Variants : la course technologique est lancée pour adapter les vaccins
Face à la progression des variants, plusieurs vaccins connaissent une baisse d'efficacité. C'est particulièrement le cas pour le variant 501.V2, identifié pour la première fois en Afrique du Sud. Changement de la séquence, augmentation de la dose injectée, combinaison de différents vaccins, des pistes sont en cours d'évaluation pour tenter de renforcer la réponse immunitaire face à ce variant.
Nouveau top départ… pour la course à l’adaptation des vaccins aux variants. En particulier le variant 501.V2 (également appelé « B.1.351 ») identifié pour la première fois en Afrique du Sud, bien moins sensible aux vaccins que la souche initiale du Sars-CoV-2 ou même que le variant 501.V1 (dit « britannique », encore appelé « B.1.1.7 »).
Baisse d’efficacité significative
D’après les données disponibles, trois vaccins fonctionnent moins bien contre le variant 501.V2. Le vaccin à protéines recombinantes Novavax atteint seulement une efficacité de 60 % en Afrique du Sud, alors qu’elle s'élève à 90 % aux Royaume-Uni, selon les résultats d'essais cliniques communiqués par la firme. Le vaccin à vecteur viral de Johnson & Johnson est également concerné par la baisse d’efficacité : celle-ci stagne à 57 % en Afrique du Sud, alors qu’elle monte jusqu’à 72 % aux Etats-Unis, d’après la phase 3 de l’essai clinique. Concernant le vaccin d’AstraZeneca, à vecteur viral toujours, une récente étude (en préprint) montre que l’efficacité, sur une population jeune, passe de 62 % sur la souche d’origine à 22 % sur le variant 501.V2. « Reste à savoir s’il permet d’éviter les formes graves, ce que nous dit pas l’étude », commente Brigitte Autran, professeure émérite d'immunologie à la faculté de médecine Sorbonne-Université et membre du comité vaccin COVID-19.
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Du côté des technologies à ARN messagers, Pfizer/BioNTech et Moderna constatent également une baisse de l’action des anticorps neutralisants de leurs vaccins. La sensibilité du variant sud-africain à ces vaccins subirait ainsi « une légère diminution de 30 % environ », d’après un avis du Conseil scientifique rendu le 12 février.
À la diminution de l’efficacité des vaccins face à ce variant, se double l’incertitude quant à son évolution dans la population. « Nous ne savons pas encore quelle sera sa capacité à dominer la scène par rapport au variant de type anglais. Il faut donc se préparer », souligne la spécialiste.
Modification de la séquence
La première piste à l’étude est d’ordre technologique : elle consiste à modifier l’antigène du vaccin d’origine. « Toutes les firmes sont en train de travailler sur des nouvelles formes de vaccins qui intègrent ces mutations, confirme la professeure Brigitte Autran. BioNTech avait estimé qu’il lui fallait six semaines pour développer un nouveau vaccin. »
Plus précisément, les laboratoires doivent modifier la séquence correspondante à la protéine Spike (S). « Il y a au moins trois mutations principales de la protéine S qui entrent en jeu pour le variant 501.V2. La mutation 501 est commune aux variants anglais et sud-africain, et affecte peu la reconnaissance par les anticorps, les vaccins restent plus ou moins efficaces. Les mutations 484 et 417 en revanche affectent leur reconnaissance, les anticorps perdent ainsi beaucoup d’efficacité de neutralisation, ce qui diminue l’efficacité des vaccins », explique Brigitte Autran.
Le principe d'une mutation est qu'elle chamboule l'enchaînement d’acides aminés, qui constituent la séquence protéique. « Pour adapter leur vaccin au variant, les laboratoires doivent donc modifier les triplets de base de nucléotides, puisque ce sont eux qui codent les acides aminés », éclaire Mme Autran.
Augmenter la dose et combiner les vaccins
Des réflexions sur les stratégies vaccinales à adopter sont également en cours pour répondre à la baisse d’efficacité des vaccins face au variant 501.V2. L’une des options consiste à augmenter le nombre d'injections. « L’idée est d’augmenter le niveau d’anticorps pour arriver à passer au-dessus du seuil qui permettrait de combattre ces variants », précise Brigitte Autran. Problème : le « corrélat de protection » est inconnu. « En d’autres termes, nous ne savons pas encore quel est le titre d’anticorps nécessaire et suffisant pour assurer une protection », explique-t-elle.
Combiner deux vaccins différents est également une stratégie à l’étude. « Le but est toujours de renforcer la réponse immunitaire. Si nous combinons deux vaccins, ils vont pouvoir agir séparément sur le système immunitaire et induire globalement plus d’anticorps contre le virus. Plusieurs combinaisons sont en cours d’évaluation », contextualise Mme Autran.
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