La deuxième entreprise minière diversifiée - derrière BHP Billiton, mais devant
Rio Tinto - vient d'annoncer d'excellents résultats s'appuyant sur une production toujours en hausse. Les profits nets de Vale au 3e trimestre atteignent 4,82 milliards de dollars soit une hausse de 64% par rapport au 3e trimestre 2007, mais en repli de 3,8% par rapport à ceux du trimestre précédent. Ils sont sensiblement supérieurs aux prévisions du broker brésilien Brascan qui tablait sur une forte baisse. Par contre son chiffre d'affaires record, 12,1 milliards de dollars, affiche des progressions de 49,2% sur celui du 3e trimestre 2007 et de 11,2% sur le 2e de 2008. L'ebitda du groupe, 6,37 milliards de dollars, augmente de 29,3% par rapport à 2007 et de 2,5% par rapport au 2e trimestre 2008. Pour les 9 premiers mois de l'année il atteint 16,3 milliards de dollars, contre 12,2 milliards lors de la période équivalente de 2007.
Les bons résultats financiers de Vale s'appuient sur une nouvelle hausse de la production du brésilien, qui atteint des niveaux record pour 8 minerais et métaux : minerai de fer, boulettes, nickel, bauxite, alumine, aluminium, cobalt et charbon thermique. La production de nickel au 3e trimestre a bondi de 31,5% par rapport à l'année précédente à 72 400 tonne mais la chute des cours a entrainé une chute de 31% de ses ventes à 1,36 milliard.
Les métaux ferreux ont représenté 67% des ventes de Vale au 3e trimestre, les non-ferreux 26,8% et la logistique 3,9%. Les productions de minerai de fer et de boulettes ont augmenté de respectivement 7,1% à 85,9 millions de tonnes (Mt) et 12,3% à 12,2 Mt. Profitant d'une hausse des prix comprise entre 65 et 71%, ce secteur a contribué pour 3 milliards de dollars au chiffre d'affaires du groupe. Dans la filière aluminium la production de bauxite a bondi de 27,3% à 3,2 Mt grâce à la mise en activité de la 2e phase de la mine de Paragominas. Les productions d'alumine et d'aluminium ont progressé de 16,5% à 1,31 Mt et de 1,2% à 140 000 tonnes. Le chiffre d'affaires du secteur progresse de 677 millions à 889 millions de dollars.
La
Chine demeure le premier client de Vale, représentant 20,1% de ses ventes (31,3% pour le minerai de fer), suivie du
Brésil (18,9%), du
Japon (10,9%), de l'
Allemagne (7,3%) et des
Etats-Unis (5,4%). Les résultats du groupe ont été favorablement impactés par l'une des conséquences de la crise financière, le rebond du dollar. La baisse du réal qui a perdu 13% de sa valeur vis-à-vis du billet vert, a ajouté 51 millions de dollars à son ebitda estime le mineur brésilien.
Les coûts globaux de production de Vale ont continué d'augmenter pour atteindre 5,12 milliards de dollars, en hausse de 1,13 milliards, dont 681 millions en raison de l'augmentation des prix des intrants. Les prix des produits énergétiques ont en particulier augmenté de plus de 40% à 887 millions de dollars. Les salaires, qui représentent 10,9% des coûts globaux à 559 millions de dollars, ont augmenté de 46 millions suite à des augmentations annuelles de 7%.
Des perspectives favorables à long terme
« La combinaison des deux chocs provoqués par la crise des marchés financiers et l'augmentation des prix de l'alimentation et de l'énergie a causé une décélération de l'activité économique globale, alors que la croissance dans les économies ralentit et que l'expansion dans les pays émergents a perdu son dynamisme, affaiblissant la demande de minerai et de métaux », constate Vale lors de la publication de ses résultats. Malgré les plans de sauvegarde les marchés financiers devraient rester sous pression et l'économie globale continuer sa décélération. Vale table cependant sur un rebond au 2e semestre 2009 et une reprise de la croissance en 2010.
Malgré la baisse de ses exportations la Chine, qui met en action un plan contra-cyclique, ne devrait connaitre qu'une légère baisse de sa croissance. Surtout, ses immenses besoins en infrastructures devraient continuer de tirer sa demande en métaux et minerai, estime Vale. Le brésilien, qui dispose de vaste gisements aisément exploitables, compte sur la crise financière qui a fragilisé ses concurrents chinois coincés entre des prix qui chutent et la hausse de leurs coûts de production pour améliorer ses positions. De plus, insiste Kevin Norrish de Barclays Capital, développer ses capacités métallurgique et minières équivaut pour la Chine à importer de la pollution et exporter de l'énergie, une politique insoutenable pour les autorités.
Il y a une semaine Vale annonçait un programme d'investissements de 14,2 milliards de dollars pour 2009, en hausse de 29% par rapport au précédent. Toutefois, notent des analystes brésiliens, rien n'oblige le mineur, qui n'a pas l'habitude de dépenser la totalité de ses budgets d'investissement, à réaliser l'ensemble de son programme.
Daniel Krajka