Une centrale solaire, nouvelle étape pour la reconversion de l’ex-raffinerie Total à La Mède
Après la plate-forme logistique et le centre de formation Oleum Sud, la centrale solaire entre en service sur le site de l’ex-raffinerie Total à La Mède. Le chantier de la bioraffinerie s’active dans un contexte marqué par des questionnements sur ses sources futures d’approvisionnement.
Opérationnelle sur douze hectares et équipée de 17 000 cellules SunPower, filiale de Total, et de 192 traqueurs, la centrale solaire d’une capacité de 8 MW a commencé à produire sur le site de Total à La Mède (Bouches-du-Rhône). Le projet s’inscrit dans le cadre de la reconversion en bioraffinerie de l’ex-raffinerie, arrêtée fin 2016, afin de produire 500 000 tonnes par an de biodiesel (HVO).
Elle complète une transformation qui a déjà vu la mise en service, en avril 2017, d’un dépôt pétrolier pour stocker jusqu’à 1,3 million de mètres cubes par an pour les clients et stations-service du grand Sud, et, en octobre 2017, du centre de formation Oleum Sud, appelé à former chaque année 2 500 stagiaires sur installations réelles et sur des projets digitaux en milieu industriel. L’année 2017 a été consacrée au démantèlement d’unités afin de préparer la place à celles de la future bioraffinerie.
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Nouvelles unités
Le chantier monte en puissance en ce début 2018 (l’unité de prétraitement est bâtie, l’unité d’huiles végétales hydrotraitées – HVO – va l’être) ainsi que la réalisation de l’unité de production de l’additif AdBlue (50 000 m3 par an) dont l’ouverture est envisagée pour mai 2018. L’ensemble représente un investissement total de 275 millions d’euros, plus élevé qu’initialement annoncé. Pour le directeur du site, François Bourrasse, "cette hausse s’explique par l’intégration de nouvelles technologies et l’utilisation de matières plus nobles pour la bioraffinerie. Grâce à ce projet, nous maintiendrons 250 emplois sur les 430 de 2015. L’adaptation des effectifs se poursuivra jusqu’en 2022, sans licenciement. Soixante-dix départs en pré-retraite ont été actés ainsi que des mobilités au sein du groupe pour une trentaine de personnes, des transferts vers Naphtachimie et PetroIneos pour une quarantaine. Des salariés ont fait part aussi de leur volonté de mener des projets personnels. Rien ne s’opère sous la contrainte". Le calendrier ayant dérapé, les salariés autrefois affectés à la raffinerie sont mobilisés sur d’autres missions (prévention sécurité, supervision…) ou formés aux nouveaux métiers du bioraffinage.
Préoccupations locales
Compte tenu des inquiétudes que cette reconversion engendre dans son réseau de sous-traitants, Total dit avoir veillé aux répercussions locales des marchés attribués. "A coût compétitif égal, nous avons maximisé notre sourcing en France. 70 % des travaux ont été confiés à des entreprises de Provence-Alpes-Côte d’Azur et Rhône-Alpes, assure le directeur du projet de la bioraffinerie, Francis Parmentier. Nous avons près de nous les sièges d’Ateliers de Fos et Ortec, d’autres ont commencé ici comme Ponticelli, mais aussi des savoir-faire de PME telles que CMP à Arles à laquelle nous avons confié la chaudronnerie de cinq équipements majeurs. Ces choix génèrent du business pour le tissu industriel régional, contribuent au maintien de compétences de proximité et à l’emploi puisque c’est l’équivalent de 700 postes à temps plein sur deux ans."
Du côté de Port de Marseille, la présidente du directoire, Christine Cabau-Woehrel, a fait les comptes. Elle estime que "sur 2017, l’arrêt des importations de pétrole brut par la raffinerie de La Mède a provoqué une perte de trafic de 2,7 millions de tonnes pour le port. Cette baisse, nous nous y étions préparés et nos diversifications ont permis de la compenser. La future bioraffinerie dégagera un peu de trafic supplémentaire, mais sans comparaison avec les volumes de brut importé auparavant par Total".
Questions sur les matières premières
Si la direction du site reste fidèle aux orientations affichées au printemps 2015, le projet suscite des interrogations sur la provenance des huiles végétales qui approvisionneront la bioraffinerie. Les associations environnementales s’inquiètent que ses besoins annuels accélèrent la déforestation de pays asiatiques fournisseurs d’huile de palme. "L’unité pourra traiter 60 à 70 % d’huiles végétales certifiées durables, colza, soja, tournesol, palme, de nouvelles plantes type carinata, avec un plan de charge flexible selon les volumes disponibles, les prix, la qualité du produit ou les obligations réglementaires. Nous planchons sur celui de 2018", détaille François Bourrasse, en précisant que le design de la bioraffinerie permettra de traiter également 30 à 40 % d’huiles alimentaires usagées ou résiduelles.
Un partenariat conclu avec Suez doit structurer la filière de collecte des huiles alimentaires recyclées sur la base de 20 000 tonnes par an d’abord, 100 000 à terme (avec l’apport d’huiles résiduelles de l’industrie papetière par exemple).
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