USA: Net recul des créations d'emploi mais les salaires accélèrent
Avec
\ 15h01
Avec
WASHINGTON (Reuters) - Les créations d'emploi aux Etats-Unis ont été en mars les plus faibles depuis six mois mais l'accélération de la hausse du salaire horaire va dans le sens d'un resserrement continu du marché du travail susceptible d'inciter la Réserve fédérale à poursuivre le relèvement de ses taux d'intérêt cette année.
L'économie américaine a créé le mois dernier 103.000 emplois non-agricoles, les secteurs de la construction et de la distribution en ayant même détruit, a annoncé vendredi le département du Travail. Il s'agit du nombre le plus faible publié depuis septembre.
La statistique de février a en revanche été révisée en hausse de 13.000 à 326.000.
Le mois de février avait été marqué par une météo clémente à même de favoriser l'activité économique, en particulier dans la construction, mais les températures sont retombées en mars à leur niveau saisonnier.
La croissance de l'emploi devient aussi mécaniquement plus difficile dès lors que le marché du travail est proche du plein-emploi, avec un taux de chômage stable à 4,1% pour un sixième mois consécutif.
Les créations d'emploi du mois de mars ont été inférieures à la moyenne des trois mois précédents (202.000) et proches du seuil de 100.000 en-dessous duquel elles ne permettent pas d'absorber la croissance de la population active.
Une mesure plus large du taux de chômage, qui prend en compte les personnes souhaitant travailler mais ayant renoncé à chercher un emploi et celles à temps partiel qui souhaiteraient travailler à temps plein, a baissé de deux dixièmes de point à 8,0% le mois dernier.
L'ACCÉLÉRATION DES SALAIRES DEVRAIT SE POURSUIVRE
La croissance des salaires a légèrement accéléré en mars, avec un salaire horaire moyen en hausse de huit cents, soit 0,3% sur un mois, après un gain de 0,1% le mois précédent. Cette progression porte à 2,7% la croissance du salaire horaire moyen sur un an, soit 0,1 point de plus qu'en février.
"La Fed va surtout regarder la hausse du salaire horaire moyen", estime Paul Ashworth, économiste pour les Etats-Unis chez Capital Economics. "Dans l'ensemble, si l'on met de côté la volatilité, la croissance de l'emploi est sur une tendance haussière et la croissance des salaires commence à s'intensifier."
Les économistes estiment qu'une croissance annuelle des salaires d'au moins 3% est indispensable pour faire converger l'inflation vers l'objectif de 2% de la Fed.
Le marché table sur une accélération de la croissance des salaires au second semestre, ce qui permettrait à la banque centrale américaine de poursuivre sa politique de resserrement monétaire. La Fed a relevé ses taux le mois dernier et elle anticipe deux hausses supplémentaires d'ici la fin de l'année.
Le dollar a creusé ses pertes après la publication de ce rapport, l'euro repassant au-dessus de 1,2250 dollar, le rendement à 10 ans des emprunts d'Etat américains est retombé vers 2,79%, contre près de 2,82% juste avant l'annonce des chiffres du département du Travail, et Wall Street a ouvert en baisse.
Les marchés réagissent néanmoins surtout aux développements incessants de l'affrontement commercial entre les Etats-Unis et la Chine.
LE BTP À LA PEINE
Les licenciements étant à des niveaux historiquement bas, le ralentissement marqué des créations d'emploi devrait être temporaire, d'autant que la progression des salaires devrait soutenir les dépenses de consommation puis la croissance du produit intérieur brut (PIB), même si cette dernière s'est certainement tassée au premier trimestre.
Les estimations sur la croissance du PIB américain au premier trimestre, période où elle est traditionnellement plus faible, sont pour la plupart inférieures à 2% en rythme annualisé.
La proportion d'Américains en âge de travailler qui occupent effectivement un emploi ou en recherchent un a reculé d'un dixième de point à 62,9% en mars après avoir atteint un pic de cinq mois à 63,0% en février.
Le retour du froid et la pénurie de main d'oeuvre qualifiée ont affecté les embauches dans le BTP en mars. Les effectifs du secteur ont reculé de 15.000, la première baisse depuis juillet 2017, après un gain de 65.000 en février.
La distribution a pour sa part perdu 4.400 postes après en avoir gagné 47.300 en février. L'hôtellerie et les loisirs ont en revanche créé 5.000 emplois mais il s'agit du rythme le plus faible depuis septembre. L'emploi manufacturier a augmenté de 22.000 le mois dernier et la fonction publique a gagné 1.000 postes.
(Bertrand Boucey et Claude Chendjou pour le service français, avec Marc Angrand)