United Tech rachète Rockwell pour 30 milliards de dollars
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NEW YORK (Reuters) - Le conglomérat industriel américain United Technologies, maison mère du motoriste Pratt & Whitney, a conclu un accord prévoyant de racheter Rockwell Collins pour un montant de 30 milliards de dollars (25,2 milliards d'euros), ont annoncé lundi les deux groupes.
Avec ce rachat, United Technologies devient l'un des plus grands fabricants mondiaux de pièces pour l'aéronautique civile et militaire.
Le groupe de Farmington (Connecticut) versera 140 dollars par action Rockwell Collins, dont 93,33 dollars en cash et 46,67 dollars en action.
Ce prix d'achat représente une prime de 17,6% par rapport au cours de Rockwell Collins avant le 4 août (119 dollars), date à laquelle les premières rumeurs de fusion ont circulé.
Le titre du groupe de Cedar Rapids (Iowa) a clôturé à 130,61 dollars vendredi à Wall Street. La Bourse new-yorkaise était fermée lundi pour cause de Labor Day.
Le prix d'acquisition valorise au total Rockwell Collins à 30 milliards de dollars, dette comprise, soit 7 milliards de dettes et une valeur d'entreprise de 23 milliards de dollars.
L'accord prévoit que Rockwell Collins, spécialisé dans l'avionique et les intérieurs pour cabines, et le pôle aéronautique d'United Tech, qui inclut notamment moteurs d'avions, cockpits, systèmes de ventilation et tous les appareils mécaniques utilisés dans l'aviation, donneront naissance à une entité baptisée Collins Aerospace Systems.
"Cette acquisition apporte d'énormes capacités supplémentaires à nos activités aéronautiques et renforce notre offre complémentaire de systèmes aéronautiques technologiquement avancés", a commenté le PDG d'UTC, Greg Hayes, dans un communiqué.
"Ensemble, Rockwell Collins et UTC Aerospace Systems apporteront une nouvelle valeur à la clientèle dans un secteur aéronautique en rapide évolution en fabriquant des aéronefs plus intelligents et plus connectés", a-t-il ajouté.
FOURNISSEURS CONTRE AVIONNEURS
La création de ce nouveau géant parmi les fournisseurs de pièces aéronautiques survient à un moment où Boeing et Airbus s'emploient à capturer une part plus importante des bénéfices réalisés par leurs fournisseurs.
Les deux avionneurs incitent ces derniers à baisser leurs prix et cherchent à se placer sur le créneau à forte marge des pièces de rechange.
En juillet dernier, Boeing a ainsi annoncé la création de son propre département d'avionique.
Si les avionneurs "prennent une part plus importante du marché des pièces de rechange, nous devrons réfléchir à la façon dont nous fixons nos prix", constatait Greg Hayes en juillet.
En élargissant sa gamme de produits, United Technologies devrait toutefois se doter d'arguments pour résister à de telles pressions.
Les moteurs Pratt & Whitney du conglomérat sont utilisés par Airbus, Bombardier, Embraer et d'autres avionneurs. Le groupe fabrique également les moteurs de l'avion de combat F-35 Joint Strike Fighter de Lockheed Martin.
UTC et Rockwell Collins ont négocié leur accord pendant un mois. Leur chiffre d'affaires cumulé dépassera les 62 milliards de dollars (52,1 milliards d'euros). A titre de comparaison, celui de Boeing atteint 95 milliards de dollars.
United Technologies prévoit de boucler l'acquisition au troisième trimestre 2018. Le conglomérat, dont la valorisation boursière s'élève à 94,2 milliards de dollars, possède également les ascenseurs Otis et les climatiseurs Carrier.
Rockwell Collins est valorisé sur le marché à 21,2 milliards de dollars.
La semaine dernière, Airbus a dit espérer que le projet de fusion ne détournerait pas UTC de ses priorités opérationnelles.
La filiale moteurs d'United Technologies, Pratt & Whitney, a eu des problèmes avec la chaîne logistique de son nouveau moteur Geared Turbofan qui a entraîné des retards pour le nouvel A320 neo d'Airbus.
(Jean-Stéphane Brosse pour le service français)