Vaccin anti Covid-19 : « La seconde dose permet d’atteindre l'efficacité maximale », pointe le chercheur Bruno Pitard
Face à l'approvisionnement limité en vaccins, plusieurs pays d'Europe, dont la France, ont décidé de sortir si nécessaire des schémas d'administration validés par les essais cliniques pour vacciner le plus de monde au plus vite. Et ce alors que le recul sur ces vaccins dits « de troisième génération » est limité. Bruno Pitard, directeur de recherche CNRS au Centre de cancérologie et d’immunologie de Nantes-Angers (CRCINA), qui travaille depuis plus de vingt ans sur les vaccins à acides nucléides, livre ses éclairages à Industrie & Technologies.
Industrie & Technologies : Le ministre de la Santé Olivier Véran a affirmé, jeudi 7 janvier, qu'il était possible de différer la deuxième injection du vaccin Pfizer-BioNTech jusqu'à 42 jours après la première piqûre au lieu des 21 jours prévus. La France a ainsi rejoint la stratégie adoptée par le Royaume-Uni, qui autorise le report jusqu’à 12 semaines après la première dose. Quelle est la fonction principale de cette seconde dose ?
Bruno Pitard : Les systèmes de vaccination à acides nucléiques, dont font partie les vaccins de Pfizer-BioNTech et de Moderna, reposent sur des stratégies « prime-boost » : la première injection à Jour-0 permet de stimuler le système immunitaire (« primer »). La seconde dose à J-21 ou J-28 sert à amplifier la stimulation (« booster ») et donc à augmenter les concentrations d’anticorps.
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Nous avons démontré, dans le cadre d’expérimentations de laboratoire effectuées sur les animaux, que la seconde dose permet au système d’atteindre son efficacité maximale. L’essai clinique de phase III de Pfizer et BioNTech corrobore ces résultats, puisque le degré de protection atteint 52,4 % après une dose et monte jusqu’à 95 % après le rappel à J+21.
Nous savons néanmoins que la protéine S du SARS-CoV-2 – celle qui est codée par le vaccin Pfizer-BioNTech – est un excellent immunogène : elle stimule très fortement le système immunitaire, ce qui est bon signe. Même si rien n’est encore démontré, il y a donc des chances pour que le boost puisse déclencher l'augmentation des concentrations d'anticorps recherchée même s’il est injecté au-delà des 21 jours prévus.
La perte d’efficacité est-elle le seul risque associé à ce report ?
Différer l’injection de la seconde dose risque aussi de diminuer la durée de protection. Dans le cadre des vaccins à acides nucléiques, le boost permet très souvent d’induire une immunité de mémoire et de la renforcer. Il y a certes plus de 50 % d’efficacité après la première injection, mais combien de temps dure cette efficacité ? La durée d’immunité est une autre inconnue.
En plus d’un report de trois mois entre les deux doses, il est possible, au Royaume-Uni, de combiner deux vaccins anti-Covid différents, en cas de pénurie ou si le premier vaccin administré est inconnu. Que pensez de cette prise de liberté ?
Combiner deux technologies différentes est une stratégie vaccinale bien connue, qui porte le nom d’« heterologous prime-boost ». Elle est notamment autorisée dans le cadre du protocole de vaccination contre Ebola, où la première injection est un adénovirus, alors que le boost est un virus de la vaccine. Qu'importe la technologie, tant que l’antigène exprimé est le même.
Or, l’objectif des trois vaccins autorisés au Royaume-Uni (ceux de Pfizer-BioNTech, AstraZeneca et Moderna) est identique : coder la protéine S du SARS-CoV-2, pour la présenter au système immunitaire. Que vous la fassiez exprimer par un ARNm ou par l’ADN d’un adénovirus, cela importe peu.
Si le vaccin de Sanofi était disponible, nous aurions également pu faire un rappel avec la protéine S. Cette décision britannique repose sur l’extrapolation de données scientifiques, ainsi qu’un recul pratique.
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