"Une union avec Doux fera baisser les coûts de production sur l’export", affirme le PDG de Tilly-Sabco
L’arrêt des aides à l’exportation de volailles décidée en juillet par la Commission européenne a plongé Tilly-Sabco et ses 300 salariés dans les difficultés et un avenir très incertain. Pour Daniel Sauvaget, le PDG de l’entreprise bretonne Tilly-Sabco, basée à Guerlesquin (Finistère), il est urgent que la filière export s’unisse si elle veut perdurer. Il répond aux questions de L’Usine Nouvelle sur la situation de son entreprise.
L’Usine nouvelle - Votre entreprise est tributaire pour plus de 80 % des aides à l’exportation, qui ont été interrompues en juillet par la Commission européenne. Comment votre entreprise tient-elle aujourd’hui ?
Daniel Sauvaget - Nous avons réduit de 40 % notre activité à la rentrée. Nous avons dû supprimer nos emplois d’intérimaires et les CDD. Ajouté à l’arrêt des restitutions, les cours mondiaux ont chuté de 30 % entre janvier et aujourd’hui. Nous sommes à 1 300 euros la tonne, contre 1 900 euros en début d’année. Conséquence de tout cela, le Brésil prend actuellement les marchés que nous sommes contraints d’abandonner sur le Moyen-Orient. Mais je reste déterminé à sortir de l’ornière. Il y a eu longtemps un déni de réalité des pouvoirs publics sur la filière export.
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Quelles solutions envisagez-vous ? Une alliance avec Doux sur le grand export vous permettrait-elle d’être plus compétitifs ?
Nous ne pouvons pas rester à attendre un possible retour des restitutions ou une aide d’urgence. Il nous faut donner des gages à l’Union européenne, pour montrer que les entreprises du grand export s’organisent et font des efforts pour réduire leurs coûts sans attendre des subventions. Cela fait des semaines que je discute avec la direction du groupe Doux. Une union avec eux sur le grand export permettrait à la filière de réduire ses coûts, en massifiant sa production et de réduire le différentiel de compétitivité avec le Brésil. Mais tant qu’ils sont en redressement judiciaire, ils sont un peu frileux sur un projet d'union. En attendant, nous continuons à perdre de l’argent.
Vous développez également une gamme de saucisses surgelées pour l’export. Etes-vous rentables sur cette nouvelle activité ?
Nous venons d’investir 4 millions d’euros dans un atelier ultra-moderne. Oui, nous sommes compétitifs et non tributaires des aides à l’export sur cette activité, que l’entreprise développe progressivement depuis 1993. En 2012, cette production représentait 7 % de notre chiffre d’affaires. En 2013, elle devrait représenter 10 %, soit 9 000 tonnes. Cette activité absorbe 22 % des frais fixes de Tilly-Sabco et emploie 45 personnes sur les 300 que nous avons actuellement. Mais cela ne sera pas suffisant pour amortir les pertes que nous rencontrons sur les volailles entières surgelées sur le grand export.
Vous saviez que les restitutions prendraient fin tôt ou tard quand vous avez repris l’entreprise en 2008. Vous êtes-vous suffisamment préparés ?
Les circonstances de l’arrêt des aides à l’exportation en juillet ont été brutales, sans préavis ni concertation. En juin 2011, nous avions rencontré, avec Charles Doux, des représentants de la Commission européenne qui nous avait assurés qu’il était hors de questions d’arrêter les restitutions immédiatement. Nous avions eu des engagements comme quoi elles perdureraient jusqu’en 2020, avec un système dégressif, le temps que les coûts de production du Brésil rattrapent ceux de la filière française. Nous avons été très surpris par ce changement d’avis brusque.
Propos recueillis par Adrien Cahuzac
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