Vaccin de Moderna Therapeutics : le détail des résultats intermédiaires positifs annoncés
Moderna Therapeutics a dévoilé le 18 mai des premiers résultats concernant le développement de son vaccin innovant contre le Covid-19 utilisant une technologie à base d’ARN messager. Qualifiés de « positifs », ces résultats ne sont toutefois pas quantifiés et ne concernent qu’une partie des patients vaccinés. Ils permettent néanmoins d’ajuster les doses à tester lors des prochaines phases de l’essai clinique en cours.
Moderna Therapeutics a dévoilé le 18 mai des premiers résultats qualifiés de « positifs » concernant son essai clinique de phase I portant sur son vaccin mRNA-1273. Basé sur une technologie utilisant de l'ARN messager, encore jamais autorisée sur l'humain, celui-ci est destiné à prévenir l’infection par le coronavirus SARS-CoV-2, responsable du Covid-19. Annoncés par voie de communiqué de presse, ces résultats préliminaires ne révèlent toutefois aucune donnée chiffrée et portent sur une partie des patients inclus dans cette phase I.
Premier essai clinique de phase I
Lancé le 16 mars dernier aux Etats-Unis et conduit par l’Institut américain de la santé (NIH), cet essai clinique est le premier à être entré en phase I dans la course au vaccin contre le Covid-19. Destinée à évaluer les aspects liés à la sécurité, cette phase I porte sur 105 personnes.
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Dans un premier temps, 45 volontaires sains âgés de 18 à 55 ans ont été répartis dans trois cohortes de 15 personnes. Chaque cohorte a reçu deux doses de vaccin, la seconde 29 jours après la première. Les doses sont de 25 microgrammes (µg) pour la première cohorte, 100 µg pour la deuxième, 250 µg pour la troisième. Le 16 avril, l’entreprise américaine a annoncé que la phase I serait étendue à des personnes plus âgées dans six autres cohortes de 10 personnes : trois avec des personnes âgées de 56 à 70 ans, et trois autres de plus de 71 ans.
Résultats sur quelques participants
Les résultats intermédiaires annoncés ce 18 mai portent sur une partie des cohortes de l’essai initial qui regroupent les 45 personnes âgées de 18 à 55 ans. L’entreprise indique que les données d’immunogénicité sont disponibles après les deux injections pour les cohortes à 25 µg et 100 µg. En revanche, pour la troisième cohorte (250 µg), seuls les résultats après une injection sont disponibles.
Pour les trois cohortes, « une augmentation de l’immunogénicité en fonction de la dose » aurait été observée avec une présence d’anticorps 15 jours après la première injection. Chez les patients de la cohorte à 25 µg, deux semaines après la deuxième injection, « les niveaux d’anticorps liants étaient égaux à ceux des personnes ayant été infectées par le Covid-19 », indique Moderna. Les anticorps liants s'accrochent au virus sans forcément bloquer l'infection virale. Pour 10 des patients de la cohorte à 100 µg, ces niveaux étaient « significativement supérieurs » à ceux des personnes ayant été infectées. Les résultats pour les cinq personnes restantes de cette cohorte « ne sont pas encore disponibles », indique le communiqué.
Toutefois, l’entreprise ne précise pas quels sont les niveaux d'anticorps liants de référence considérés pour des personnes ayant contracté le Covid-19, ni leur origine. Or ces données sont importantes dans la mesure où la réponse immunitaire peut varier d'un patient à l'autre.
Comparaison avec des souris exposées au virus
Concernant la production d’anticorps neutralisants - capables de bloquer l'infection virale -, les données portent sur huit personnes : les quatre premiers patients des cohortes à 25 µg et 100 µg. « De manière cohérente avec les données concernant les anticorps liants, la vaccination par le mRNA-1273 a induit une production d’anticorps neutralisants chez ces huit patients, indique Moderna. Les niveaux d’anticorps neutralisants au 43ème jour [ndlr : deux semaines après la deuxième injection] sont supérieurs ou égaux à ceux généralement observés chez les personnes convalescentes. » L’entreprise ne précise toujours pas quels sont ces niveaux de référence.
Les taux d’anticorps neutralisants mesurés chez les huit patients des cohortes à 25 µg et 100 µg sont « cohérents » avec ceux mesurés chez des souris immunisées. Ces résultats précliniques sur des souris sont issus de tests effectués par le National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID) sur des animaux vaccinés par le mRNA-1273 puis exposés au virus. « Dans cette étude, la vaccination par le mRNA-1273 a empêché la réplication du virus dans les poumons des animaux mis en contact avec le SARS-CoV-2 », indique Moderna.
Ajustement des doses
Concernant les effets indésirables, des rougeurs sont apparues autour du site d’injection chez un patient de la cohorte à 100 µg. Dans la cohorte à 250 µg, trois personnes ont eu des « symptômes systémiques de grade 3 », c’est-à-dire de la fièvre, des maux de tête et des courbatures. L’entreprise indique que tous les effets indésirables ont disparu d’eux-mêmes.
Suite à ces résultats intermédiaires, les phases I et II sont amendées. Pour la phase I, une cohorte recevant deux doses de 50 µg de vaccin est ajoutée dans chacune des tranches d’âge. La phase II de l’essai clinique étudiera la vaccination à deux niveaux : 50 µg et 100 µg (contre 50 µg et 250 µg prévus initialement). Celle-ci est sur le point de démarrer sur 600 participants répartis dans deux tranches d’âge : ceux âgés de 18 à 55 ans, et ceux de plus de 55 ans. « Moderna prévoit que la dose pour la phase III de l’essai sera comprise entre 25 µg et 100 µg », indique le communiqué. Le début de cette phase est espéré en juillet 2020.
Une technologie qui doit faire ses preuves
Tout comme les vaccins à ADN, les vaccins à ARN messager (ARNm) - comme le mRNA-1273 - font partie des vaccins à base d’acides nucléiques, jamais autorisés chez l’humain. Face au besoin de développer un vaccin en urgence contre l’infection par le virus SARS-CoV-2, le moment est opportun pour ces technologies de montrer leurs atouts par rapport aux stratégies traditionnelles de vaccination.
Leur principal point fort : la réactivité, avec des méthodes de développement et de fabrication plus simples et plus courtes par rapport aux vaccins plus traditionnels. Une fois le génome du virus connu, quelques semaines suffisent pour obtenir un candidat vaccin. Une incertitude demeure : leur capacité à induire une réponse immunitaire suffisante. Mené tambour battant, l’essai clinique de Moderna permettra peut-être de lever le doute.
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