Un quart des PME de l'aéronautique sont en difficulté
Si le secteur aéronautique se porte bien dans l’ensemble, la situation est plus critique pour certaines PME. Des actions sont mises en œuvre pour les aider à grossir.
"Une locomotive pour l’industrie française". Ce sont les termes choisis jeudi 11 janvier par Eric Trappier, en tant que président du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas), pour qualifier l’aéronautique. Preuve de cette vitalité selon celui qui est aussi patron de Dassault Aviation, le secteur a procédé à 8000 embauches en 2017 (contre 10 000 personnes en 2016), pour un effectif de 187 000 salariés fin 2016. Mais derrière le niveau du carnet de commandes et de livraisons d’Airbus, le tableau semble plus nuancé, en particulier concernant les PME.
"Les entreprises qui ont pu se diversifier, en particulier dans le médical ou le militaire, ou participer à des opérations de consolidation abordent l’avenir sereinement", explique Bertrand Lucereau, président du comité Aéro-PME au sein du Gifas, qui estimé à 10% le nombre de PME dans ce cas de figure. "Si une bonne moitié des PME se portent bien, un quart se trouvent en difficulté", poursuit le dirigeant. Et de conclure : "c’est alarmant". Une préoccupation aiguë dans le secteur, où l’on considère que la rupture du plus petit maillon de la chaîne d’approvisionnement peut avoir des conséquences pour toute la filière.
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L'impact imprévu de l'acquisition de Zodiac par Safran
Comment expliquer ces inquiétudes quand l’aéronautique donne à voir une santé insolente par rapport à d’autres secteurs ? Si les programmes d’Airbus tels que l’A320 et l’A350 tirent les cadences de production vers le haut, la baisse de régime de l’A380 ainsi que l’atonie persistante des marchés des hélicoptères et de celui des avions d’affaires met en difficulté les entreprises les moins diversifiées.
Les exemples de sociétés tournées vers plusieurs marchés finaux tels que Daher, Lisi ou Ametra (ex groupe Deroure) font encore figure d'exception. Circonstance aggravante, les difficultés à recruter – pour des métiers tels que les soudeurs et les chaudronniers – demeurent une problématique quotidienne pour les petites et moyennes entreprises qui ne possèdent pas l’aura d’un Airbus ou d’un Safran.
A ces causes conjoncturelles, s’ajoute un phénomène inattendu : l’acquisition de Zodiac par Safran, en cours de finalisation, a selon lui des conséquences néfastes. "On observe aujourd’hui des regroupements de gros équipementiers, détaille en aparté de la conférence de presse Bertrand Lucereau. Ils présentent favorablement la mariée, nous avons donc des retards de paiements. Car plus il y a de cash dans l’entreprise, plus la mariée est belle. Aujourd’hui, c’est ce qui nous fait le plus de mal".
La Loi de Modernisation de l'Economie (LME) votée en 2008 prévoir pourtant une réduction des délais de paiement ? "La LME est en train de sauter en l’air en ce moment", assène Bertrand Lucereau, qui constate en outre un manque de cash généralisé au niveau des donneurs d’ordre ce qui, en bout de chaîne, pénalise les PME. A plus long terme, une autre inquiétude vient ternir l’horizon : le plateau de production des avions, anticipé par plusieurs observateurs du secteur aéronautique. Un scénario de stabilisation des volumes que confirme Bertrand Lucereau.
Renforcer la compétitivité des PME
Autant de raisons qui ont poussé la filière à mettre en œuvre des actions pour aider les PME à grandir et devenir, dans le meilleur des cas, des entreprises de taille intermédiaire (ETI). A ce titre, les responsables du Gifas ont rappelé le lancement en juin dernier de la deuxième phase du programme Performance industrielle, qui vise à renforcer la compétitivité des PME et des ETI. Une action à laquelle s’ajoute depuis septembre dernier la constitution de la première promotion du plan Ambition PME-ETI, avec l'appui de Bpifrance : le programme d'
"La première phase, celle du diagnostic, dure six mois, détaille Patrick Daher, président du Groupe des Equipements Aéronautiques et de Défense (GEAD) présent lors de la conférence du Gifas. Durant la phase suivante, celle du mentorat, chacun des 60 dirigeants sélectionné sera accompagné par un grand patron avec un vécu intéressant pour ses problématiques". Une deuxième promotion pourrait voir le jour en septembre prochain.
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