PARIS (Reuters) - La possible création par le français Engie et l'allemand RWE d'un géant de l'énergie pourrait esquisser la feuille de route industrielle d'Emmanuel Macron et illustrer sa volonté d'approfondir l'Europe par des actions rapides et concrètes tout en dotant la France de compétences supplémentaires dans les énergies renouvelables.
Dépêché par
\ 19:04
Mis à jour 22 Mai 2017
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Engie et RWE étudient le scénario d'une alliance franco-allemande dans le domaine de l'énergie. Une telle alliance, susceptible de séduire l'aile droite du gouvernement d'Emmanuel Macron, permettrait en outre de doter l'ancien Gaz de France de compétences supplémentaires dans les énergies renouvelables, que la France s'est engagée à développer.
Selon des sources proches du dossier, l'un des schémas envisagés verrait Engie prendre une participation dans Innogy, filiale spécialisée dans la gestion des réseaux et les renouvelables de RWE, ce dernier devenant en retour actionnaire d'Engie. L'opération entraînerait une dilution de la part de l'Etat, qui possède actuellement 28,65% du groupe français.
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Discutée avant la présidentielle, ce rapprochement donnerait naissance à un "Airbus de l'énergie", un géant franco-allemand que les dirigeants français ont longtemps appelé de leurs voeux, en particulier le précédent chef de l'Etat, François Hollande. "On s'oriente certainement vers une ère de coopération renforcée entre la France et l'Allemagne. Cela me paraît un bon point", souligne un spécialiste de ce genre de dossiers.
Plusieurs opérations de ce type ont eu lieu pendant le quinquennat de François Hollande, dont Emmanuel Macron fut le conseiller puis le ministre de l'Economie, notamment la fusion en 2015 entre le français Nexter et l'allemand Krauss-Maffei Wegmann (KMW) dans l'industrie de l'armement.
Le rachat en cours du constructeur automobile allemand Opel par PSA illustre également ce mouvement.
Tentant mais pas sans risque
Une alliance entre Engie et RWE illustrerait la volonté affirmée par Emmanuel Macron et la chancelière Angela Merkel d'obtenir des résultats rapides et concrets dans la relation bilatérale, l'Union européenne et la zone euro.
Elle refléterait en outre la volonté du nouveau président d'avoir une gestion plus dynamique des participations de l'Etat. Interrogé par Reuters pendant la campagne, l'entourage d'Emmanuel Macron avait répondu que "dans certaines entreprises, la présence de l'Etat au capital est indispensable car elles sont des biens communs, le bras armé de nos politiques publiques voire de notre souveraineté, par exemple le nucléaire".
"Dans d'autres entreprises, nous avons des participations pour lesquelles la présence de l'Etat au capital n'est en réalité pas toujours un outil indispensable de politique industrielle et de notre souveraineté", avait-on ajouté. Ce "patrimoine public (...) ne doit pas être figé mais géré de manière active et mis au service du renouvellement de nos capacités industrielles", déclarait-on.
Engie est fréquemment cité parmi les entreprises au capital duquel l'Etat pourrait s'alléger, en raison du manque d'influence des pouvoirs publics sur le groupe.
Si une opération avec RWE s'accompagnait d'une sortie, partielle ou totale, du capital, elle permettrait de réduire l'exposition du portefeuille de l'Etat au secteur de l'énergie qui traverse une crise profonde.
Outre Engie, l'Etat est actionnaire à 83% d'EDF et à près de 29% d'Areva et est présent chez TechnipFMC ou encore Vallourec.
Elle permettrait également de contribuer au fonds de 10 milliards d'euros pour l'innovation et l'industrie qu'Emmanuel Macron a annoncé pendant la campagne vouloir constituer en puisant dans le portefeuille des participations.
Une telle alliance ne serait toutefois pas sans risque pour Emmanuel Macron, avec la possibilité qu'elle soit perçue comme une perte de souveraineté dans l'ancien monopole Gaz de France. Ce risque dépendrait du niveau de RWE au capital du nouveau groupe et de celui des actionnaires français, au premier rang desquels l'Etat.
Le dossier entrerait nécessairement dans l'arène politique car il faudrait modifier la loi qui impose à l'Etat de détenir au moins un tiers d'Engie. L'Etat ne peut descendre sous 33% que pendant deux ans maximum.
Selon des banquiers d'affaires, cette contrainte ne constitue pas un obstacle insurmontable.
Il resterait néanmoins à convaincre les syndicats d'Engie que l'opération sera bénéfique pour les salariés ou accepter de croiser le fer avec eux.
Pour Reuters, Jean-Baptiste Vey et Matthieu Protard, édité par Jean-Michel Bélot
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