piscines chaudes et même les petits chemins en témoignent. "On veut prouver que le fonctionnement technique d’une ville n’a pas à se cacher, il peut être écologique et durable. On peut ainsi réconcilier les habitants de la ville avec ses outils et permettre de nouvelles façons de penser l’architecture urbaine", assure le PDG.
Pour Matthias Fekl, secrétaire d’Etat français en charge du Commerce extérieur, "cette usine démontre l’engagement de Veolia dans la ville durable, qui est la priorité de la France à l’export", un engagement qu’il lie "à la survie de l’humanité et aux enjeux de la COP21".
Une vitrine pour Veolia
Aujourd’hui, l’usine est chargée à environ 60 %. 1 200 tonnes de boues sont traitées chaque jour. Le plein potentiel devrait être atteint en 2030 à la faveur des renforcements réglementaires des autorités de Hong-Kong en matière de traitement des boues. Veolia est exploitant pour les 15 ans à venir. Gageons que ce site servira de vitrine pendant cette période. "C’est l’usine de traitement des boues d’épuration du futur, c’est quasiment une bioraffinerie", assure le PDG, qui regarde avec intérêt le développement de la prise de conscience environnementale dans le petit Etat Hongkongais et surtout dans l’immense Chine voisine.
A Hong-Kong, Ludovic Dupin
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